Wavre : le promoteur Matexi peut faire une croix sur son projet de nouvelle voirie
Fin du suspense: la hêtraie du bois de Beumont est sauvée. Le collège et les riverains ne veulent pas d’une nouvelle route pour desservir le lotissement du champ Sainte-Anne.
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Publié le 27-02-2023 à 21h05 - Mis à jour le 27-02-2023 à 21h06
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Les riverains et les promeneurs du bois de Beumont s’étaient fortement mobilisés à la fin de l’année dernière pour empêcher qu’une nouvelle route voie le jour. Cette route, censée servir de voirie d’accès vers le zoning Nord pour les habitations de la phase 2 du lotissement du champ Saint-Anne, devait traverser des prairies, une hêtraie, et longer le bois de Beumont, petit poumon vert situé face à l’Aventure Parc.
Les citoyens qui se sont manifestés au cours de l’enquête publique ont finalement obtenu gain de cause lors de la réunion de concertation organisée le 15 février dernier, avec le promoteur et la bourgmestre. À cette occasion, le collège a annoncé en effet qu’il s’alignait sur la position de ces citoyens opposés à l’aménagement de cette nouvelle route.
"Je confirme, nous dit la bourgmestre, Anne Masson. J’ai déclaré devant les riverains, lors de la réunion de concertation, que la Ville rendrait un avis défavorable à ce projet de route. Cela a été acté au procès-verbal de la réunion, et ce sera approuvé en collège, et acté au conseil communal prochainement."
Matexi veut-il vraiment cette route ?
Personne ne voudrait donc réellement de cette voirie ? Non, personne ! Et même pas, probablement, la société qui en a introduit la demande, c’est-à-dire le promoteur Matexi. Et pour cause: la construction de cette nouvelle voirie lui coûterait fort cher. "Le promoteur a-t-il vraiment intérêt à construire une route longue de 1,7 kilomètre qui va lui coûter très cher vu l’explosion des prix des matériaux ?", se demandait déjà l’échevin Paul Brasseur lorsque nous l’interrogions sur la question en octobre dernier.
"Ce projet de voirie est absurde, répète de son côté Sophie Visart, l’une des habitantes du quartier du Ry, qui menait la fronde contre la route. Les entrées et sorties de voitures auraient logiquement dû avoir lieu par l’avenue Henri Lepage. Mais ses habitants n’en voulaient pas."
Jouxtant les terrains de la phase 1 (déjà 200 habitations) du lotissement, ces habitants avaient multiplié les recours contre le projet Matexi, durant des années. Pour les calmer, et aboutir enfin à un début de construction, Matexi a signé une convention avec eux. Celle-ci stipule qu’une nouvelle route serait construite pour ne pas leur faire subir les inconvénients de la phase 2 du lotissement, en termes de trafic. Ceux de la phase 1 étant déjà assez nombreux. Grâce à cette promesse, Matexi avait pu fumer le calumet de la paix avec ses opposants et mettre en route les pelleteuses sur son gigantesque terrain. Pour rappel, les trois phases du lotissement du champ Sainte-Anne doivent aboutir à la construction de 630 logements, pour environ 1 000 nouveaux habitants.
Plus de 1 500 opposants lors de l’enquête publique
Mais revenons-en à la mobilisation citoyenne. Les opposants à la nouvelle voirie ont été très nombreux lors de l’enquête publique. Les pétitions ont récolté plus de 1 500 signatures, et 122 riverains ont envoyé une lettre de réclamation à la Ville.
"C’était beaucoup de monde, il a fallu choisir des représentants. Cinq représentants ont donc assisté à la réunion de concertation, reprend Sophie Visart. Un représentant du quartier du Ry et de la hêtraie, un autre pour le quartier du champ Sainte-Anne (avenue René Magritte), un représentant pour le quartier de la rue de Wavre, un représentant propriétaire foncier, et une représentante des propriétaires de chevaux qui occupent les prairies."
Parmi ces opposants, on trouve aussi des habitants de la phase 1, qui ont acheté leur maison rue Magritte, à Matexi: "Ces gens habitent une rue qui constitue l’unique accès à la chaussée de Bruxelles, ajoute Sophie Visart. Ils viennent d’acheter leur maison et ils commencent seulement à comprendre qu‘ils font partie d’un immense projet qui va leur causer bien du souci en termes de trafic. Certains n’ont pas imaginé qu’ils auraient autant de passage…"
"D’autres solutions doivent être trouvées"
"D’autres solutions que cette route doivent être trouvées, estime Anne Masson. Il est possible que Matexi décide d’introduire un recours contre cette décision. On verra. Mais on n’est absolument plus dans la même configuration qu’à l’époque où le permis a été délivré. On ne peut pas passer à travers champs et bois, sans causer de gros dégâts. Les enjeux environnementaux sont connus aujourd’hui. Le réchauffement climatique, on n’en parlait pas il y a vingt ans. Aujourd’hui, on ne peut pas ignorer cela !"
Au point de remettre en question la densité du projet du champ Saint-Anne ? La bourgmestre ne s’avance pas mais elle ajoute: "Je peux assurer que nous serons très attentifs au développement de la troisième phase du lotissement."