Les syndicats repassent à l’action ce vendredi devant le Delhaize de Waterloo : "L’ordonnance nous a donné un coup de boost"
Après l’ordonnance "réhabilitant" l’usage du piquet de grève, les syndicats sont repassés à l’action vendredi devant le Delhaize de Waterloo.
- Publié le 09-06-2023 à 15h24
- Mis à jour le 09-06-2023 à 15h26
Vincent FIFI
Jeudi, une ordonnance communiquée par le tribunal de première instance du Brabant wallon a soulagé les syndicats englués dans le long conflit social avec la direction de Delhaize. Le 22 mars dernier, le tribunal avait ordonné la levée des piquets de grève en Brabant wallon, dans une ordonnance de référé sollicitée par Delhaize. Mais il s’agissait d’une décision unilatérale et le Setca avait introduit une action en tierce opposition pour faire valoir ses droits. La décision rendue dans ce cadre est tombée jeudi et considère que le risque de dommage économique, invoqué par Delhaize pour faire lever les piquets, fait partie des conflits sociaux…
On simplifie quelque peu mais cette ordonnance a en tout cas mis du baume au cœur des représentants des travailleurs, s’estimant enfin entendus par la justice. Et ce vendredi matin dès 8 h, ils ont réinstallé un piquet devant l’entrée du Delhaize de Waterloo. Pas tout à fait par hasard, à en croire le front commun syndical, qui considère que ce magasin est un de ceux où la direction fait le plus pression sur le personnel pour qu’il ne participe pas aux actions. D’ailleurs, si le piquet de vendredi empêchait les clients d’entrer pour faire leurs courses, il ne s’opposait pas à l’entrée des travailleurs dans le magasin…
Sur place en début de matinée, le secrétaire permanent "commerce" du Setca Brabant wallon, Christophe Bouvier, ne se faisait pas trop d’illusions. Une ordonnance rendue à Bruxelles et valable jusqu’au 15 juin continue à interdire les piquets de grève devant tous les Delhaize belges. Et la décision prise à Nivelles n’est en réalité rendue que suite à une situation ponctuelle passée…
"Mais cette ordonnance nous redonne tout de même un petit coup de boost, reconnaissait le syndicaliste. Même si en réalité, en Brabant wallon, nous avons continué à mener des actions, sachant qu’au bout d’une heure ou deux, un huissier débarque et nous oblige à partir. C’est sans doute ce qui va se produire aujourd’hui encore, vu l’ordonnance de Bruxelles qui est toujours valable jusqu’au 15 juin. Sur le fond, rien ne bouge: Delhaize dit toujours que c’est la franchise et rien d’autre, alors que le personnel n’en veut pas."
De fait, vers 9 h 30, un huissier de justice est arrivé sur place, intervenant à la demande de Delhaize. Cette dame a voulu signifier l’ordonnance bruxelloise aux participants au piquet de grève, priant un responsable de décliner son identité. Elle s’est entendue répondre poliment qu’une demande de ce type doit être faite par un agent habilité, ce qu’elle n’est pas.
Les policiers, présents, n’ont quant à eux pas exigé les cartes d’identité et les syndicalistes ont évoqué la décision nivelloise communiquée la veille. Le piquet est resté en place durant quelques heures, l’huissier prenant divers contacts. Vers 12 h 30, après que le chef de la zone de police se soit rendu sur place, l’huissier a exigé formellement que le piquet soit levé, et que les liens Colson avec lesquels les caddies avaient été attachés pour faire barrage soient coupés.
Les syndicalistes se sont exécutés sans trop discuter, et sans incident. "On libère l’accès parce qu’on est menacé par des astreintes si on ne le fait pas, commentait sur place Christophe Bouvier. La décision rendue à Nivelles n’en reste pas moins intéressante pour la suite, elle pourrait inspirer d’autres juges qui devront se prononcer à l’avenir sur les piquets de grève. De notre côté, ce qui vient de se passer n’entame pas du tout notre volonté de continuer à mener des actions, et tenir des piquets même si on sait que ce sera pour deux heures…"