Ramillies: Daria Kovalenko, 34 ans, réfugiée ukrainienne, est heureuse de ne pas être inactive
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Depuis lundi, nous sommes allés à la rencontre des Ukrainiens ayant trouvé refuge en Brabant wallon mais aussi de leurs hébergeurs et de responsables de CPAS. Nous clôturons ces rencontres avec Daria, hébergée actuellement au presbytère de Ramillies.
Publié le 24-02-2023 à 06h47
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Installée avec Masha, sa fille, au presbytère de Ramillies, Daria (mais tout le monde dit Dacha) Kovalenko, 34 ans, insiste: elle aurait préféré ne jamais vivre ce qu’endurent les réfugiés. "Nous avons dû nous enfuir de chez nous. Sans rien emporter. Tout est resté à la maison. Mais nous réapprenons à vivre…" Le frère et le père de Masha sont au front. D’autres proches vivent sous le son des sirènes, très souvent sans lumière, sans chaleur. "Tant de civils meurent. Par conséquent, je veux souhaiter à tous la paix et la bonté."
Daria et sa fille n’ont qu’une envie: rentrer chez elles. "En Ukraine, nous vivons dans une ville proche de la Russie. Et j’ai donné ma parole à mes parents. Nous espérons et croyons tous que la guerre prendra fin au plus tard cet été. Je veux que tout se termine au plus vite. C’est dur de vivre un tel stress tout le temps."
L’arrivée à Ramilles n’a pas été simple. "Au début, bien sûr, c’était très difficile. Lorsque j’ai fui la guerre avec ma fille et suis arrivée dans un pays étranger, j’ai eu un terrible sentiment de peur et un manque total de compréhension de ce qu’il fallait faire ensuite et de la façon de vivre en général. J’ai eu la chance que, lors de l’évacuation de notre ville, j’ai rencontré une femme, Tanya, avec ses deux enfants. Grâce à elle, ma fille et moi sommes ici. Avec elle, nous pouvons parler notre langue maternelle, partager des émotions et des expériences."
"J’avais besoin d’apprendre le français"
Car Daria et Tanya se sont retrouvées toutes les deux à Ramillies, dans une même famille d’accueil, "avec laquelle nous avons vécu pendant trois mois. Ce sont de très bonnes personnes ! Nous les remercions pour tout ce que ces gens ont fait pour nous. Cela m’a aidée à me ressaisir, à reprendre mes esprits. J’ai réalisé que j’avais besoin d’apprendre le français. Je me suis inscrite à un cours de français. Et surtout, je voulais travailler. C’est très difficile pour moi de rester inactive."
"J’avoue que dans ces moments difficiles, des pensées terribles apparaissent et on tombe alors dans la dépression… Surtout dans notre situation. J’ai toujours travaillé et subvenu à mes besoins. Tout le monde était au courant de mon désir de travailler. Le CPAS m’a aidée à trouver un emploi dans un magasin. Je travaille depuis sept mois maintenant. C’est très agréable de se sentir utile. Par contre, le travail étant une priorité, j’ai abandonné les cours de français, mais je continue à étudier le français, seule, à la maison. Maintenant j’ai l’habitude de travailler, j’ai appris à parler un peu français. Je me sens plutôt bien."
La vie quotidienne, on l’a dit et redit, est évidemment très différente en Belgique de ce qu’elle est en Ukraine. "Bien sûr. Ma vraie vie est en Ukraine, avec mes parents, mes proches, mes petits soucis… Quand je suis arrivée en Belgique, au début, je ne savais tout simplement pas que faire de toute la journée et comment me rendre utile… Mais finalement je pense qu’avec un grand désir, vous pouvez vous imposer dans votre environnement. Maintenant je sais que faire de mes journées. Je ne remercierai jamais assez mon employeur, car travailler me donne la possibilité d’être dans l’état d’une personne normale…"
"Je n’ai pas eu de grands problèmes à cause de la langue"
Reste à se faire comprendre, ce qui n’est pas toujours évident quand on ne maîtrise que partiellement la langue des autres. "Au début c’était très difficile. Surtout au travail… Expliquer à tout le monde que je ne parle pas français, c’est parfois compliqué. J’ai même vu une annonce comme quoi je ne parlais pas français… Et pour les acheteurs, il était donc nécessaire d’utiliser un traducteur pour communiquer avec moi. Mais toutes les personnes que j’ai rencontrées se sont montrées compréhensives. Au final, je n’ai pas eu de grands problèmes à cause de la langue. Mais j’avoue quand même que je me sentais souvent gênée par cette situation.
Il faut dire que très souvent, mon anglais m’a aidée. Beaucoup de gens parlent anglais ou se débrouillent, même ici à Ramillies, en pleine campagne. Nous pouvons donc parler librement. Maintenant, il y a moins de problèmes ! J’ai appris à comprendre un peu et même à répondre en français ! Ce n’est pas parfait, bien sûr, mais au moins je le fais un peu. Et j’en suis très heureuse. Le français est très difficile pour moi. Mais je continue à l’étudier et je crois que je vais réussir…"