Le resto "Cuisine d'hier et d'aujourd'hui", à Ramillies, ferme ses portes: "On a tout perdu!"
Carinne et Lulu ont fermé définitivement les portes de leur restaurant "Cuisine d’hier et d’aujourd’hui". La mort dans l’âme…
Publié le 27-02-2023 à 16h20 - Mis à jour le 27-02-2023 à 16h21
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"O n a essayé de sauver notre restaurant… On a tout fait…" Carinne est en larmes. Elle et son mari, Ludovic (Lulu), ont arrêté les frais et annoncé à leur clientèle la fermeture définitive de leur restaurant Cuisine d’hier et d’aujourd’hui installé chaussée de Namur, 35, à Ramillies. On se souvient que le restaurant avait été victime, en janvier 2022, de tags à la peinture rouge sur toute sa façade.
"C’est éprouvant. Vous savez, depuis un an et demi, mon mari ne se verse plus de salaire. On a souffert énormément avec la crise sanitaire. Le premier confinement a été très pénible. Comme tout le monde, nous avons fait du “à emporter”. Puis, à la réouverture, avec un petit restaurant, nous étions très limités. L’associé a décidé d’arrêter, on a beaucoup hésité, et finalement, j’ai repris avec mon mari. Puis, il y a eu le second confinement…" Un nouveau coup dur avec, en outre, les exigences de l’Afsca qui sont intervenues au même moment. "Nous avons profité de cette seconde fermeture pour faire tous les travaux demandés, en essayant d’agrandir pour accueillir plus de clients. Mais financièrement, c’est devenu très compliqué."
À peine le Covid terminé, l’inflation a été la troisième claque pour les restaurateurs. "Le personnel est compliqué à trouver, les produits sont en hausse, et même si de l’extérieur, les gens voient que nous sommes complets le week-end, il faut relativiser. On affiche complet par rapport à notre capacité à recevoir, et donc avec le personnel disponible. On a bien tenté d’accueillir plus de monde, mais alors les gens doivent attendre trop longtemps, sont mécontents, cela jouait sur trop de choses auxquelles on tenait. Mais du coup, les rentrées ne suffisaient pas du tout."
Carinne et Ludovic tentent alors de se réinventer, de diversifier l’offre. "On a ouvert en mode brasserie, on a lancé des après-midi gourmands. Mais cela n’a pas suffi."
Carinne pointe aussi du doigt l’État. "Il est là pour nous prendre encore et encore de l’argent, mais il n’aide pas les indépendants, loin de là. Certains diront que des mesures existent, mais elles sont insuffisantes et ce que l’on nous prend d’un côté, on nous le reprend de l’autre. Nous, on a tout perdu ! Et que dire des reports, on nous les propose, cela prend un temps fou et cela n’arrange rien."
Le couple est désespéré. "Surtout pour notre personnel qu’on a mis un point d’honneur à payer jusqu’au bout. On a une dame de plus de 70 ans qui faisait la plonge. Sans son salaire, elle ne sait plus vivre. Que va-t-elle devenir ?"
Le couple perwézien précise aussi: "On ne ferme pas car on n’a pas de clientèle, c’est cela le plus pénible. On était apprécié. Quand je vois le nombre de marques de soutien reçues, cela fait chaud au cœur mais ça fait mal aussi… (soupir) . La clientèle est là."
"Mon mari va tenter de rester dans la restauration"
À présent, il va falloir rebondir. "On se pose beaucoup de questions. Mon mari va tenter de rester dans la restauration, car on cherche du personnel partout. Moi, là, je suis à bout, en plein burn-out. J’espère néanmoins rouvrir un jour, quand les choses s’arrangeront dans le pays. Et permettre à Lulu qui a toujours mis un point d’honneur à faire découvrir sa cuisine, de bons petits plats d’hier au goût d’aujourd’hui, de proposer à nouveau cela un jour. Ses assiettes n’avaient d’égales que ses humeurs, souvent changeantes, parfois détonantes, mais toujours généreuses."