La thermographie aérienne en Brabant wallon, utile ou gadget ?
En 2013, Fernelmont avait été une commune pilote en la matière. Pour son conseiller en énergie, la thermographie est utile si un accompagnement des citoyens est prévu.
Publié le 24-01-2023 à 15h44 - Mis à jour le 24-01-2023 à 15h51
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Ces prochains jours, le Brabant wallon sera survolé, la nuit, par un petit avion de la société Action Air Environnement pour réaliser une thermographie aérienne. Celle-ci doit permettre d’établir un diagnostic des déperditions de chaleur en toiture de l’ensemble des bâtiments publics et privés. Mais une telle opération est-elle utile ou est-ce un simple gadget ?
Pour répondre à la question, nous avons interrogé le conseiller en énergie de Fernelmont, Clément Cassart. En 2013, une thermographie aérienne a en effet été réalisée dans cette commune du Namurois ainsi qu’à Andenne, avec l’aide du BEP (Bureau économique de la Province de Namur).
"Quand l’avion a survolé Fernelmont, cela faisait à peine deux mois que j’étais en fonction, se souvient Clément Cassart. Au départ, l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) avait émis un avis négatif sur ce projet estimant que c’était un gadget et qu’on ne pouvait pas trop se fier à la précision des résultats. Mais suite à l’expérience à Andenne et Fernelmont, elle a changé d’avis sur la question."
Un outil de sensibilisation
Pour le conseiller en énergie, réaliser une thermographie aérienne est une bonne idée car "c’est un outil de communication pour donner de la visibilité au plan énergie climat de la Commune mais surtout pour initier le contact avec la population. L’objectif est de susciter la curiosité des citoyens, de les sensibiliser et de les amener à envisager les questions énergétiques autour de leur habitation."
Clément Cassart souligne qu’à Fernelmont, les émissions de CO2, si on retire celles associées à l’autoroute E 42, sont principalement liées au logement résidentiel. "Travailler l’isolation des bâtiments est donc le premier levier sur lequel s’appuyer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre."
Là où le conseiller en énergie insiste, c’est que pour remplir pleinement son rôle et atteindre ses objectifs, la cartographie seule ne suffit pas. "C’est un point de départ." Ensuite, il faut accompagner les citoyens, "cela doit être au cœur de la démarche". Il faut, en quelque sorte, assurer le service après-vente.
Dans un premier temps, les citoyens étaient invités à prendre rendez-vous au guichet énergie de la localité. La cartographie de Fernelmont n’était d’ailleurs pas librement consultable, ayant été intégrée à WalOnMap, la carte en ligne du Géoportail de la Wallonie, que par après.
L’objectif était double. Tout d’abord, il fallait pouvoir lire les résultats de la cartographie. "Il ne faut pas lire la couleur de façon brute mais se poser différentes questions avant de tirer des enseignements. Est-ce que la pièce sous le toit était chauffée ou non lors du survol ? Est-ce que c’est le toit qui est isolé ou le plancher du grenier ? Tout cela a une influence sur la cartographie. Il est donc nécessaire d’interpréter les résultats et c’est pourquoi il faut des agents formés pour aider à cette interprétation."
Aider à se retrouver dans le dédale des primes à la rénovation
Ensuite et peut-être surtout, cette rencontre permettait de sensibiliser les citoyens à la rénovation énergétique de leur habitation et de parler des primes et aides existantes. "Car c’est un vrai dédale, beaucoup de primes existent et il faut parfois se faire aider pour s’y retrouver et montrer que ce n’est pas si compliqué que ça. Dans un second temps, on peut aussi aider à analyser les devis reçus, etc."
Le conseiller en énergie estime qu’entre 10 à 20% des ménages de Fernelmont avaient pris contact avec lui pour parler de la thermographie aérienne dans les deux ans qui ont suivi sa création. "Et les demandes de prime à l’isolation de la toiture avaient augmenté. L’effet de la thermographie fut donc positif. Même si le chemin reste encore long pour atteindre nos objectifs en matière de réduction des émissions de CO2."