Inquiétude au Camping d’Alvau, à Walhain: «On nous a dit de partir»
Le permis a été retiré au propriétaire du Camping d’Alvau. Un coup dur pour les résidents. « Louer un appartement, c’est impossible. »
- Publié le 13-06-2022 à 19h44
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Le Commissariat général au tourisme (CGT) s’est rendu au Camping d’Alvau le 3 mai dernier et a remis dans la foulée un rapport salé sur le fonctionnement du site. Les "vrais" touristes ne sont qu’une poignée, les autres campeurs sont domiciliés à Walhain et vivent là toute l’année. Aucune gestion des entrées et sorties n’est assurée par le gérant au quotidien, l’entretien est défaillant et les normes d’hygiène ne sont pas respectées. "On m’a retiré mon permis, je ne sais pas ce que va devenir ce terrain" , commente le propriétaire.
En tout cas, plus un camping. Dommage pour les quelques touristes qui viennent y passer un week-end, mais ce sont surtout les résidents, domiciliés, qui se retrouvent dans l’embarras. "Les non-résidents ont jusqu’à la fin de l’année pour quitter les lieux, mais nous, on doit trouver un nouveau logement et partir. On ne nous a pas donné de délai. Tout le monde est sur les nerfs, parce qu’on ne sait pas où on va aller" , indique une résidente.
Le site compte une bonne quarantaine d’emplacements, occupés pour la plupart par une population précarisée. Il faut dire que ce camping, c’est une solution très peu onéreuse. "Certains paient 250€ par mois, avec l’eau et l’électricité comprises. D’autres, 1950€ à l’année, charges comprises également. C’est pour ça qu’on loue ici. Car payer un vrai logement, c’est tout simplement hors de prix. Impossible pour nous."
«C’est devenu invivable, on entend des cris tous les soirs. C’est très stressant pour nous»
L’ambiance est morose parmi les résidents. Les orages de 2021 avaient provoqué d’importantes inondations et cet été, c’est un déménagement forcé qui se profile à l’horizon. "On se réunit parfois le soir pour faire le point sur notre situation et la tension monte. C’est devenu invivable, on entend des cris tous les soirs. C’est très stressant pour nous."
Ils devraient en fait quitter les lieux pour un logement public. "Nous, on a payé de petits travaux pour la mise en conformité de l’électricité et des risques d’incendie. On a aussi ajouté des graviers, parce que c’était la catastrophe suite aux inondations de juillet 2021. Maintenant, on doit partir, sans aucune certitude d’obtenir un logement social. Il y a des enfants aussi dans le camping, on ne peut pas déménager n’importe où et les forcer à changer d’école. Ça risque d’être un frein à leur apprentissage. Certains résidents veulent arrêter de payer pour protester, mais on a peur qu’on nous coupe l’électricité."
Les campeurs «touristes» ont jusqu’à la fin de l’année
Du côté de la Commune de Walhain, on a reçu le rapport du CGT, avec une demande pour retirer le permis de caravanage. Impossible de faire autrement, vu la situation.
"Un délai a été imposé aux campeurs touristiques, qui sont domiciliés ailleurs, ils ont jusqu’à la fin de l’année , indique Xavier Dubois, le bourgmestre. Leur situation est moins compliquée, car ils ont un domicile. Ils doivent juste retirer leur caravane, ce qui n’est pas si simple que ça pour certains d’entre eux." Ils ne sont en fait que cinq ou six dans ce cas de figure.
Pour les autres, aucun délai n’est fixé. "On leur a demandé de commencer à chercher un logement, de manière active , poursuit Xavier Dubois. À partir de maintenant, ils vivent sur un terrain sans permis, dans des logements “illégaux”. On est toutefois conscient des difficultés. On entame aussi de notre côté, à la Commune et au CPAS, les démarches pour leur trouver un nouveau logement. On a contacté la Société wallonne du logement, qui va formuler une demande auprès des sociétés de logements publics."
«On prendra le temps pour rencontrer les besoins»
Les autorités communales vont ainsi dresser une liste avec les possibilités qui existent et vont formuler des propositions aux résidents du Camping d’Alvau. "Peut-être certains résidents trouveront-ils de leur côté, même si on se rend bien compte que c’est difficile." Ce que confirme une résidente: "J’ai une pension de personne handicapée, je ne pense pas qu’un privé acceptera de me louer un bien. Et payer 800€ à 900€ par mois, je n’en suis pas capable financièrement".
Ce qui devrait rassurer les habitants d’Alvau, c’est qu’ils ne risquent pas d’être expulsés du jour au lendemain, par la force. "On n’a pas fixé de date précise et définitive , commente le bourgmestre de Walhain. On prendra le temps pour rencontrer leurs besoins. On peut attendre plusieurs mois, même plus d’un an s’il le faut. L’objectif, c’est d’accompagner les résidents pour qu’ils soient relogés. " Pour Agnès Namurois, présidente du CPAS, "il faut laisser du temps aux gens de se retourner et de trouver un logement adapté. Il y a tout un mécanisme qui s’est enclenché."