Les 13 assauts du Pont du Christ
Durant toute la semaine et jusqu’aux reconstitutions programmées le week-end, nous replongeons au cœur de la bataille de Wavre des 18 et 19 juin 1815. Textes et illustrations fournis par le Cercle d’Histoire, d’Archéologie et de Généalogie de Wavre.
Publié le 29-06-2015 à 06h00
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Le 18 juin, en début d’après-midi, ce fut à la hauteur de la ferme de Lauzelle et des bois situés aux abords de celle-ci, que l’avant-garde de l’aile droite de l’Armée du Nord entra en contact avec l’arrière-garde de l’armée prussienne.
Les deux corps d’armée français ne progressaient pas de front. Le 3e corps, commandé par le général Dominique Vandamme, cheminait en début de colonne; il était suivi par le 4e , commandé par le général Maurice Étienne Gérard.
Vers 16 h, Vandamme, auquel le maréchal Emmanuel de Grouchy avait demandé de se positionner devant Wavre, sur les hauteurs dominant la rive droite de la Dyle, en attendant les ordres, décida manifestement, de son propre chef, d’entamer l’attaque de la ville.
Du côté prussien, face à l’arrivée des troupes françaises, il avait été décidé de leur opposer une résistance. Des quatre corps d’armée prussiens qui avaient bivouaqué aux alentours de Wavre durant la nuit du 17 au 18 juin, un seul, celui commandé par Johan von Thielmann occupait encore la rive gauche de la Dyle. Ce dernier était d’ailleurs sur le point de filer vers l’Ouest, à la suite des trois autres lorsque les troupes de Vandamme étaient arrivées aux abords immédiats de la ville.
La plupart des 4 000 habitantsde Wavre avaient abandonnéleur habitation
Le chef d’état-major de von Thielmann n’était autre que le colonel von Clausewitz. En fin de matinée, le passage des troupes prussiennes dans les rues de la cité avait été contrarié par un incendie accidentel qui s’était déclaré dans une habitation voisinant la rue de Namur, l’axe prolongeant naturellement la chaussée reliant Wavre à la ferme de Lauzelle. Ce fut dans cette rue de Namur, étroite et pentue, que Vandamme fit engager ses premières troupes, celles de la 10e division d’infanterie placées sous le commandement du lieutenant-général Pierre-Joseph Habert.
Wavre comptait à l’époque un peu plus de 4 000 habitants et la plupart de ceux-ci avaient abandonné leur habitation.
Pour arrêter la progression des troupes françaises, le général von Thielmann avait chargé le colonel von Zeppelin d’empêcher tout passage sur le seul pont de pierre construit sur la Dyle, à savoir le pont du Christ, établi au bas de la place du Sablon. Le pont avait été barricadé avec les moyens du bord et les habitations situées à proximité de celui-ci, sur la rive droite de la Dyle, avaient été volontairement incendiées par les troupes prussiennes après les premiers assauts français.
À Basse-Wavre, le pont de bois enjambant la rivière avait été brûlé et le feu avait également été bouté aux immeubles situés à ses abords immédiats dans le but de contrarier la progression des troupes françaises.
Tous les bâtiments situés sur la rive gauche de la Dyle, au bord de la rivière, avaient été investis par des tirailleurs. Les réserves prussiennes avaient été réparties dans les rues étroites, bordées d’habitations, que l’on rencontrait sur la rive gauche, à l’abri des tirs français.
Alors que l’artillerie du 3e corps d’armée français avait entamé le bombardement de la ville depuis les hauteurs d’Aisemont, ses divisions d’infanterie s’étaient, nous l’avons souligné, principalement engagées dans la rue de Namur pour déboucher sur la place du Sablon et accéder au Pont du Christ.
Ladite place du Sablon, destinée à accueillir foires et marchés, se présentait déjà sous la forme d’une vaste plaine de forme trapézoïdale, bordée d’habitations sur certains de ses côtés.
Placée sous le feu des tirailleurs et bombardée par l’artillerie prussienne installée sur la rive gauche de la Dyle, elle devint rapidement un grand cimetière pour les divisions françaises dont les mouvements étaient rendus difficiles en raison de l’accumulation, au sol, des soldats tués ou mis hors de combat.
Entre 16het la tombée de la nuit, le Pont du Christ avait essuyé treize assauts menés en vain par les troupes françaises. Le Bataillon Stoffel, du 2e régiment étranger, constitué de volontaires suisses, avait notamment réussi à emporter le pont, mais son occupation du terrain n’avait été que très éphémère.
Le 18 juin, malgré tous les efforts déployés et les lourdes pertes enregistrées du côté français, la rive gauche de la Dyle n’avait donc pu être atteinte, pas plus dans le centre de Wavre qu’à Basse-Wavre où les combats avaient été moins intenses. Durant le 19e siècle, dans la plupart des ouvrages spécialisés destinés aux académies militaires, la défense prussienne du Pont du Christ fut citée à titre d’exemple par les stratèges européens.