Vieux Château de Walhain: comment consolider un tel édifice féodal?
L’édifice féodal de Walhain est consolidé par des maçons spécialisés. Un travail de précision pour un site vieux de plusieurs siècles.
Publié le 16-06-2021 à 07h04
Le chantier du Vieux Château de Walhain a commencé il y a plusieurs semaines. L'objectif est de conserver ce témoin de l'histoire fragilisé par le temps. Dans le donjon, une marche sur deux a disparu sous le poids des ans. Pour permettre aux générations futures de profiter de cet édifice féodal, des travaux étaient bien nécessaires. «Le château s'est dégradé, non pas par des batailles, mais par abandon, indique Yves Bauwens, président des Amis du Vieux Château. Il a été utilisé à la fin comme exploitation agricole, sans être entretenu. Les toitures se sont envolées au XVIIe siècle et les bâtiments ont souffert des intempéries.»
Sa construction a débuté à la fin du XXe siècle mais s'est faite de manière progressive. «Au début, il n'y avait qu'un donjon, qui était isolé. À tel point qu'une meurtrière donne à l'intérieur de la cour. Il ne s'agissait au début que d'une tour fortifiée.
Un simple donjon, mais bâti à un endroit stratégique. «Ce château faisait partie d'une ligne de défense au Sud du duché de Brabant. Il était la pièce maîtresse, même s'il était un peu en retrait. Il ne faut pas oublier que Gembloux était inclus dans ce duché. Ce n'était, à l'époque, pas une guerre de position mais de harcèlement. On faisait un mauvais coup et on se repliait immédiatement…»
Et le bâtiment walhinois possède une spécificité. «Un système de doubles douves. Un premier fossé entoure le château et un autre plus proche de la route, qui a été partiellement comblé. Mais il se prolongeait en fait sur la route de Sauvenière. La ferme de la Basse-cour était installée entre les deux fossés.»
Mais comment consolider l'édifice féodal? Un marché public a été lancé et remporté par Bam Galère, une société qui possède une cellule spécialisée dans tout ce qui est patrimoine historique. «Nous adaptons nos techniques aux vestiges, annonce Pascal Micieli, le contremaître du chantier. Des études ont été réalisées avant le début des travaux et on a notamment remarqué que si on ne plaçait pas des micropieux dans certaines parties, le bâtiment aurait encore été davantage fragilisé. Sans ces techniques, on ne pourrait pas exécuter de tels aménagements. La chaux ne peut être utilisée que lorsque le thermomètre extérieur affiche entre 5 et 26 degrés. On démonte aussi certains ouvrages pour ne pas déstabiliser le bâtiment, on protège les murs que nous dégageons pour maçonner. Des tailleurs de pierres viendront aussi sur le chantier pour reproduire la forme des pierres nécessaires. Ils les façonnent sur le site.»
Et les matériaux ont été sélectionnés avec une grande précision. «Le choix de la carrière qui produit les pierres est bien spécifique. Pour le château de Walhain, on s'est tourné vers celle de la Warche, à Malmedy. Elle a été désignée parce que ses pierres étaient celles qui se rapprochaient le plus du bâtiment. On rencontre quelques difficultés à obtenir la quantité demandée, donc on doit se diriger vers d'autres carrières. Mais avant cela, tout doit être accepté par la direction du chantier.»
Pour passer de la théorie à la pratique, les maçons s'activent sur le site. Un travail de fourmi réalisé avec la délicatesse d'un archéologue et la puissance d'un déménageur. «C'est un autre monde, par rapport à la maçonnerie traditionnelle, concède Benjamin Snackers, l'un des membres de cette cellule. Toute la procédure de construction est différente.»
L'homme ne regrette pas du tout la voie qu'il a empruntée il y a plusieurs années. «Quand je suis arrivé dans la société, j'ai immédiatement intégré la cellule D24, spécialisée dans tout ce qui est patrimoine historique. Ça m'a directement plu. C'est valorisant de travailler sur un chantier comme ce château, très ancien.»
Comme si cela avait donné un sens à son métier. «Ici, il n'y a pas deux choses qui se ressemblent. On n'assemble pas des briques et des blocs comme des robots. Il faut faire attention à chaque détail, puis il y a toujours des éléments imposés à prendre en compte. Chaque pierre doit être disposée à sa place. Sur ce chantier-ci, on ne doit pas numéroter les pierres, mais ça nous est déjà arrivé.»