Basse-Wavre: la boulangerie Notre Dame a définitivement baissé son volet
La boulangerie Notre Dame, de Basse-Wavre, ferme définitivement ses portes. Pendant trois ans, le mauvais sort s’est acharné sur Kévin Vanneygen et son équipe.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3NTSLALSPBCMLKGWMHKTUU27NY.jpg)
Publié le 21-02-2023 à 20h30
:focal(544.5x417:554.5x407)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/V6G4LUJWABFQLDQYVGTB4BSSLE.jpg)
La faillite de la boulangerie de Basse-Wavre sera officielle ce jeudi 23 février. Devant son enseigne, alors que Kévin Vanneygen remonte son volet pour nous montrer sa boutique vide, un automobiliste s’arrête et lui fait un signe amical de la main. Peu après, un couple de pensionnés l’interpelle: "Alors, c’est vrai ? C’est vraiment fermé ? C’est dommage… Vous n’avez vraiment pas eu de chance…", concluent-ils en repartant bredouilles.
Pas de chance ? C’est un euphémisme. Kévin Vanneygen (34 ans) est devenu le patron de la boulangerie Notre Dame fin 2018. Il a connu une année faste en 2019, ensuite les catastrophes se sont enchaînées sans discontinuer: en mars 2020, arrive le Covid. Qui sera suivi des inondations en juillet 2021. Un mètre d’eau qui rendra les installations à l’arrière-boutique, la cave et l’atelier impraticables. À peine relevé de ces imprévus, le boulanger voit arriver le coup de massue. En 2022, c’est la flambée des prix de l’énergie. Les comptes virent au rouge, la clientèle composée d’étudiants mais aussi de personnes âgées, aux revenus modestes, regarde de plus en plus à la dépense.
Et en décembre 2022, la facture de régularisation tombe: 20 000 € à régler au fournisseur d’électricité. "Je n’ai pas compris ce qui me tombait dessus. J’avais un contrat fixe jusqu’à la mi-octobre 2022. Et malgré cela, ma facture a explosé. Mon acompte de 600 € s’est transformé en un acompte de 3 500 €. C’était presque multiplié par cinq. C’était surréaliste !"
Il doit rembourser ses primes Covid
Cerise sur le gâteau: Kévin Vanneygen vient d’apprendre qu’il allait devoir rembourser les primes de l’État qu’il a touchées pendant le Covid. "J’ai touché quatre fois 1 200 € à l’époque, ce qui fait 4 800 € et on m’en réclame 8 000 ! En plus, je paie déjà des impôts depuis le mois d’août sur ces primes. C’est vraiment dingue ! C’en est trop. Je vais aller en appel de cette décision."
Ce patron, papa de deux jeunes enfants, se réjouit d’une seule chose: que ce commerce ne soit pas une affaire de famille, comme c’est le cas de beaucoup de boulangeries. Il n’en a pas moins le cœur gros. "Pour mes fournisseurs que je n’ai pas su payer, pour mon personnel qui perd son travail, et puis parce que c’était mon bébé. Il y a eu beaucoup d’heures de travail, de complicité avec les collègues, et avec les clients."
Les élèves et les professeurs du collège Notre-Dame ont été les premiers déçus en apprenant la nouvelle par un courrier de l’école. "C’est moi qui ai demandé à la direction de communiquer vers les élèves, car ils représentaient 70% de notre clientèle en période scolaire, et je ne voulais pas que les enfants qui avaient leurs habitudes chez moi se retrouvent sans pique-nique du jour au lendemain."
"J’ai augmenté mes prix à trois reprises…"
Unanimement décrit comme très cordial avec sa clientèle et humain avec son personnel, le patron aura vainement tenté de maintenir son affaire à flot. Mais il fallait répercuter le coût des charges sur les prix de vente. Et la boulangerie Notre Dame a toujours eu une politique de prix bas. "J’ai augmenté mes prix à trois reprises. Il y a un moment où ce n’est plus un prix acceptable pour les clients. Le prix de la petite tarte est passé de 8 € à 15 €. On ne les vendait plus. Le petit gâteau crème au beurre moka est passé de 2,50 € à 4,20 €. On a produit des brownies, des cookies, des muffins… et moins de tartes. Ça se vendait mais ça n’a pas suffi. Je ne pouvais quand même pas vendre les sandwichs garnis 5 € à des gamins…"
La boulangerie employait sept personnes, dont deux étudiants. "Heureusement, j’ai appris que deux d’entre eux ont déjà retrouvé un emploi", se rassure Kévin. Lui-même a décroché un emploi de comptable salarié qu’il commencera dans quinze jours. "Je ne pense pas que je serai encore un jour un indépendant. Là, je suis fort dégoûté. J’ai surtout besoin de stabilité", sourit-il.
Ironie du sort: Kevin Vanneygen avait décroché son diplôme de comptable pas plus tard que l’année passée. Sujet de son travail de fin d’études: "Que faire pour survivre à la crise du Covid ?"