L’UCLouvain féminise le nom de 11 bâtiments
À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, l’UCLouvain a féminisé le nom de 11 de ses bâtiments. D’autres suivront.
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Publié le 07-03-2023 à 16h01
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Il y a les auditoires Sainte-Barbe et les auditoires Pierre et Marie Curie. Et c’est tout. Les femmes sont très peu nombreuses à donner leur nom à un bâtiment de l’UCLouvain, à Louvain-la-Neuve. Le constat vaut pour ses autres sites aussi. Et il avait été dénoncé par des collectifs étudiants. Le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, ils avaient d’ailleurs renommé des auditoires afin de rendre hommage à des femmes inspirantes et regretter la sous-représentativité des femmes dans l’espace public. Mais ça, c’était avant.
Ce mardi 7 mars, veille de la Journée internationale des droits des femmes, le nom de 11 bâtiments de l’université a été féminisé, dont 7 à Louvain-la-Neuve.
Andrée de Jongh, Hannah Arendt, Rosa Luxemburg...
Le learning center - on ne dit plus bibliothèque tant les usages ont changé - Montesquieu est devenu le learning center Andrée de Jongh, du nom de cette infirmière et résistante belge, membre du réseau d’évasion Comète.
Le learning center Mercier s’appelle désormais le learning center Christine de Pizan, première femme de lettres à avoir vécu de sa plume au XVe siècle.
Divers locaux de l’animation étudiante gérés par l’AGL (assemblée générale des étudiants de Louvain-la-Neuve) changent aussi de noms : le Foyer devient Hannah Arendt, politologue et philosophe allemande ; ne dites plus Ratatouille mais Rosa Luxemburg, théoricienne marxiste allemande d’origine polonaise ; le Post’ se nomme, lui, Joanne Simpson, première femme docteure en météorologie aux États-Unis.
Le bâtiment du Miil (Media information and intelligibility Lab, soit la plateforme d’innovation en production et appropriation digitales de l’UCLouvain) prend le nom d’ Alice Guy, la première réalisatrice et productrice française.
Et le data center de l’université, un bâtiment méconnu qui n’avait pas encore de nom, a été baptisé Frances Elizabeth Allen, du nom d’une informaticienne américaine.
À Woluwe, le learning center Hippocrate devient le learning center Isala Van Diest, première femme à avoir exercé la médecine en Belgique. À Mons, le bâtiment L prend le nom de Michaelina Wautier, peintre montoise ayant connu la célébrité de son vivant au XVIIe siècle puis tombée dans l’oubli car ses œuvres avaient été attribuées à... son frère. À Saint-Gilles, l’auditoire AR-06 devient Jeanne Van Celst, l’une des premières femmes belges à s’imposer dans le milieu de l’architecture. Et à Tournai, le Grand hall porte maintenant le nom de Simone Guillissen-Hoa, architecte, parmi les premières femmes en Belgique à avoir participé à des projets d’envergure.
"Visibiliser des femmes trop souvent restées dans l’ombre"
Voilà de quoi "visibiliser des noms de femmes qui ont œuvré pour la société mais qui sont trop souvent restées dans l’ombre, indique l’UCLouvain. L’autre objectif est de donner des modèles d’inspiration aux générations à venir."
L’espace public n’est pas neutre et est bien trop souvent dominé par les hommes. "Or, la philosophie grecque ne se résume pas à Platon et Socrate. Il y avait aussi des femmes philosophes. De même que des femmes ont marqué les sciences. Mais de manière générale, les femmes qui ont marqué l’histoire et la société restent méconnues. Il est donc important de les faire connaître et donner aux femmes une place dans l’espace public en trouvant, pour des bâtiments, des noms de femmes inspirantes qui peuvent servir de modèle, non seulement pour les étudiantes et les étudiants mais aussi pour toutes les personnes qui traversent nos campus. Des panneaux explicatifs sont d’ailleurs ajoutés et sont munis d’un QR Code pour ceux et celles qui voudraient aller plus loin", explique Anne-Catherine Simon, professeure de linguistique, vice-doyenne de la faculté de philosophie, arts et lettres, conseillère du recteur Vincent Blondel et coordinatrice du groupe de féminisation des auditoires de l’UCLouvain.
Ce groupe a été lancé en septembre 2022 et est composé de 9 membres (académiques, scientifiques, administratifs, étudiants) pour penser et mettre en œuvre cette féminisation de la dénomination des espaces universitaires, précise l’université.
Son travail a abouti à l’adoption, le 8 février dernier par le Conseil rectoral, d’une charte fixant les balises pour attribuer un nom aux espaces universitaires.
"Elle reconnaît que l’attribution d’un nom est l’occasion de promouvoir les valeurs de l’UCLouvain en reconnaissant les contributions de personnes exceptionnelles qui peuvent servir de modèles et reflètent la diversité de la communauté universitaire", lit-on dans son introduction.
"Et il n’y a pas que la diversité de genre qui doit être prise en compte. L’idée est aussi de mettre en avant les minorités, quelles qu’elles soient. L’université se doit d’être attentive à cela", ajoute Anne-Catherine Simon.
Les auditoires Agora seront rebaptisés
La féminisation des noms de lieux de l’UCLouvain de ce mardi n’était qu’une première salve. D’autres espaces changeront de noms à l’avenir, y compris d’auditoires à Louvain-la-Neuve.
Pour ces derniers, pour des questions informatiques et organisationnelles, notamment des examens, il est préférable d’opérer ces changements en début d’année académique. C’est pourquoi les auditoires Agora, par exemple, n’ont pas encore été rebaptisés avec le nom d’une femme d’exception. Mais cela viendra.