Genval: trois peines distinctes dans l’affaire Michaël Demortier devant le tribunal correctionnel
Pour se procurer de l’argent, un vendeur de voitures abuse de plusieurs connaissances et amis. Il a quitté le pays. Ses créanciers s’impatientent…
Publié le 08-03-2022 à 07h05
Et ils considèrent être en droit de réclamer l’argent prêté à celle qu’ils qualifient de complice, c’est-à-dire à sa femme, ou plutôt à son ex-femme puisque, apprenant que Michaël Demortier est réellement un escroc, Laurence Libouton a décidé de divorcer. Furibards de ne pas parvenir à récupérer leurs billes, Olivier V., André S. et Stéphane L. (prénoms d’emprunt), ont donc exercé sur cette femme des pressions qui, selon le parquet, sont constitutives de menaces et harcèlement.
Ce dossier a été plaidé lors d’une audience dont le compte-rendu vous a été présenté dans notre édition du 26 janvier dernier. Les trois hommes ont demandé au tribunal pourquoi ils étaient poursuivis alors qu’ils étaient victimes des agissements de Michaël Demortier et qu’ils avaient simplement tenté de récupérer les dizaines de milliers d’euros prêtés.
La substitute du procureur du roi Stéphanie Bonté leur expliqua que, même si cette femme savait que son mari est un escroc, ce n’est pas pour autant qu’elle et ses parents, tous mis dans le même sac de la culpabilité, sont coauteurs des agissements de Michaël Demortier.
À cette prévention de menaces et harcèlement, s’est ajoutée, pour André et Stéphane, celle d’extorsion qu’ils ont niée avec vigueur. André installa une balise sur la voiture de Laurence Libouton qui, d’après lui, devait savoir où se cachait son escroc de mari.
De fait, avec son copain Stéphane, il alla le 18 juin 2020 à Oteppe où l'intéressé se terrait dans un gîte. Lorsqu'il sortit pour fumer une cigarette, il se trouva en présence du duo qui lui dit en avoir gros sur la patate. Pour calmer le jeu, Demortier leur donna les clefs de la voiture avec laquelle il s'était rendu dans ce patelin de la province de Liège. "Gardez-la. Dans une semaine, je rembourse." André et Stéphane repartirent, confiants. Ils ignoraient que leur débiteur n'était même pas le propriétaire du véhicule!
Le parquet a obtenu les peines modulées requises: suspension du prononcé pour Olivier, peine de travail pour Stéphane (80 heures) et un an de prison avec sursis pour André, lequel est également condamné à payer un euro provisionnel à Laurence Libouton et 2 500€ à chacun de ses deux enfants à titre de dommage moral.