Gabriel Ringlet: «Il y a des choses que je veux laisser…»
Gabriel Ringlet signe «Va où ton cœur te mène», un livre aux intonations de testament spirituel. Il songe aussi à l’avenir du prieuré de Malèves…
Publié le 25-09-2021 à 07h36
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YL2Q2TL56JHXNKWEP5MBC2BVGA.jpg)
Le dernier livre du prêtre et professeur émérite de journalisme à l'UCLouvain, Gabriel Ringlet, Va où ton cœur te mène (Albin Michel), retrace le parcours tumultueux du prophète Élie.
Vous racontez l’histoire de la conversion «à l’envers» du prophète Élie. Comment situez-vous ce livre parmi tout ce que vous avez déjà publié?
Je voulais faire un livre sur la naissance car beaucoup de mes ouvrages précédents parlent de la fin de vie, de la mort, des annonces nécrologiques… Ce livre parle de la jeunesse et de l’enfance.
Il m’a été inspiré par un enfant, mon filleul né il y a deux ans et sept mois. Cet enfant est une révélation pour moi. Notre rencontre est celle de deux commencements: le mien et puis le sien, celui de sa vie. La dernière partie de mon livre parle de cela: je fais le lien entre le grand et le petit Élie, c’est cette rencontre entre c’est quoi être jeune, et être vieux? J’ai essayé de dire des choses très personnelles sur ce terrain-là.
Justement, la quatrième partie du livre résonne un peu comme un testament spirituel…
Je parle effectivement de mes dernières heures qui approchent, c’est une forme de testament, parce qu’il y a des choses que je veux laisser à ce petit et à d’autres. Mais à la page suivante, je me rattrape et je dis qu’il y a encore beaucoup de choses à vivre ensemble.
Pendant le confinement, j’ai fait des longues et belles promenades dans la nature environnant le prieuré de Malèves. Au moins deux heures par jour avec le landau et ce petit être qui a commencé à s’émerveiller très jeune. L’enfant ne connaît pas le «demain». Avec un enfant, on est tout le temps dans l’instant, dans la minute. La dernière partie du livre est une façon d’interroger l’enfant qui est en nous.
Vous avez toujours clamé l’urgence d’un renouveau prophétique pour notre société. Est-ce que le Prieuré de Malèves et son équipe d’animation ne sont pas déjà dans ce renouveau? Je fais référence aux animations de la Semaine Sainte ou de la Noël qui attirent des centaines de personnes…
Enregistrée à la Ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve, la célébration de la Semaine Sainte a, cette année, été diffusée sur les plateformes de streaming, sur Vimeo et YouTube. On a comptabilisé 16 000 vues. Une des explications, c’est la musique. Avec un Didier Laloy déchaîné à l’accordéon en entrée, ça donne le ton. Après il faut trouver l’équilibre car il ne faut pas que la parole du prêtre apparaisse comme une parenthèse. Et la qualité des intervenants est évidemment essentielle également.
Parce que vous songez à votre succession et à l’avenir, vous avez des projets concrets pour le Prieuré de Malèves…
Nous sommes en réflexion par rapport à ce que nous allons faire de ce Prieuré à l’avenir. Nous voulons que le Prieuré de Malèves et son église évoluent et deviennent un lieu cultuel et culturel. Un lieu polyvalent, adapté à de nouvelles activités.
Un architecte travaille notamment à repenser complètement le chœur de l’église. La Commune est enthousiaste face à ce projet.
Ce n’est pas un tabou. Comment justifier encore aujourd’hui qu’on engage de tels frais pour entretenir les lieux de culte alors qu’ils ne sont plus fréquentés que par une poignée de fidèles? Et que même les prêtres se font rares… je préfère l’idée d’un lieu partagé où le village et la vie culturelle peuvent se développer et se sentir bien.
Vous ne craignez pas qu’on vous reproche de faciliter un glissement de l’église lieu de culte vers un lieu non-sacré?
Je n’ai jamais eu peur des reproches et aujourd’hui moins que jamais.