Achat/vente de véhicules: des escroqueries en série, à Ottignies, Zaventem, Paliseul...
Utilisant de faux noms, des papiers fabriqués à Londres et des sociétés bidon, des Brésiliens achetaient des voitures à crédit pour les revendre.
Publié le 04-02-2023 à 07h04 - Mis à jour le 05-02-2023 à 10h16
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Début août 2017, un détective travaillant pour la société D’Ieteren Finance transmet à la police des documents établissant que deux personnes ont acheté une VW Golf à 27 000 € dans une concession automobile d’Ottignies, en utilisant de faux documents d’identité et de fausses fiches de salaire pour obtenir un crédit. Lequel, évidemment, n’a pas été payé. Ces deux personnes n’habitent pas Grez-Doiceau comme elles l’ont affirmé, et la société attestant de leur statut de salarié est bidon.
D’après les informations du détective, les intéressés viennent aussi de commander, sous une autre identité encore, une Audi A3 cabriolet dans un garage de Drogenbos. Ce véhicule n’a pas encore été livré et les policiers attendront, le jour J, que les suspects se présentent pour en prendre possession.
La police arrêtera ainsi, le 4 août 2017, trois auteurs: l’un est venu enlever l’Audi en conduisant la Golf et deux autres attendent dans une Peugeot… qui a fait l’objet du même type d’escroquerie dans une concession de Court-Saint-Étienne. Les plaques d’immatriculation de ces véhicules étaient établies au nom d’une société de Paliseul, qui n’avait pas d’activité réelle.
L’homme qui compte repartir avec l’Audi cabriolet a sur lui plusieurs fausses cartes d’identité.
L’interception des suspects permettra aux enquêteurs de remonter jusqu’à un appartement d’Etterbeek, où une perquisition s’avérera plus que positive. On trouve là, bien rangés dans divers classeurs, des bons de commande et de faux documents – fausses cartes d’identité portugaises et italiennes, fausses fiches de paie, etc. – qui ont permis d’acheter une Golf à Zaventem, une autre à Courrière, une Peugeot à Libramont, une Chevrolet et une Opel Astra à Bruxelles… Une autre Golf est aussi en cours de commande dans une concession de Naninne.
Les faux papiers venaient de Londres
Les escrocs utilisaient une technique relativement simple. Ils commandaient de faux papiers à Londres via WhatsApp et payaient par Western Union. Des comptes en banque étaient ouverts à ces noms inventés, de fausses fiches de paie étaient établies par des sociétés bidon fondées par des membres de la bande, et servaient à obtenir des prêts pour l’acquisition des voitures.
Les véhicules étaient revendus rapidement et partaient à l’étranger – on en a retrouvé un au Portugal – et lorsque les garages ou les organismes de crédit s’apercevaient de la supercherie, ils ne trouvaient plus personne. Il est aussi arrivé que les crédits soient obtenus pour des voitures d’occasion en vente sur un site internet spécialisé.
Lorsque les banques ont commencé à se méfier des cartes d’identité portugaises et italiennes servant à ouvrir de nombreux comptes suspects, les auteurs ont introduit auprès de certaines communes, comme Libramont, Paliseul ou encore Huy, des demandes d’attestation d’enregistrement en utilisant des documents belges.
29 alias
Le coup de filet de 2017 à Drogenbos a permis d’amener quatre prévenus d’origine brésilienne et ayant grandi à Bruxelles devant le tribunal correctionnel du Brabant wallon, mardi. L’un d’eux utilisait pas moins de 29 alias, devenant au besoin portugais, brésilien ou italien, chaque fois avec un nom et une date de naissance différente. Il a été arrêté en possession de 14 cartes bancaires et gérait deux sociétés bidon. Un de ses comparses était à la tête de onze autres !
Des peines de 40 mois d’emprisonnement ont été requises à l’encontre des trois principaux prévenus. Les avocats de la défense, évoquant notamment l’écoulement du temps, ont plaidé des peines de travail.
Le jugement sera rendu le 7 mars.