Pour rendre les objets électriques et électroniques réparables: le mémoire de Justine Lebrun à l'UCLouvain
Justine Lebrun a réalisé un mémoire à l’UCLouvain s’intéressant à la réparabilité des électroménagers. Car on en jette beaucoup trop.
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Publié le 10-03-2023 à 16h09 - Mis à jour le 10-03-2023 à 16h10
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"On jette beaucoup trop d’objets électriques et électroniques, entame Justine Lebrun, ingénieure spécialisée en mécanique, diplômée de l’École polytechnique de Louvain-la-Neuve (UCLouvain). En 2020, en moyenne dans le monde, chaque personne a jeté 7,3 kilos de déchets électriques et électroniques. Selon des chiffres de l’ONU, chaque année, la quantité de ce type de déchets augmente de 4 à 5%. D’ici 15 ans, on aura donc doublé leur quantité par rapport à cette année."
Mais nous ne sommes pas sans ressources pour infléchir la tendance. Durant ses études, Justine Lebrun a, par exemple, réalisé un mémoire s’intéressant à la réparabilité des petits et grands électroménagers.
C’est une des recherches menées à l’UCLouvain dans le cadre de Sharepair. Ce projet européen a pour objectif d’aider les citoyens à réparer davantage leurs objets électriques et électroniques. Depuis 2020, la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve et celle de Louvain ont participé, avec divers partenaires, à ce projet dont l’événement de clôture s’est tenu ce vendredi 10 mars.
"Pourquoi se débarrasse-t-on de nos objets électriques et électroniques ? reprend Justine Lebrun. Non seulement, il manque de réparateurs et donc l’expertise pour les remettre en état. Et l’industrie produit aussi des produits très difficilement réparables, que ce soit pour garder leur propriété intellectuelle sur ceux-ci ou pour que les gens rachètent un objet plutôt que de le réparer. Sans oublier la question de l’obsolescence programmée. Le but de mon mémoire était de définir une nouvelle économie des objets, plus durable, moins linéaire."
"Un objet est réparable si c’est pensé à sa conception"
La jeune femme a dès lors démonté un mixeur à main, "le genre d’objets que tout le monde a dans sa cuisine", pour voir comment il était construit et observer les barrières qui empêchent de le réparer.
"Il faut changer la manière dont on conçoit les objets. Certains objets ne sont pas démontables car ses pièces sont collées et on ne peut rien faire, si ce n’est les casser. Certains fabricants utilisent aussi des vis pour lesquelles seuls eux ont le tournevis adéquat. Cela empêche donc de les réparer. Pourtant, la réparation d’un objet est possible si elle est envisagée dès la conception de celui-ci."
Parmi les conditions pour faciliter la réparabilité des objets et la reproductibilité des pièces, il faut aussi que les pièces soient standardisées et les plans accessibles à tous.
Cela permettrait de traiter localement les réparations, notamment dans un "fablab" (laboratoire de fabrication communautaire), comme celui de Louvain-la-Neuve, où on pourrait reproduire les pièces à l’aide d’une imprimante 3D, par exemple.
"Il y a plusieurs milliers de “fablabs” dans le monde et ils forment un réseau. Tous utilisent les mêmes machines, tout est en quelque sorte standardisé, indique Régis Lomba, le responsable du"fablab"de Louvain-la-Neuve hébergé par l’UCLouvain et ouvert à tous. Les machines, imprimantes 3D, découpeuse laser, par exemple, sont accessibles à tous, sans danger. Rapidement, on peut être autonome dans leur utilisation."
Un mixeur à main transformé en ventilateur
Après avoir reproduit les pièces du mixeur dans le "fablab", Justine Lebrun les a aussi réutilisées pour créer un ventilateur et ainsi leur donner une nouvelle fonction.
"L’objectif n’était pas de produire un objet en tant que tel mais d’explorer les possibilités de transformer l’économie des objets et montrer qu’un autre modèle est possible. On aura besoin de l’industrie pour y arriver mais il reste encore beaucoup de travail si on veut révolutionner cette économie afin de réduire l’impact environnemental lié non seulement à la production des objets mais aussi au cycle de vie de ceux-ci. Des pas vont toutefois dans le bon sens, par exemple, l’indice de réparabilité mis en place en France."
Cet outil qui vise à sensibiliser les consommateurs sur le caractère plus ou moins réparable des objets qu’ils achètent a été lancé en janvier 2021. Il concernait alors les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les tondeuses à gazon et les lave-linge hublot. En novembre dernier, les lave-linge top, les lave-vaisselle, les aspirateurs et les nettoyeurs haute pression ont été ajoutés à la liste.
Pour l’anecdote, Justine Lebrun a réussi son mémoire.