Louvain-la-Neuve : 30 mois de prison pour avoir défiguré une jeune fille
Il enseigne la philosophie, se dit plein d’humour, mais défigure une jeune fille à l’aide d’un cendrier. Trente mois de prison.
Publié le 23-05-2023 à 20h22 - Mis à jour le 23-05-2023 à 20h23
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Surréalisme à la belge, à l’audience correctionnelle de Nivelles le 29 mars dernier. Sur le banc des accusés, un Ottintois, Mounir Ben A., accusé de coups portés à une jeune fille qui s’est retrouvée en incapacité de travail de plus de quatre mois. Elle est absente, mais ses parents sont dans la salle.
Il affirme ne pas comprendre ce qu’il fait là. À l’écouter, il a un sens affiné de l’humour et il apporte de la fraîcheur dans les soirées qu’il anime.
Ce n’était manifestement pas le cas le soir du 16 novembre 2021, soit cinq jours après avoir tenté d’embrasser Zoé (prénom d’emprunt) qu’il va donc rencontrer à nouveau alors qu’elle est entourée d’un groupe d’amis.
Il reçoit une (ou deux) gifles à l’arrière de la tête. Pour toute réponse, il empoigne un lourd cendrier rempli de mégots avec lequel il frappe la jeune femme au visage avec une telle violence qu’elle aura le nez cassé et portera plusieurs cicatrices profondes.
Elle multipliera les rendez-vous avec les chirurgiens et rencontrera quatre spécialistes dont l’un lui dira: "Vous ressemblerez à un pirate toute votre vie". Elle restera plusieurs mois sans savoir s’exprimer sur cet incident qui ne semble pas avoir affecté son auteur.
"J’avais le choix entre plusieurs verres vides et un cendrier, déclara le prévenu au tribunal. J’ai réagi de manière impulsive, pour me défendre, sans identifier la cible. J’ai frappé à l’aveugle…"
"Une version particulièrement ridicule", considéra Me Daniel Spreutels qui réclama un dommage de 10 000 €. Il lut une lettre écrite par sa cliente dans laquelle elle exprime la difficulté qu’elle a encore à affronter le regard des gens qu’elle croise. "Mon cœur saigne", conclut-elle. L’avocat présenta la photo de la victime au tribunal et à la substitute, laquelle l’invita à la montrer au prévenu et à son avocate.
Le ministère public qualifia d’indéfendable la position de l’avocate du prévenu qui allait plaider la provocation. Elle requit une peine de deux ans de prison pour un prévenu "désinvolte" et qui n’a pas la moindre empathie pour la victime.
Le tribunal inflige 30 mois de prison avec sursis avec amende ferme de 1 600 €, 10 000 € à titre provisionnel. Un expert est chargé d’évaluer l’importance du dommage.