Arnaud de Meester au bout de l'Enduroman en 71h55: "Par la porte ou par la fenêtre, je devais sortir de la Manche !"
Le Bruxellois Arnaud de Meester a bouclé 140 km à pied, la Manche et 290 km à vélo en 71h55 pour inscrire son nom au palmarès de l’Enduroman. « Un aboutissement, un rêve ».
- Publié le 06-10-2022 à 14h53
- Mis à jour le 06-10-2022 à 14h54
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L’Enduroman est l’un des plus beaux défis sportifs du 21e siècle, l’un des plus fous aussi avec ses 140 km à pied entre Londres et Douvres, de 35 à 45 km à la nage pour la traversée de la Manche et 290 km à vélo entre Calais et Paris ! Et ce défi, Arnaud de Meester l’a relevé avec succès. Aussi appelé "Arch2Arc", le départ étant donné à Marble Arch et l’arrivée jugée à l’Arc de Triomphe, ce "triathlon de l’extrême" a été créé en 2000 par le Britannique Edgar Ette qui, après avoir essuyé deux échecs, fut le premier à le terminer en 2001, avant de devenir directeur de l’épreuve.
Le record est la propriété du Français Lionel Jourdan, en 49h24, et un Belge figurait jusqu’ici au palmarès: Julien Deneyer, en 52h30. Depuis cette semaine, ils sont deux ! Arnaud a, en effet, été au bout de son rêve, au bout de lui-même, pour inscrire son nom au tableau d’honneur comme le 52e Enduroman.
Parti de Londres samedi, à 23h20 (heure anglaise), l’ultra-triathlète de 51 ans est arrivé à Douvres dimanche, après 21h28 de course à pied pour les 140 km séparant la capitale britannique de la cité portuaire. Puis, après quelques heures de repos, il a quitté "Shakespeare Beach" en pleine nuit, à 2h46.
Survivre au « cimetière des nageurs »
Trois ans après sa première tentative qui l’avait vu échouer dans le "cimetière des nageurs", à 3 km de la côte française, Arnaud de Meester est passé. "Écoutez, par la porte ou par la fenêtre, je devais sortir de la Manche ! C’était ma dernière chance de réussir et je l‘ai saisie. Je me suis battu. Heureusement, j’ai pu compter sur mon équipe, dont Baudouin Vannoorbeeck, mon régisseur. Pendant les trois dernières heures de nage, il m’a hurlé dessus." Avance ! Avance ! "criait-il depuis le bateau alors que, dans la nuit, je n’y voyais plus rien. Il m’a dit que je n’avais plus besoin de boire ou manger, même de lever la tête. Car, à chaque fois, je perdais dix ou quinze mètres, que je mettais de longues minutes à rattraper. La Manche, c’est un coup de poker quand vous l’abordez après avoir couru 140 km. J’y suis entré après avoir dormi une heure et demie. J’étais crevé avant de commencer. Mais voilà, j’y suis arrivé. Mais pas seul. Sans Baudouin, j’aurais retiré la prise."
Lors de sa traversée, longue de 17h44, Arnaud a croisé de nombreux navires.
"J’étais au bout de ma vie. J’ai pensé très fort à mes enfants, Jack et India, mais je n’étais pas sûr de réussir. Loin de là."
Surnommée "L’Everest de la natation", la Manche est à elle seule un formidable défi, la partie la plus délicate pour tous ceux qui s’engagent dans l’Enduroman, surtout pour Arnaud, dont la natation n’est pas la tasse de thé.
Arrivé au Cap Blanc-Nez, l’ultra-triathlète bruxellois est remonté sur le "Gallivant", piloté par Mike Oram et à bord duquel, son coach, Cyril Blanchard, l’accueillit avec ferveur, pour rejoindre Calais. Enduroman lui-même en 2016, le Français avait compris que cette fois, c’était la bonne. Après s’être reposé une dizaine d’heures, Arnaud de Meester enfourcha son vélo pour les 290 km devant le mener à Paris, où il arriva après… 71h55 d’efforts.
"Le plus étrange est que j’ai commencé à me sentir très mal environ une demi-heure avant l’Arc de Triomphe ! Je me suis inquiété, mais mon médecin m’a rassuré. La fin fut pénible car je ne pouvais pas m’éloigner de la voiture suiveuse et devais m’arrêter à tous les feux rouges. Une fois arrivé au pied de l’Arc, j’ai subi une décompression. J’avais poussé mon corps et mon cœur tellement loin que j’ai dû me coucher par terre alors que mes supporters étaient là pour me fêter. Après avoir repris le dessus, j’ai pu savourer le moment. J’étais super heureux !"
Le 17e chrono de l’Enduroman, le meilleur de sa catégorie
Arnaud de Meester a signé le 17e chrono de l’Enduroman, le 1er de sa catégorie (+50 ans). "J’en suis très fier ! Comme de ma réussite, que j’ai fêtée chez ma cousine, qui habite Paris, avec une dizaine d’amis et quelques bouteilles de vin avant de découvrir les milliers de messages que j’ai reçus sur les réseaux sociaux et auxquels j’espère vraiment pouvoir répondre sans oublier personne."
L’exploit d’Arnaud de Meester a été médiatisé à un point qui a surpris son auteur. "C’est un aboutissement, un rêve. Cet Enduroman, j’y ai pensé tous les jours depuis 2019. Tout ce que j’ai entrepris dans mon quotidien était en fonction de ce défi. Je suis content de cette reconnaissance."
« Je ne suis pas fou. Le mental est là, mais plus le physique. Ceci dit… »
Actuel directeur du Forum du Sablon, Arnaud a toujours travaillé dans l’événementiel. Avec son imagination débordante, il a créé, développé, de multiples projets. Sur le plan sportif, il est sorti de sa zone de confort à l’approche de la quarantaine. Et maintenant ? "Repos pendant trois mois ! Pas de course à pied pour éviter les chocs car un effort comme celui-là laisse des traces, surtout à mon âge. Je ne suis pas très motivé pour la natation. En revanche, je remonterai sur mon vélo. Plus généralement, je pense arrêter le sport extrême. Je ne suis pas fou. Le mental est là, mais plus le physique. Ceci dit, comptez sur moi pour trouver un autre style de défi !"