"Cette pièce, c'est Jim Harrison, Patagonia et nous là-dedans": à voir au Vilar, à Louvain-la-Neuve
La prochaine création au Vilar, "Patagonia, Arizona", nous emmène sur les traces de Jim Harrison et Patagonia, un petit village d’Arizona.
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Publié le 10-05-2023 à 11h46 - Mis à jour le 10-05-2023 à 11h47
Pour beaucoup, même s’ils ne le savent pas forcément, Jim Harrison, c’est l’auteur de Légendes d’automne, recueil de nouvelles adapté en 1994 au cinéma par le réalisateur Edward Zwick et avec comme acteurs principaux Brad Pitt et Anthony Hopkins. Pour Brigitte Baillieux et Mathilde Schennen, c’est l’auteur qui les a amenées à découvrir Patagonia, petit village de 800 âmes, en Arizona, dans le Sud-Ouest américain où l’écrivain passait six mois de l’année et où il est mort en 2016. Cette double "rencontre", sur les qui les a transformées, racontent-elles avec enthousiasme.
Parties sur les traces de Jim Harrison à Patagonia, elles reviennent avec un documentaire poétique, une quête romanesque: Patagonia, Arizona. La pièce, création de La Maison Éphémère (Orp-Jauche) en coproduction avec Le Vilar, sera jouée du 16 mai au 2 juin au théâtre Blocry, à Louvain-la-Neuve.
"Il y a 7 ans, je suis partie vivre à Phoenix, en Arizona, même s’il est difficile d’expliquer rationnellement pourquoi, témoigne Mathilde Schennen. J’ai alors découvert que Jim Harrison avait vécu à Patagonia, à 3 h de route de Phoenix. Avant de partir aux États-Unis, j’avais travaillé sur un spectacle avec Brigitte où elle mentionnait Jim Harrison comme un auteur qui l’inspirait beaucoup. Je suis donc allée voir Patagonia. Pour moi, c’est un lieu enchanteur, il y a quelque chose en moi qui revivait, c’est un lieu qui me donne de l’espoir. Je me suis dite: “Ah, si Brigitte, tu étais là…”"
La graine était semée et Brigitte Bailleux s’est rendue en Arizona. "J’ai eu les mêmes sensations. C’est un cadre magique, enchanteur. J’ai eu envie d’investiguer, de rencontrer les gens, de parler avec eux de leurs souvenirs avec Jim Harrison et d’être au contact avec cette nature sauvage."
"Une obligation de se simplifier la vie"
Pour ce faire, les deux artistes vont rester un mois à Patagonia, "un lieu de simplicité qui vit au rythme des gens, continue Mathilde Schennen. Ce n’est pas un lieu de bruit et de dispersion. Le temps s’arrête là-bas. Il y a une obligation de se simplifier la vie pour écouter, observer. On y retourne à l’essentiel et pourtant la vie n’y manque pas."
Et Brigitte Baillieux d’ajouter: "À Patagonia, les gens se parlent, quelles que soient leurs opinions politiques, leurs origines. Ils cherchent à comprendre, sans dénigrer les autres. Ils sont dans le dialogue. Et pour parler de Jim Harrison, on ne voulait pas aller chercher ses amis écrivains qui auraient pu avoir un discours littéraire, universitaire mais les petites gens, comme ceux dont il parle dans ses romans et nouvelles. Ainsi, on est parti de l’écrivain pour arriver à l’homme, Jim."
"Un esprit libre qui vivait à la marge"
Mais quelle image garde-t-il de lui ? "Ils parlent d’un homme pas prétentieux qui aimait les gens, répond Mathilde Schennen. D’un esprit libre qui vivait à la marge. Il ressemblait à un clochard. Ils parlent de quelqu’un de vrai, de drôle qui aimait la vie, manger, boire, fumer… Il aimait marcher dans la nature où il trouvait une solitude ressourçante. La nature est d’ailleurs un grand élément rassembleur de la communauté. Les gens y ont un grand amour pour elle, un grand respect aussi. Là-bas, on est pris par le charme et la force de la nature."
Patagonia est en outre situé sur un important couloir migratoire d’oiseaux. "Jim Harrison était d’ailleurs passionné par les oiseaux qu’il a appris à reconnaître sur des cartes où étaient repris les dessins de l’ornithologue Audubon. Dans son œuvre Jim Harrison a beaucoup écrit sur la nature et les oiseaux qui ont une importante charge symbolique: ils sont fragiles mais forts en même temps, ils sont beaux, ils peuvent traverser les frontières… On ne sortira pas du spectacle avec plus de connaissance sur eux mais sans aucun doute avec l’envie de les écouter et de les regarder", sourit Brigitte Bailleux.
"Les oiseaux permettent aussi de faire des parallèles avec la migration des humains et de questionner nos rapports à la migration, le Mexique n’étant qu’à 12 kilomètres de Patagonia", indique Mathilde Schennen.
Un spectacle sensoriel à vivre comme une expérience, selon les deux comédiennes
De leur voyage, les deux comédiennes sont revenues avec des interviews, des images, des sons et avec "l’envie de partager nos sensations sur ce lieu loin des clichés qu’on a du Sud-Ouest américain, précise Mathilde Schennen. Ce sera un spectacle très sensoriel où réalité et fiction s’entremêlent et à vivre comme une expérience. Au final, ce spectacle, c’est Jim Harrison, Patagonia et nous là-dedans car il y a beaucoup de subjectivité. C’est notre Patagonia qu’on présente. Et des Patagonia, il y en a plein sur cette Terre et ils nous invitent à regarder le monde différemment et à s’y engager."