La hockeyeuse Vanessa Blockmans est actuellement aux championnats d'Europe de hockey
Vanessa Blockmans a pris des coups dans la vie, mais, à 21 ans, elle s’est forgé un solide mental.
- Publié le 22-08-2023 à 15h04
- Mis à jour le 22-08-2023 à 15h05
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Avec Vanessa Blockmans et Nelson Onana, le Pingouin a réussi à placer deux belles personnalités authentiques dans cet Euro. L’un comme l’autre apportent de la fraîcheur dans des rôles sportifs très différents. Le club de Nivelles, qui ne joue plus un rôle au sein de la Division Honneur, n’en reste pas moins une référence au niveau de la formation de ses jeunes. Blockmans est issue de cette filière même si elle a vite migré vers le voisin du Watducks. "Mes parents, oncles, grands-parents ont tous joué au hockey et la plupart à Nivelles", sourit Blockmans.
D’ailleurs, sa maman a vite transféré son papa vers le Pingouin pour vivre leur histoire d’amour. "Le Pingouin, c’est ma deuxième maison. J’ai besoin de 40 minutes pour faire les quelques pas du parking jusqu’au club house (rires)."
Partie à 17 ans seule aux Pays-Bas
Fille talentueuse, elle a quitté son club de cœur à 10 ans car ses ambitions ne correspondaient pas à celles de l’équipe qui descendait alors en troisième division. "Mes parents ont choisi Waterloo pour moi."
À nouveau poussée par l’envie de viser toujours plus loin, elle a quitté la Belgique à 17 ans pour vivre son expérience aux Pays-Bas. Elle a accéléré son apprentissage sportif en ralentissant le rythme au niveau de ses études. "Le hockey me prend tout mon temps, mais je ne le vois pas comme un sacrifice. J’ai posé ce choix comme une grande. Les fêtes ? Je fais la fête à des moments ciblés."
Lors de son grand départ pour Laren puis Kampong, elle a démontré au staff des Red Panthers qu’elle était prête à tout donner pour son stick. Au même moment, Niels Thijssen, le prédécesseur de Raoul Ehren, l’a intégrée dans le projet au même moment qu’Ambre Ballenghien et qu’Alexia ‘t Serstevens. "J’ai vécu ma première sélection pour un match de Pro League en Allemagne en plein Covid."
Ensuite, elle a un peu disparu des radars. En 2021, elle n’est juste pas reprise pour l’Euro. Un an plus tard, elle se blesse à sept semaines de la Coupe du monde. Aujourd’hui, à 21 ans, elle s’est battue pour figurer parmi les cinq filles à l’arrière. "Après l’Euro 2021, je m’étais posé des questions sur mon avenir. Une sélection ne tombe pas du ciel. Mes échecs ont forgé mon caractère aussi. Je me suis battue pour être à Mönchengladbach. Ces matchs me motivent en vue des JO et de la Coupe du monde à la maison."
Son autre combat: "J’ai perdu 7% de masse graisseuse en un an"
Comme toutes les Panthers, elle s’est battue comme une lionne. Son combat l’a aussi menée sur un autre terrain, plus sensible pour les athlètes de haut niveau: son poids. "Non, ce n’est pas un sujet tabou, précise-t-elle d’emblée. J’ai toujours été forte et plus musclée. Ma puissance vient de là. J’ai quelques kilos en trop."
Le staff l’a prise sur le côté en décembre 2022 après le stage en Turquie en évoquant son surpoids. Ehren, conscient du haut potentiel de l’athlète, voulait s’assurer qu’elle tienne la distance sur un plan physique lors d’un tournoi où les filles jouent cinq matchs en huit jours. "S’il m’a sélectionné, c’est que je l’ai convaincu. Mon déclic remonte au mois de décembre. Le staff m’a mis un programme de courses et de gym de cinq semaines. Tous les jours, je le suivais avec mon copain Sam qui joue en Hoofdklasse, à Laren. Je suis revenue plus fit que jamais. Sinon, je ne serais pas là aujourd’hui."
Le combat n’est pas encore fini. Vanessa devra durant toute sa carrière surveiller ce paramètre. Elle est accompagnée par des professionnels. "Nous travaillons sur des objectifs à court terme, par exemple quatre mois. Je me bats contre ces kilos. J’arrive à une forme de stabilité. Maintenant, il me reste encore quelques pourcents de graisses en trop. En un an, j’ai perdu 7 % de masse graisseuse. Je vais y arriver."
Derrière son talent naturel, elle sait qu’elle ne doit pas rechigner à la tâche au moment de courir. "Avant, je me disais que la course ne servait à rien car je jouais en défense. Aujourd’hui, j’ai compris."
Son passage de trois saisons aux Pays-Bas l’a aussi aidée à mûrir plus vite que les autres filles de son âge. À 18 ans, elle a dû apprendre à faire ses courses, à gérer ses factures, faire ses pleins d’essence et composer avec des moments de solitude. "Quand j’ai signé à Laren, j’ai appris à vivre seule du jeudi au dimanche soir. Mes parents m’avaient déjà appris l’autonomie. Là, on la pousse un cran plus loin. Je suis passée par des moments difficiles, mais j’ai découvert une merveilleuse culture aux Pays-Bas. Les coéquipières étaient gentilles avec moi lors des premières semaines. Puis elles sont devenues plus cashs et dures. Quand tu as une fille comme Matla en face de toi, tu dois avoir un plan de jeu très clair dans ta tête. J’ai dû devenir une adulte plus vite que les autres."
À 15 ans, elle perd son papa qui était son "meilleur ami"
La vie ne l’a pas épargnée non plus. Le 11 janvier 2018, son monde bascule en apprenant le décès de son papa Xavier Blockmans, 46 ans à peine et encore tant d’amour à transmettre à ses deux enfants, à son épouse Cristel et à son club de cœur, le Pingouin. "J’avais 15 ans. Cet événement change une personne. Avec ma maman et mon frère Jonathan, nous avons dû grandir. Nous avons vécu des downs. Mon papa, c’était mon meilleur ami. Il croyait en moi. Il avait déjà compris mon parcours sportif. J’avais parlé des JO avec lui comme Justine Henin l’avait fait avec sa maman au sujet de Roland-Garros. Son départ m’a forgé un gros mental. Aujourd’hui, j’ai une double motivation car je porte ce maillot pour moi et pour lui."
Samedi dernier, quand elle a disputé son 23e match pour les Panthers, mais son premier dans un grand tournoi, ses regards étaient aussi tournés vers le ciel. "J’ai eu des frissons. J’ai regardé vers ma maman dans les tribunes. Je savais que mon frère me regardait à la télévision. Mon papa regardait le match d’en haut."
Après l’Euro, elle continuera à se battre pour réaliser la promesse faite à son papa: jouer un tournoi olympique. "Je veux y être. C’est plus que dans un coin de ma tête. Ma présence à l’Euro agit comme un extra-boost. Je sais que rien n’est fait. Chaque Panthère a un don et quelque chose de spécial. Je me battrai."
Comme elle le fait depuis tant d’années.