Les convois humanitaires vers l’Ukraine de Wispa (Wavre) : "Les sirènes qui résonnent au milieu de la nuit, cela vous glace le sang"
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Un an après, durant toute cette semaine, nous allons à la rencontre des Ukrainiens qui ont trouvé refuge en Brabant wallon mais aussi de leurs hébergeurs et de responsables de CPAS qui ont été en première ligne pour leur accueil. Ce jeudi, nous faisons le point avec la collecte de fonds et de biens pour l’Ukraine au travers de Wispa, une association sportive et philanthropique de la Police de Wavre qui est allée trois fois en Ukraine.
Publié le 23-02-2023 à 06h00
Dès les premiers pas meurtriers des Russes en Ukraine, la détresse de la population ukrainienne a suscité un élan de solidarité sans pareil. Des collectes de vivres non périssables, de médicaments, de couvertures et sacs de couchage, de produits d’hygiène… sont organisées aux quatre coins du Brabant wallon.
Du côté de Wavre, la solidarité s’organise aussi autour de Wispa (WorldWide indoor soccer police association), une association créée par la police de Wavre en 2000, qui organise un tournoi de football en salle rassemblant des équipes en provenance de 65 pays à travers le monde.
"Nous avons pris en charge une collecte de biens en faveur de l’Ukraine car nous avons des amis en Ukraine et en Russie aussi d’ailleurs, précise le commissaire Luc Borlon. D ’ailleurs, à côté du volet sportif dans Wispa, il y a aussi un volet sécurité au travers de l’organisation de congrès et un volet philanthropique avec la récolte de fonds qui nous permettent de venir en aide à des associations ou à des hôpitaux dans le cadre de soins portés à des enfants malades."
Ironie de l’histoire, en décembre 2021, soit quelques mois avant le début de la guerre, le tournoi s’était déroulé à Wavre et c’est une équipe… ukrainienne qui avait décroché le titre chez les dames.
La question de venir en aide à la population ukrainienne ne se pose pas dans le chef de Wispa. La mobilisation de tous est d’ailleurs toute naturelle au sein de la police de Wavre qui organise un souper et des activités pour récolter des fonds afin de payer le transport des différentes récoltes de biens
"On a bénéficié de la collaboration des écoles de Wavre, du CPAS, de la Ville, de la Province… et du Rotary Louvain-la-Neuve, de Piret Wavre et des transports Pierre de Grez-Doiceau pour le transport. C’est vraiment une opération solidaire menée par des personnes venues de tout bord."
Cinq camions et camionnettes

Côté matériel, ce sont finalement cinq camions et camionnettes qui, le 28 mars, prendront la direction de Siret à la frontière roumano-ukrainienne pour un périple de 4 100 km aller-retour.
"La société Oxycure de Fernelmont nous avait confié de l’équipement médical neuf d’un montant de 500 000 €, ajoute Luc Borlon. C’était donc très important que cela arrive dans de bonnes mains. Nous avions des amis des deux côtés de la frontière et du côté ukrainien, l’épouse de notre ami est directrice d’hôpital."
L’équipe qui assure le transport ne se limite pas à déposer le matériel des collectes à la frontière, il accompagne aussi les camions ukrainiens qui ont pris le matériel en charge jusque Tchernivsti, une ville ukrainienne qui se trouve à une quarantaine de kilomètres de la frontière avec la Roumanie.
"Le chef de corps de la police de Wavre, Bernard De Martelaere, était du voyage comme d’autres policiers et des civils. Tout le monde s’y est mis."

Ce premier périple sera suivi d’un deuxième en juillet dernier: "Là, j’y suis retourné tout seul avec des produits d’hygiène et de désinfection pour hôpitaux offerts par Oyycure Wavre pour un montant de 100 000 €. Et j’y suis encore retourné avec mon épouse pour y déposer un générateur d’électricité. C’était au mois de décembre. Il faut savoir qu’entre 16h et 23 h, ils n’ont pas d’électricité et je peux vous dire qu’il gelait dans certaines maisons."
Des échanges quotidiens avec les amis ukrainiens
Même si Tchernivski est préservé des scènes de guerre vu qu’elle se trouve à l’Ouest de l’Ukraine, Luc Borlon perçoit beaucoup de souffrance et de détresse sur les visages ukrainiens: "J’ai des échanges quotidiens avec nos amis ukrainiens à Tchernivsti mais aussi à Kiev et à Kharkiv. De mon côté, je n’ai pas été plus loin que Tchernivsti et même si la population ne se trouve pas au premier rang dans le contexte de la guerre, elle souffre énormément. Et personnellement, pour l’avoir vécu sur place, les sirènes qui résonnent au milieu de la nuit, cela vous glace le sang. C’est vraiment impressionnant."
D’autres voyages ne sont pas au programme dans les prochaines semaines: "Mais on garde le contact partout où nous avons des amis. Des amis qui apprécient grandement cette générosité."
Une générosité qui donne un peu de baume au cœur du peuple ukrainien face à tant de souffrance qu’il subit depuis un an aujourd’hui.