Les (petits) producteurs agricoles étranglés? La FUGEA dénonce
La FUGEA dénonce des «contrôles disproportionnés» de l’Afsca chez des petits producteurs agricoles.
Publié le 17-12-2020 à 08h42
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La Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et d’Agriculteurs (FUGEA) dénonce des pratiques trop dures de l’Agence Fédérale pour Sécurité de la Chaîne Alimentaire (Afsca). Le syndicat agricole évoque des «contrôles disproportionnés».
Le cas d’une exploitation hennuyère
La Fugea cite l'exemple d'une exploitation familiale hennuyère, «La Ferme du Moulin», qui a été ciblée par l'Agence. «Elle a subi la semaine dernière un contrôle abusif de la part de l'agence: scellés sur les produits, interdiction de vente, police amenée à surveiller les activités de la ferme, etc. Alors que les mises aux normes demandées lors d'un précédent contrôle avaient été effectuées, les contrôleurs n'ont cette fois pas fourni de constats écrits précis listant les reproches et aucune irrégularité n'a été mentionnée dans la qualité des produits. L'interdiction de vente aux consommateurs alors que la qualité des produits n'a pas été mise en cause est totalement abusive étant donné que ceux-ci ne représentent pas de danger pour la santé des consommateurs.»
«Étranglés par des normes non adaptées»
Le syndicat estime que les producteurs agricoles ayant fait le choix de la vente directe sont «étranglés par les normes non adaptées à leur échelle de production».
«Dans sa course à la rigueur, l’Afsca semble avoir oublié les contraintes propres aux paysans transformateurs en leur imposant une réglementation rédigée pour un modèle de production et de distribution industriel. Effectivement, les normes sanitaires actuelles, bien que parfois soumises à des assouplissements, ne sont pas en accord avec la réalité de terrain d’une agriculture familiale à taille humaine ayant fait le choix de la diversification. L’agence semble faire preuve d’un manque de tolérance, de compréhension et de souplesse face aux petits acteurs de la chaîne.»
Surcoûts, interprétations et sanctions
Pour la Fugea, trois constats majeurs émergent. La Fédération cite d’abord les surcoûts qu’entraîne le respect strict des procédures sanitaires; les investissements pour la mise aux normes requises mettent en danger des exploitations.
Le Syndicat pointe ensuite des plaintes relatives à la manière dont certains contrôleurs interpréteraient la législation, «au détriment des agriculteurs».
Enfin, la Fugea relaie le cri des producteurs en lien avec l’ampleur des sanctions.
Pas la bonne cible?
La Fugea estime que l'Afsca «se trompe de cible en contrôlant de manière abusive des petits producteurs». «En voulant appliquer des normes sanitaires drastiques sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, l'Agence semble encourager la production de produits standardisés et dénaturés et favoriser une production et un secteur de transformation industriels plus facilement 'contrôlable'd'un point de vue sanitaire.»
Accompagner les producteurs
Le syndicat note que l'Afsca a certes fourni des efforts pour mieux accompagner les petits producteurs, ces dernières années. Mais c'est insuffisant à son sens. «Nous encourageons la multiplication des assouplissements des critères de contrôle chez les producteurs transformateurs artisanaux. Nous demandons également de développer ou repenser la cellule de vulgarisation et d'accompagnement de l'Afsca. Ceci afin de répondre aux besoins spécifiques des petits producteurs et d'accompagner les propriétaires d'atelier de transformation plutôt que de les brider et les réprimer.»
C’est urgent pour la Fugea qui déplore le fait que des producteurs ont été découragés et ont abandonné leur activité.