Piscines en Brabant wallon : quelles mesures face à la crise énergétique ?
Pour de nombreux gestionnaires de piscines, les temps sont durs et les perspectives d’avenir laissent craindre le pire. Selon une étude menée par l’Association des établissements sportifs (AES), l e risque de fermeture est même bien présent : un établissement public sur deux y songe. Qu’en est-il en Brabant wallon ?
Publié le 23-01-2023 à 16h45 - Mis à jour le 24-01-2023 à 12h48
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Dans les autres bassins du Brabant wallon, nous avons fait un petit tour d’horizon :
Nivelles : des mesures ont déjà été prises
Dès l’an dernier, vu l’explosion de coûts de l’énergie, la Régie communale autonome des sports (RCA), à Nivelles, a planché sur des mesures permettant de ne pas compromettre le fonctionnement de la piscine de la Dodaine qui avait été rénovée en profondeur en 2017. Des tests ont été effectués sur le système de cogénération pour déterminer une manière optimale de tourner en consommant le moins possible d’énergie, et le conseil d’administration avait indiqué par ailleurs réfléchir à une augmentation des tarifs.
Cette augmentation des tarifs est appliquée depuis le 1er janvier, et ne semble pas avoir découragé les nageurs. L’échevin des Sports et président de la RCA, Germain Dalne, confirme la très bonne fréquentation des dernières semaines, en concédant que l’augmentation annoncée a provoqué un pic de la prise d’abonnements fin 2022. Le bassin de la Dodaine bénéficie aussi, en termes de fréquentation, de la fermeture de la piscine de La Louvière jusqu’à la fin du mois de janvier.
Alors que les années précédentes, la piscine fermait lors des congés de carnaval, la fermeture pour entretien a eu lieu durant les fêtes, ce qui permettra à la fois d’accueillir des nageurs au carnaval et de proposer des stages. Par ailleurs, la RCA a acquis une sorte de château gonflable aquatique qui devrait attirer un public d’ados.
"En ce qui concerne les prix de l’énergie, on a prévu de le multiplier par 3,5 dans le budget 2023 et vu les éléments dont nous disposons, on espère que nous serons en dessous de ce montant, ajoute Germain Dalne. Il n’y a en tout cas pas d’indicateurs pour nous dire que ce sera pire que ce que nous avons prévu. Mais c’est un peu tôt pour le dire, vu que nous n’avons pas encore reçu la première facture du nouveau contrat. Nous sommes dans le marché négocié par l’IPFBW, avec 50 % fixe et 50 % variable. On verra ce que ça va donner."
On n’est donc pas spécialement inquiet, du côté du parc de la Dodaine. Mais des investissements sont également programmés pour prévoir l’avenir. Un montant de 400 000 € est budgété pour placer, sans doute dès 2023, des panneaux photovoltaïques qui devraient permettre d’autoproduire de 40 % à 50 % des besoins en électricité.
Lors de la dernière rénovation des infrastructures, un système de "vitres photovoltaïques" a été installé mais celui-ci ne donne pas les résultats attendus. "L’impact est marginal", dit Germain Dalne.
Rixensart : pas de modification avant la rénovation
À Rixensart, on a fait des économies sur le budget ordinaire: "Nous avons baissé la température des salles du complexe sportif de 1 degré. Nous avons aussi fermé les radiateurs des couloirs et avons appelé au bon sens des utilisateurs pour veiller à éteindre l’éclairage après l’utilisation des salles. Cela se passe bien", indique Frédéric Hautrive, directeur du département des sports à la Commune de Rixensart.
Rien n’a changé pour les piscines: "L’eau est à 27°3, il n’est pas possible de descendre plus bas. Nous accueillons de jeunes élèves. Au niveau de la température de l’air dans la piscine, nous sommes tenus de maintenir 2 degrés de plus que la température de l’eau. Il n’est pas possible là non plus d’opérer une modification."
Rappelons que la piscine de Rixensart fera l’objet d’une rénovation profonde (toiture, isolation, performance énergétique, bassin). En juillet 2022, le projet de rénovation a été retenu dans le cadre d’un appel à projets d’infrastructures sportives partagées. La Commune a reçu une promesse de subside de 2 668 050 € pour les travaux estimés à 3 millions d’euros.
Braine-l’Alleud : « Si les prix se stabilisent, ça ira »

Inaugurée le 30 septembre 2020 et mise en service dès le lendemain, la piscine du Paradis, à Braine-l’Alleud, est pour l’instant la piscine la plus moderne du Brabant wallon et elle a pris en compte dès sa conception la nécessité de réduire au maximum les consommations énergétiques. C’était une des caractéristiques de ce projet communal mené en bonne partie en interne et sur ce point, la Régie communale autonome des sports n’est pas déçue: on va même bien au-delà de ce qui était attendu en termes d’efficacité énergétique.
"L’estimation de départ était une consommation globale d’environ 250 000 € par an, et on est plutôt à 100 000 €, explique l’échevin des Sports, Geoffroy Matagne. Avec les systèmes d’isolation et de récupération de chaleur qui ont été mis en œuvre, le bâtiment est un vrai thermos ! Bon, évidemment, on parle de 100 000 € au prix ancien alors que pour les nouveaux contrats, on nous a demandé de prévoir des tarifs multipliés par quatre. On verra ce que ça va donner en réalité dans le courant de l’année… Mais si les prix n’explosent pas trop, ça devrait aller pour nous."
Passer pour les dépenses énergétiques de 250 000 € prévus lors de la conception du projet à 400 000 € vu l’augmentation spectaculaire des tarifs de l’énergie, ce n’est tout de même pas anodin. Du côté de la Régie communale autonome (RCA), l’augmentation du prix d’entrée n’est pas un tabou. Même si ce n’est pas encore d’application, la discussion est clairement dans l’air. "Mais ce sera plutôt une indexation qu’une augmentation", nuance Geoffroy Matagne.
Qui précise qu’il n’y a pas que ce levier qui est activé pour faire augmenter les recettes de la piscine brainoise. La fréquentation du bassin du Paradis est aujourd’hui plus qu’encourageante: on avoisine les 200 000 nageurs par an. Et la RCA se félicite également du dynamisme de l’École de natation, qu’elle gère en propre et qui compte environ 600 membres. Cela aussi contribue à doper le nombre d’entrées et donc les recettes.
Enfin, après quelques déboires, la RCA a également décidé de reprendre la gestion de la cafétéria de la piscine, laquelle propose d’un côté la vue sur le bassin et de l’autre une terrasse très agréable donnant sur le parc du Paradis. Un pari qui semble bien en passe de réussir puisque l’établissement est désormais ouvert sept jours sept.