L’Aigle a volé de clocher en clocher
Le retour de Napoléon en France est fulgurant, et arrivéà Paris, il envoie aux souverains étrangers un messagede paix. Mais ces derniers sont déterminés à l’abattre. L’empereur décide alors de les frapper en Belgique.
Publié le 04-06-2015 à 06h00
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Au départ de l’île d’Elbe, le 26 février 1815, les soldats et les officiers de la garde de Napoléon pensent s’embarquer pour Naples. C’est en mer que le but du voyage leur est annoncé: la France! Où, le 1er mars, à 5 heures du matin, l’empereur débarque au golfe Juan.
L'accueil est frais: les émissaires qu'il envoie à Antibes sont emprisonnés. Qu'importe, la nuit suivante, il se met en marche vers Paris, à la tête de cinq cents hommes de garde, deux cents chasseurs corses, et cent lanciers polonais. Le 3 mars, il est à Digne; le 5, à Gap, où il fait imprimer ses premières proclamations. Un de ces textes annonce que «l'aigle volera de clocher en clocher, jusqu'aux tours de Notre-Dame».
À Grenoble, le 9 mars, trois décrets rétablissent le pouvoir impérial. Le 11, à Lyon, il réplique à l’ordonnance royale qui l’a mis hors la loi en renvoyant les assemblées. Les ralliements s’enchaînent et le 20 mars, il entre à Paris. Dès le lendemain, il met en place son gouvernement.
Une parole qui ne convainc pas
Immédiatement, il envoie un message aux souverains étrangers. «Je ne veux plus, leur assure Napoléon, connaître désormais d'autre rivalité que celle des avantages de la paix; d'autre lutte que la lutte sainte de la félicité des peuples».
Mais ni l’empereur d’Autriche, ni le tsar de Russie, ni le roi de Prusse, rassemblés à Vienne (lire ci-contre) pour l’élaboration du traité qui doit organiser l’Europe post-napoléonienne, ni le roi d’Angleterre ne veulent croire à ces paroles lénifiantes. Ils s’engagent à mettre sur pied une armée de 800 000 hommes, et d’abattre définitivement leur adversaire.
Prendre l’adversaire de vitesse
Fidèle à ses principes, Napoléon ne veut pas donner à ses ennemis le temps de rassembler cette formidable force. Une armée anglaise, commandée par Wellington, et une armée prussienne, sous le commandement de Blücher, forment l’avant-garde des armées alliées en Belgique, où sont stationnés quelque 220 000 hommes: l’empereur décide d’aller les chercher et de les détruire. Pour cela, il ne dispose que de 124 000 hommes, mais ils sont tous rompus à l’art de la guerre. Le plan est de se jeter entre les deux armées ennemies, de les battre séparément en avant de Bruxelles et de rejeter les Anglais vers la mer et les Prussiens vers le Rhin.