«Du personnel, il y en a dans l’horeca, il faut juste le payer»
Face aux lamentations de certains patrons dans le milieu de l’horeca, un indépendant réagit, déplorant l’attitude de ne pas payer le juste prix
Publié le 23-05-2022 à 06h00
Alors que dans le secteur de l’horeca, on semble dénoncer une pénurie de personnel, une indépendante wavrienne, qui travaille dans le secteur, n’apprécie guère entendre certains patrons se plaindre. "Cela me pousse à un petit coup de mauvaise humeur, réagit Dominique. Je suis indépendante dans l’événementiel et dans l’horeca. Lorsque je me propose en tant que professionnelle du métier, on refuse mes services! La raison? Les patrons estiment qu’à mon tarif, ils peuvent engager plusieurs étudiants… Pour un peu moins de 30 euros de l’heure, cela ne les intéresse pas, je coûte trop cher. C’est oublier que derrière le montant reçu, je dois payer des frais, des lois sociales… Pourtant, j’ai 45 ans de métier, donc une grande expérience, et j’ai fait des études d’école hôtelière. Est-ce que deux étudiants peuvent remplacer cela? Je ne suis pas convaincue…"
Pour Dominique, entendre le secteur refuser des contrats par manque de personnel, cela l’énerve… "Il faut aussi savoir que les patrons du secteur horeca ne passent généralement pas via les sociétés d’interim parce que là, le tarif est de 35 euros de l’heure au minimum."
Forcément, en ne déliant pas les cordons de la bourse, ils rencontrent des difficultés pour recruter… "On oublie un peu vite la charge de travail du personnel horeca qui a de longues journées durant lesquelles ils sont toujours debout, ils prestent souvent le soir et les week-ends. Je ne m’en plains pas parce que nous connaissons les conditions quand nous nous lançons dans le métier. Mais alors soyons payés à notre juste valeur. C’est bien d’engager des étudiants mais les professionnels doivent aussi pouvoir bosser… Avec autant d’années dans le milieu, est-ce normal que je doive me battre pour avoir un salaire décent? Je ne peux entendre dès lors un patron dire qu’il a des demandes mais pas de personnel…"
Dominique déplore les pratiques de certains patrons en citant d’autres exemples. "Des traiteurs qui facturent 50 euros de l’heure pour du personnel et ne payent celui-ci que 22 euros de l’heure, c’est fréquent. Est-ce normal de faire autant de chiffre sur le dos de ses travailleurs? Du personnel, il y en a dans l’horeca, il faut juste le payer! Du coup, ils font le boulot eux-mêmes ou prennent de petites mains… Bien sûr, en Belgique, le personnel coûte cher. Après, il ne faut pas s’étonner de voir autant de travail au noir. Cela devient vraiment n’importe quoi…"