Pas d’abri de nuit en Brabant wallon, mais un projet pilote de places d’urgence
Face au sans-abrisme, le Relais social va lancer un projet qui se veut novateur et basé sur des places d’urgence avec un accompagnement des bénéficiaires.
Publié le 26-01-2023 à 06h01 - Mis à jour le 26-01-2023 à 08h05
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Il n’y aura pas d’abri de nuit en Brabant wallon pour accueillir les personnes sans domicile fixe, mais un dispositif d’hébergement d’urgence alternatif va être mis en place par le Relais social, l’intercommunal qui coordonne, depuis fin 2021, les acteurs luttant contre la grande précarité dans notre province.
Le projet pilote est mené avec les CPAS d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, Wavre et Nivelles. L’idée est que les partenaires mettent à disposition du Relais social des "places d’urgence". L’objectif est de mettre à l’abri les personnes sans hébergement en situation de vulnérabilité mais surtout, et c’est là le côté novateur du projet par rapport à un abri de nuit, d’assurer un accompagnement pluridisciplinaire de ces personnes pour les aider à retrouver une stabilité de vie. Le projet permet en outre de mutualiser les moyens pour prendre en charge les sans-abri.
"Avec ce projet, on sécurise les personnes. On leur permet de se poser, de se refaire. Ensuite, on entame les démarches vers une réinsertion, explique Maëlle Dewaele, la coordinatrice du Relais social. La durée de la prise en charge est d’un mois, renouvelable jusqu’à six mois maximum."
La coordinatrice est bien consciente que le Relais social ne pourra pas répondre à toutes les demandes, car, dans un premier temps, "le dispositif sera limité pour le tester. Mais on espère l’étendre petit à petit à d’autres partenaires et ainsi augmenter le nombre de places d’accueil".
Lors du conseil communal d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, mardi soir, les élus étaient appelés à approuver la charte de partenariat et la convention type d’accompagnement, de quoi permettre au projet de se lancer.
Le CPAS ottintois va mettre à disposition deux logements au Relais social, a précisé l’échevine des Affaires sociales, Nadine Fraselle (Avenir).
« Une nouvelle usine à gaz »
Le projet ne convainc toutefois pas OLLN 2.0-MR (minorité). "La mutualisation des logements d’urgence telle qu’elle est proposée via ce partenariat peut être une idée intéressante mais à une seule condition, que chaque partenaire apporte au réseau un certain nombre de logements, soutient Jacques Otlet. Or, dans ce dispositif, il n’est nullement question d’un tel apport. On nous propose un principe, mais sans moyen concret, cela peut s’apparenter, malheureusement, à une nouvelle usine à gaz qui créera de nouvelles charges pour la coordination et l’accompagnement mais n’apportera pas de mieux pour nos habitants."
Actuellement, le CPAS dispose de deux logements d’urgence et cinq logements de transit, "c’est nettement insuffisant vu le nombre de familles ottintoises qui sont en attente d’un logement social et en réelle difficulté pour trouver un toit à un prix raisonnable en attendant une attribution hypothétique d’un logement social, a-t-il ajouté. Encore ce matin, j’ai reçu un appel d’une maman de trois enfants, complètement paniquée, qui va se retrouver sans toit le 1er mars prochain et à qui le CPAS a dit qu’il ne savait rien faire car tous ses logements d’urgence et de transit sont occupés."
« Que le CPAS loue des logements aux sociétés de logement public »
Le conseiller propose, lui, au CPAS de négocier avec les deux sociétés de logement public présent dans la localité (IPBW et Notre Maison) pour qu’elles lui louent une vingtaine de logements "dont vous auriez la maîtrise de l’attribution pour nos urgences, moyennant un coût très raisonnable" qu’il estime à 60 000 € par an, sur un budget annuel du CPAS qui s’élève à quelque 20 millions €. La Commune de Waterloo procède ainsi, a-t-il dit.
L’échevine a reconnu que le nombre de logements était "insuffisant", mais "on est au début d’un processus".
La bourgmestre, Julie Chantry (Écolo) a insisté sur "l’énorme" plus-value du projet, à savoir l’accompagnement au quotidien des personnes bénéficiaires.
Le président du CPAS, Michaël Gaux (Avenir), a précisé que le projet visait à répondre à une problématique précise et non pas aux enjeux globaux du logement.
Il a ajouté, au sujet de la proposition de Jacques Otlet, que le président de l’IPBW, Cédric Jacquet, aussi conseiller communal OLLN 2.0-MR à Ottignies-Louvain-la-Neuve, lui avait proposé de se rencontrer pour y travailler.
Au final, OLLN 2.0-MR s’est en partie abstenu de même que Kayoux qui n’avait pas de vote à reporter au conseil n’ayant pas organisé d’assemblée citoyenne préalable à la séance.
L’abri de nuit, une obligation depuis… 2016
Pour rappel, le Brabant wallon ne dispose pas d’un abri de nuit pour les personnes sans domicile fixe. Pourtant, depuis 2016, un décret impose la présence d’au moins une structure de ce type dans chaque province. Différents projets ont été proposés sans aboutir jusqu’à la création du Relais social.