SAKIFE, une expo photos de Christophe Smets sur la santé des femmes au Kivu à voir à Louvain-la-Neuve
Louvain Coopération propose l’exposition SAKIFE du photographe Christophe Smets qui met en lumière les rôles des femmes dans le système de santé au Kivu, en RDC.
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Publié le 26-05-2023 à 14h37 - Mis à jour le 26-05-2023 à 14h38
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SAKIFE. Tel est l’intitulé de l’exposition photos visible gratuitement jusqu’au 23 juin prochain, de 10 h à 18 h, dans la salle Le Hodey, aux Halles universitaires de l’UCLouvain, à Louvain-la-Neuve. "On me pose souvent la question de savoir ce que signifie SAKIFE. C’est tout simplement la contraction de Santé Kivu et Femmes", sourit le photographe liégeois Christophe Smets (ABSL La Boîte à images).
Avec Olivier le Bussy, journaliste à La Libre Belgique, il est parti au Nord et au Sud Kivu, en République démocratique du Congo, pour mettre en lumière les rôles des femmes dans le système de santé.
Pendant trois semaines, sur février et mars 2022, il a photographié des femmes prestataires de soins, des patientes ou des victimes pour rendre compte de l’importance des différents aspects de la santé des femmes.
"J’avais proposé cette idée à Olivier avec qui j’avais déjà voyagé en Afrique. Notre point de départ était le travail du docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018 (NDLR : et fondateur, à Bukavu, de l’hôpital Panzi spécialisé dans l’accueil des victimes de violences sexuelles) et de sa vision politique car en plus du volet santé, l’hôpital fournit aussi des services juridiques aux patientes et les aide à se réinsérer dans la société. Mais je voulais aussi aller au-delà de son travail pour m’intéresser aux autres acteurs qui interviennent sur place, chacun avec leurs spécificités, comme Louvain Coopération, l’ONG de l’UCLouvain, ou Médecins du Monde. De même, je souhaitais que notre voyage aille plus loin qu’une série d’articles de presse : je voulais en faire un projet plus ambitieux et créer cette exposition."
Le photographe explique que l’extrême pauvreté au Kivu l’a fortement marqué. "Dans les zones rurales, les femmes qui travaillent dans les champs gagnent à peine 1 dollar par jour, ce qui est inacceptable. De plus, cette pauvreté entraîne dans son sillage beaucoup d’autres problèmes que ce soit de santé, autant physique que mentale, ou encore des problèmes d’instabilité dans la région", témoigne le photographe.
Et d’ajouter : "Les femmes sont les piliers de la région et comme souvent, elles sont en première ligne car elles ont la charge de la famille. C’est pourquoi je voulais les mettre en avant. Et si mes photos témoignent de leur souffrance, on y voit aussi de la résilience et elles montrent que ce sont des femmes fortes qui se battent pour s’en sortir."
"Ces enfants étaient vivants, mais ils étaient sans vie"
Christophe Smets nous parle aussi d’une photo particulièrement forte qu’il a prise : "Celle d’un petit de 4-5 ans avec un capuchon avec des oreilles sur la tête qui était dans un orphelinat où les enfants n’attendaient plus rien. Ils étaient vivants, mais ils étaient sans vie. L’image n’est pas violente, mais ce qu’elle montre bien. On y sent tout le non-dit."
C’est d’ailleurs pourquoi le photographe a choisi de travailler en noir et blanc. "Cela enlève l’artifice de la couleur pour nous permettre de nous concentrer sur les émotions dans le regard, sur la douleur qui se lit sur les visages et les corps. Dans mes photos, beaucoup de choses passent par le regard."
Depuis qu’elle existe, l’exposition SAKIFE circule à travers le monde. "Son succès est assez étonnant. En juin, elle sera présentée à Kinshasa mais aussi à Bukavu. J’espère que cela pourra donner une légitimité à ces femmes, que cela sensibilisera à leur situation et que cela pourra améliorer leurs conditions de vie", conclut Christophe Smets.
www.louvaincooperation.org ; laboiteaimages.eu.