"Trop de pigeons meurent dans les tunnels de Louvain-la-Neuve"
Une habitante de la cité universitaire s’indigne contre la vie de misère des pigeons néolouvanistes dans les tunnels et tente de leur venir en aide.
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- Publié le 07-06-2023 à 13h58
- Mis à jour le 07-06-2023 à 14h00
"La situation des pigeons dans les tunnels de Louvain-la-Neuve est vraiment grave. Trop de pigeons y meurent, témoigne Stefka Asenova, une habitante de la cité universitaire. Pourquoi devrait-on accepter de trouver tous les jours des pigeons écrasés sur la route ?"
On ne s’en rend pas toujours compte, vu qu’on y passe en voiture, mais si on arpente les tunnels, on s’aperçoit que de nombreux pigeons nichent dans l’anneau central, celui-ci regorgeant d’endroits où ils peuvent s’installer: au-dessus des grilles pour les câbles, sur les canalisations, dans les cavités du béton…
Depuis octobre-novembre dernier, émue de la vie de misère des pigeons néolouvanistes dans les tunnels, Stefka Asenova y passe tous les jours pour voir s’il n’y a pas de jeunes volatiles à sauver. "J’ai déjà récupéré plusieurs pigeons blessés et je les ai gardés chez moi afin qu’ils se rétablissent avant de les relâcher. Je ramasse aussi les cadavres des pigeons pour les jeter. Vous savez, un jour j’entends les bruits de petits et le lendemain, quand je repasse, il n’y a plus de bruit, mais des corps écrasés sur la route… Je pense que quasiment tous les jeunes pigeons meurent de cette façon, lors de l’une de leurs premières sorties du nid. La plupart sont aussi malades, constate-t-elle. Il faut dire que la nourriture qu’ils trouvent à Louvain-la-Neuve n’est pas idéale."
Que faire ? Pour sensibiliser à la problématique et appuyer son propos, depuis le début de l’année, elle photographie les cadavres ou les taches qu’ils laissent sur l’asphalte après le passage de nombreuses voitures. Elle a lancé une pétition en ligne et sur papier qui a recueilli, pour l’instant, quelque 400 signatures. Elle a interpellé les autorités de la Ville et l’UCLouvain dont son recteur, Vincent Blondel, à qui elle a écrit.
Pour aider ces oiseaux, Stefka Asenova a pensé aux filets, pour empêcher les pigeons de s’installer. "Mais il y a bien toujours un trou qui se fait quelque part et le risque est que s’ils le trouvent, ils restent coincés (NDLR: c’est le cas dans le tunnel, au niveau du parking des jardins de la source, où il y a deux pigeons morts) ."
Elle a pensé à des panneaux pour inciter les automobilistes à faire attention. "Mais cela ne marchera pas."
Dès lors, elle souhaite qu’on donne des graines contraceptives aux pigeons pour éviter leur reproduction. Cela peut sembler contradictoire avec l’affection qu’elle leur porte. Mais il n’en est rien.
Forcément, s’il y a moins de pigeons, il y aura moins de cadavres sur les routes. Mais cette méthode de régulation, qui respecte le bien-être animal, permet surtout d’obtenir, sur le long terme, une population de pigeons saine. "Cela se fait à Ixelles (NDLR: depuis octobre 2021) où il y a une ASBL, Les Plumes d’Ixelles, active sur cette question. Il y a désormais moins de pigeons, mais ils sont en bonne santé et ils sont bien, assure-t-elle. Cette méthode ravit donc autant les personnes qui considèrent les pigeons comme une source de nuisances que celles qui sont interpellées par leurs conditions de vie. Au final, c’est un peu comme les programmes de stérilisation des chats errants."
En outre, après avoir donné les graines contraceptives, il faut pouvoir nourrir les pigeons, soutient Stefka Asenova. "Il faut que ce soit un nourrissage organisé. C’est pour l’instant interdit. Or, si ces pigeons sont là, pourquoi ne pas les nourrir correctement pour qu’ils vivent en bonne santé ? Car les pigeons sont quelque part des animaux domestiqués, dans le sens où ils dépendent très fortement des humains pour vivre et subvenir à leurs besoins."
Pour l’instant, Stefka Asenova estime de ne pas être prise au sérieux et entendue par les autorités de la Ville ou l’UCLouvain.
Un distributeur de graines contraceptives sera testé par l’UCLouvain
L’échevine du Bien-être animal, Nadine Fraselle (Avenir), que nous avons contactée, assure que ce n’est pas le cas. "Je suis sensible à la question. J’en ai parlé avec l’UCLouvain et la Gestion Centre-ville. Il y a d’ailleurs un projet de placer un distributeur de graines contraceptives près d’un des quais de déchargement dans les tunnels."
Ce sera un essai, éclaire Jean-Christophe Echement, de la Gestion Centre-Ville. "Avec l’université, on analyse comment diminuer la population de pigeons et à les chasser de certains endroits. Les pigeons causent certaines nuisances: on retrouve à certains endroits pas mal de fientes et plumes d’oiseaux, ce n’est pas très propre. Et outre la stérilisation pour diminuer la population des pigeons, on pense aussi à installer des filets à certains endroits sensibles – où il y a des gaines et installations techniques, par exemple -, pour éviter qu’ils y nichent. Il faut aussi préciser qu’il y a peu d’accidents de voiture avec les pigeons. Ceux-ci meurent avant d’être écrasés."
Et Joël Lapière, du service de gestion technique du patrimoine de Louvain-la-Neuve (UCLouvain) de préciser: "J’attends l’offre d’un sous-traitant, mais cela devrait se mettre en place dans les semaines qui viennent."