Pour Barry Ghislain, « l’arbitrage doit rester un plaisir »
Les violences physiques et verbales prennent de plus en plus le dessus sur la passion et ont un impact grandissant sur le manque d’arbitres.
Publié le 20-01-2023 à 11h18 - Mis à jour le 20-01-2023 à 11h19
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Ancien joueur à Waterloo, Nivelles et Braine-le-Château, Barry Ghislain a aussi coaché les filles à Nivelles puis les jeunes et l’équipe B à Ittre. Mais c’est sifflet en bouche que ce pompier professionnel et volontaire poursuit sa passion du football depuis cinq ans. "À un moment donné, je me suis demandé comment rester dans le milieu car c’était compliqué de combiner deux entraînements et un match, et encore plus contraignant au niveau du coaching. Mon parrain qui a fait la ligne pendant sept années en D1 m’a dit que si je voulais voir plus haut, c’était dans l’arbitrage. C’était l’occasion de voir réellement comment on gère un match. Je me suis dit essayons et je n’ai qu’un seul regret: ne pas y avoir pensé plus tôt."
Même si sa fonction a un côté assez ingrat. "Quel que soit le résultat, il y a un toujours un gagnant et un perdant et une tendance à la mauvaise foi. Même si j’ai la chance de n’avoir jamais été confronté à un match arrêté, une bagarre ou des insultes, je pense qu’un cap a été franchi au niveau de la répétition des critiques et d’un excès de violence verbale et physique."
Du coup, le Tubizien de trente-deux ans tire la sonnette d’alarme concernant le milieu de l’arbitrage qui manque de soutien et donc de volontaires "surtout chez les juges de lignes. Le Covid n’a pas aidé car certains se sont rendu compte que ça ne servait à rien de sacrifier leurs week-ends en famille pour se faire insulter pendant nonante minutes. Cette saison, je me suis déjà retrouvé seul à deux reprises aux commandes d’un match de P1. Parfois, on n’est qu’à deux et il y a toujours ce stress de savoir combien on sera. Sans compter qu’un arbitre reste un être humain à qui on ne peut pas demander de mettre ses sentiments et sa perception des choses en off, et qui n’a qu’une seconde pour décider sans l’apport des aides électroniques du haut niveau. Et je peux vous assurer qu’on n’y va pas pour avantager l’une des deux équipes car diriger un match ne remplit pas notre frigo et se tromper fait partie du jeu. Or, l’arbitrage doit rester un plaisir. Si cela disparaît, on peut prendre une pause ou chercher du soutien auprès des collègues. Mais si on continue à tirer sur la corde, elle risque de casser et on aura alors tout perdu car il n’y aura plus d’arbitre."
Que faire pour (re)motiver le recrutement ? "La Fédération assure déjà un certain suivi chez les jeunes et organise pas mal de stages. Pour ma part, je pense qu’on devrait inciter les clubs à s’investir davantage car ça fait partie du job. Clabecq oblige par exemple les joueurs de son équipe première à arbitrer des matches de jeunes, ce qui permet aussi de comprendre la place de l’arbitre. Pour ceux qui hésitent, je leur dirais d’oser se lancer avec envie malgré le travail derrière et sans avoir peur de se tromper car ils seront soutenus dans leurs premiers matches."
Le souhait de Barry est de "terminer la saison de la meilleure façon possible tout en motivant les troupes dans tous les sens du terme afin que chacun passe un bon moment au foot, quel que soit son rôle."