Le «volontaire» n’est pas un pompier de seconde zone
Christian Exsteens a été pompier volontaire à Wavre pendant douze ans, une période qu’il raconte dans un livre.
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- Publié le 16-07-2019 à 07h43
C’est à la veille de ses 40 ans que Christian Exsteens est devenu pompier volontaire. Il aurait bien aimé l’être quelques années plus tôt mais sa candidature avait été refusée.
«J'avais 36 ans quand j'ai décidé de postuler et on ne m'a pas retenu car la limite d'âge était alors fixée à 35 ans, explique le Limalois. Quelques années plus tard, je croise un pompier à la salle de sport qui m'annonce qu'on recrute à nouveau des pompiers volontaires. Je ne me sens pas concerné vu que je n'ai pas rajeuni mais depuis ma première tentative, les choses ont changé et la législation européenne a aboli la limite d'âge. Cette fois, c'est la bonne pour moi. Je passe des entretiens, je réussis les tests physiques et me voilà pompier volontaire.»
«Me rendre utile»
Pourtant, aussi bien sa vie professionnelle – informaticien responsable d’équipe de surveillance du centre informatique d’une grande banque – que sa vie «associative» – déjà au service des autres comme délégué de l’équipe de basket de ses enfants, président des fêtes du collège… – occupent ses journées bien remplies.
«D’un côté, j’avais envie de me rendre utile et de l’autre, c’est un petit défi que je me lançais notamment au niveau des tests physiques. Ce n’était pas évident, j’avais déjà 40 ans mais je m’entretenais physiquement.»
Avec l'accord de son épouse et de ses enfants, Christian se lance. Il devient l'un des «volontaires» les plus âgés de la caserne de Wavre mais il aime apprendre, il aime son «second métier», il aime venir en aide aux gens en détresse: «Au final, je suis assez fier de ça, mes enfants et ma femme aussi. Mais peu de gens savent ce que fait réellement un pompier volontaire. C'est pourquoi j'ai écrit ce livre.»
Le «volontaire» n'est pas un pompier de seconde zone à qui l'on ne confie que les petites tâches: «Tout ce qu'un pompier professionnel fait, on doit pouvoir le faire. La formation dure d'ailleurs plus ou moins un an car on est formé comme pompier et comme ambulancier, puis il faut obtenir le permis camion, il y a les recyclages aussi…»
Pompier n'est pas le premier métier du «volontaire» qui doit néanmoins se rendre disponible une semaine sur trois: «Toutes les nuits de la semaine et les week-ends, précise Christian. Quand on fait appel à nous, on doit rejoindre la caserne dans les dix minutes, pour une heure ou deux. On peut évidemment vous appeler plusieurs fois sur la nuit et puis, il y a les remplacements de pompiers professionnels avec l'objectif de compléter l'effectif en caserne. C'est là qu'on acquiert le plus d'expérience car vous faites partie des premiers départs avec les «pros». C'est comme cela que je me suis retrouvé sur l'accident de train à Pécrot.»
Le volontaire est rémunéré uniquement durant l'intervention pour laquelle il est appelé: «Celui qui compte s'enrichir sera vite déçu car cela s'ajoute à nos revenus et nous sommes très fort taxés. Sur une année, c'est vrai que ça rapporte quand même mais j'ai déjà calculé qu'être appelé de la nuit pour une ambulance me coûtait plus d'argent que je n'en gagnais. Et oui, il existe une différence de tarif selon qu'on est rappelé comme pompier ou comme ambulancier.»
«Je dors mieux la journée»
Parfois, les «rappels» s'enchaînent sur une nuit, cela n'a jamais posé de problème à Christian: « Encore aujourd'hui, je dors mieux la journée que la nuit. Dans le cadre de mon boulot, je devais aussi faire des «nuits» si bien que j'étais vite d'attaque.»
Et surtout motivé: «Une année, je pense avoir fait plus d'heures qu'un pompier professionnel. Je ne me plains pas car j'ai vraiment aimé cette période. Dans mon livre, je raconte ce que j'ai vécu au travers de différentes missions dont chacune représente un chapitre.»
Le livre répond à bien d’autres questions au travers de nombreuses anecdotes qui ont marqué ces douze années comme pompier. Le livre rappelle aussi les risques vécus par les pompiers.
«Quand on est en intervention, on n’y pense pas. On ne pense pas trop non plus à la famille car on est là pour assurer une mission. Il faut rester concentré et il y a ce bon stress qui fait qu’on utilise cette montée d’adrénaline pour être efficace. C’est indispensable mais jamais il ne faut se prendre pour un surhomme. Et puis, c’est un travail d’équipe, votre équipier peut vous sauver et il y a une relation qui se fait. Il y a une grande solidarité et c’est vital.»
«Je regrette d’être parti»
À côté des interventions proprement dites, Christian a aussi été marqué par le contact avec les gens: «On est accueilli chez eux comme un membre de la famille. Ils viennent de perdre leur maison mais ils nous remercient malgré tout. Chez les agriculteurs, on passe parfois des jours et des nuits pour éteindre le feu dans un grenier de paille et ils nous font à manger, ils se confient…»
Le Limalois a mis un terme à sa «mission» à 52 ans pour des raisons d'ordre privé. C'était en 2008: «Il n'y a pas d'âge limite et bien sûr que cela m'aurait plu de continuer même si à un moment donné, l'âge est là. Même si on est bien entraîné, il y a des choses qu'on ne sait plus faire. Et puis depuis, j'ai fait un «triple pontage», il n'est donc plus question d'être candidat mais c'est sûr que je regrette d'être parti.»
Affublé d’un t-shirt et pantalon de pompier quand nous l’avons rencontré, Christian collectionne aussi des camions échelles miniatures et autres petits souvenirs qui maintiennent le lien. Volontaire mais pas que.
Christian Exsteens, «Aventures et mésaventures d’un pompier volontaire», La Boîte à Pandore, 206 p., 18,90€.