Louvain-la-Neuve : la condamnation de l’UCLouvain pour harcèlement d’une professeure plaidée ce jeudi devant la cour du travail de Bruxelles
"Ma cliente a été victime de harcèlement, car l’Université a commis une série de comportements abusifs", a plaidé Me Violaine Alonso.
Publié le 06-04-2023 à 21h46 - Mis à jour le 07-04-2023 à 09h15
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Me Violaine Alonso, avocate de la professeure Caroline Nieberding, a plaidé, ce jeudi après-midi, devant la cour du travail de Bruxelles, la condamnation de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), employeur de sa cliente, pour harcèlement. Me Violaine Alonso estime que l’établissement n’a pas respecté ses obligations, n’ayant pas mis en place une véritable solution pour protéger Caroline Nierberding des remarques sexistes, des agressions verbales et autres dont elle était victime de la part de collègues masculins au sein de l’Earth and Life Institute (ELI).
L’avocate de la professeure en écologie terrestre à l’UCLouvain a demandé à la cour d’aller un cran plus haut que le premier juge. "Pour le tribunal du travail du Brabant wallon, Caroline Nieberding a été victime par l’Université de violence au travail, estimant qu’il s’est agi d’un fait isolé. Mais pour moi, ma cliente a été victime de harcèlement, car l’Université a commis une série de comportements abusifs, notamment le fait de maintenir son exclusion de l’ELI sans médiation préalable", a soutenu Me Alonso.
L’avocat de l’UCLouvain a, quant à lui, affirmé que sa cliente a bien tenté de mettre en place une médiation, mais que celle-ci a échoué à la suite du refus de deux professeurs visés par les plaintes de Caroline Nieberding d’y participer.
À cela, M Alonso a répliqué qu’il n’y a aucune preuve de cette initiative: "Rien ne permet de constater que l’UCLouvain a été proactive dans la mise en place de cette médiation", a-t-elle avancé.
Selon la loi relative au bien-être des travailleurs, un employeur doit identifier les situations qui peuvent mener à des risques psychosociaux au travail, en déterminer les risques et les évaluer. Il doit aussi prendre les mesures nécessaires pour prévenir ces situations et pour prévenir les dommages qui en découlent.
Professeure à l’UCLouvain depuis 2008
Caroline Nieberding est professeure à l’UCLouvain depuis 2008. Elle a intégré un institut de sciences composé uniquement d’hommes et, très vite, selon son récit, elle a subi des gestes déplacés de ses collègues, des propos sexistes, et d’autres types de discrimination. Au bout de quelque temps, elle a dénoncé ces comportements auprès du vice-recteur à la politique du personnel. L’UCLouvain a réagi en commandant un rapport, lequel identifie un certain sexisme dans le "pôle" où travaillait Caroline Nieberding. Plus tard, c’est une enquête que l’UCLouvain a décidé de faire mener. Elle confirmera les résultats du premier rapport et recommandera la mise en place d’une médiation.
Une telle mesure n’a jamais été mise en place, plusieurs professeurs visés pour de possibles comportements sexistes ayant refusé de prendre part à une discussion avec la direction de l’université et Caroline Nieberding. Par contre, l’UCLouvain a pris la décision d’exclure l’enseignante du "pôle" où elle était en contact avec les collègues dont elle a dénoncé les comportements.
L’arrêt de la cour du travail sera prononcé le 4 mai prochain.