« Un centre-ville redynamisé découle d’un écosystème équilibré »
Ingrid Poncin est professeure à la Louvain School of Management. Elle a répondu à nos questions sur la redynamisation du centre de Wavre.
Publié le 30-09-2022 à 06h00 - Mis à jour le 30-09-2022 à 14h40
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Le centre-ville de Wavre, à l’instar de nombreux centres-villes jadis commerçants, souffre du constat douloureux d’une désertification. Ingrid Poncin est professeure à la Louvain School of Management de l’UCLouvain, spécialiste du comportement des consommateurs. Elle apporte son éclairage sur ces questions.
Comment peut-on expliquer cette difficulté qu’ont actuellement les centres-villes à rester dynamiques et attractifs pour les clients ?
La première raison de la désertification des centres-villes – qui n’est pas un problème propre à Wavre – c’est l’implantation des gros centres commerciaux à l’extérieur. Cela remonte à une quinzaine d’années, et toutes les villes connaissent ce problème. L’e-commerce est une couche supplémentaire, mais dans une moindre mesure.
Pour Wavre, c’est évidemment le shopping de l’Esplanade de Louvain-la-Neuve, qui est venu créer une sérieuse concurrence…
C’est un shopping qui est venu s’installer dans la zone de chalandise de Wavre. Il est facile de s’y garer, l’accès est direct et les heures d’ouverture sont bien plus étendues. Or, le gâteau commercial n’est pas extensible…
Vous parlez d’accessibilité, mais dans les centres commerciaux, les gens marchent également…
Oui, ils marchent d’ailleurs davantage dans les galeries commerçantes, les études le montrent. Seulement, ils n’en ont pas la perception, et ça, ça change tout.
Est-ce que le fait de mettre en place un système de primes à l’installation, de l’argent public donc, est la solution ?
Faciliter l’accès pour que des commerçants indépendants aient envie de s’installer est une partie de la solution.
On voit aussi beaucoup de villes opter pour un piétonnier. Est-ce attractif ?
Il peut être attractif à condition que l’environnement, et donc le cheminement piéton, soit agréable, et à condition que les enseignes soient de qualité. Dans ce cas, d’autres enseignes vont chercher à s’y installer aussi, et ce sera gagné. Mais si ce n’est pas le cas, c’est un cercle vicieux qui va s’installer et la désertification du centre sera renforcée par la présence du piétonnier. C’est quitte ou double.
Comment expliquez-vous qu’à Waterloo, qui est pourtant aussi en Brabant wallon, le centre-ville tourne à plein ?
Je pense que le tissu commercial est différent au départ. Le commerce local y est plus qualitatif, plus cher qu’à Wavre, c’est plus difficile à tenir, mais quand il y a une concentration de belles enseignes, cela forme un cercle vertueux.
Les échevinats du commerce de certaines villes comme celle de Wavre, et les associations de commerçants, s’investissent dans des manifestations telles que le Week-end du Client, des braderies, ou d’autres festivités de fin d’année, etc. Est-ce vraiment un coup de pouce aux commerces ?
Beaucoup de villes s’y essaient mais ce n’est que si les chalands constatent que le commerce est de qualité qu’ils reviendront. Sinon, c’est un one-shot.
Comment redynamiser les centres-villes alors ?
Beaucoup d’habitants ont quitté un centre-ville il y a des dizaines d’années car les prix de l’immobilier y étaient trop élevés. Il faut ramener des habitants au centre pour le redynamiser. Un centre-ville dynamique est un écosystème équilibré.
C’est donc un savant mélange de différents ingrédients…
Oui, il faut une bonne balance entre des habitants, des travailleurs, des boutiques, des bureaux… Ce n’est pas si simple, et je répète, il faut un écosystème équilibré.