Ils ramènent un trésor de 16 tonnes à Wavre, au nez et à la barbe de Chanel (vidéo)
Bernard Depoorter et Maryse Genet viennent de sauver un patrimoine d’outils pour créer des parures florales. Grâce à ce patrimoine une manufacture et un musée vont être créés.
Publié le 24-01-2022 à 12h17
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Depuis de nombreuses années, la maison de mode Chanel rachète à prix d’or les outils des anciens métiers de la mode qui ont quasiment tous disparu.
Jeudi dernier, le président Emmanuel Macron a d’ailleurs inauguré le 19 M, un immense atelier créé par la maison Chanel, d’une superficie de 25 500 m², situé entre Paris et Aubervilliers, pour y regrouper tous les savoirs faire anciens rachetés par la maison Chanel.
Mais c’est à Wavre, samedi, qu’a eu lieu un coup de maître par le styliste et créateur de mode Bernard Depoorter. Avec Maryse Genet, créatrice de bijoux, il a soufflé, au nez et à la barbe de la maison Chanel, plus de 16 tonnes d’outils anciens, utilisés dans la haute couture pour créer des parures florales.
C’était la dernière chance pour sauver un savoir-faire unique, complètement disparu.
"Oui, c'est vrai: j'ai rapatrié un savoir-faire français pour le développer, chez nous en Wallonie, avoue, en jubilant, le créateur de mode. C'était la dernière chance pour sauver un savoir-faire unique, complètement disparu."

Si la maison Chanel a le monopole de la plupart des autres métiers de la mode et si la maison Hermès a conservé ceux du cuir, Wavre devient donc la capitale mondiale de la parurerie artisanale florale.
Presses à découper et presses à mouler sont arrivées, ce samedi, en provenance de Charentes, à Wavre, dans les ateliers de la maison Depoorter.
"De très nombreux métiers de la haute couture sont en train ou ont déjà disparu. Il est nécessaire de préserver ce patrimoine artisanal pour les générations futures et pourquoi pas relancer une activité spécialisée qui a complètement disparu, raconte Bernard Depoorter. Du temps de mes arrière-grands-parents, dans la boutique Carlier et Nizet, installée à la rue du Chemin de Fer, on vendait ces parures florales. Quand j'étais petit, j'étais fasciné par leur beauté."
Une maison découverte il y a plus de dix ans
Et c’est sans doute ce qui a aiguillé le Wavrien à se lancer dans la haute couture.

En 2010, alors qu’il avait une robe en commande pour la princesse Claire, à l’occasion du 21 juillet, il propose de réaliser des fleurs en soie.
"Je ne disposais pas des outils, ni du savoir faire. Avec Maryse Genet, nous nous sommes donc mis à enquêter à ce sujet. Nous sommes finalement tombés, tout à fait par hasard, sur une maison spécialisée, installée à Neuvicq-le-Château, pas très loin de Cognac, en Charentes. Cette maison avait accumulé le matériel de plus de 10 maisons spécialisées dans la parurerie florale."
La propriétaire, une certaine madame Pineau, qui s’était installée en Charentes à la fin de sa carrière, avait, depuis bien longtemps, arrêté son activité mais elle était séduite par le projet de Bernard Depoorter et lui a cédé quelques outils pour qu’il puisse réaliser la robe de princesse.
Souvent questionné sur l’origine de ces presses à faire des fleurs de soie, Bernard Depoorter est toujours resté très discret.
Il a eu raison, car en novembre dernier, il a eu l’opportunité incroyable et inattendue de pouvoir racheter tout ce matériel, soit plus de 16 tonnes d’outils, de moules à gaufrer… Ce qu’il a fait avec l’aide de la Région wallonne, via une bourse, et le soutien de la Ville de Wavre.
Fort de ce patrimoine, le styliste et créateur de mode va donc créer une manufacture à son nom, avec ce matériel créé au début du XIXe siècle et qui a bien failli disparaître.
Charge à lui de le préserver et de développer une activité, lié à la création des parures florales et d’ouvrir un musée pour la fin du printemps, à Wavre.
