Première wallonne : un pouillot de Hume vu à Louvain-la-Neuve
C’est un étudiant de l’UCLouvain, passionné d’ornithologie, qui l’a découvert tandis qu’il marchait pour aller passer un examen.
Publié le 20-01-2023 à 15h06 - Mis à jour le 20-01-2023 à 15h07
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C’est la première fois en Wallonie qu’un pouillot de Hume est observé. Cela s’est passé le 9 janvier dernier, à Louvain-la-Neuve. C’est Romain Dumont de Chassart, un passionné d’ornithologie, étudiant à l’UCLouvain, qui l’a découvert en allant passer un examen, comme il l’explique sur le site observations.be, une plateforme d’observations naturalistes créée notamment par Natagora.
Il a d’abord entendu un cri inhabituel dans le petit bois du côté du chemin des Écoliers, entre la Ferme du Biéreau et le boulevard du Sud, avant de faire demi-tour pour essayer de voir l’oiseau. Après l’avoir vu brièvement sur un arbuste, près de la passerelle, il l’a enregistré.
« Un petit oiseau très furtif qui se balade dans les branches »
Le lendemain, d’autres ornithologues amateurs se sont rendus sur place, dont François Richir qui a su le prendre en photo. "Il n’est pas facile à voir et à capter car c’est un petit oiseau très furtif qui se balade dans les branches", raconte Thierry Maniquet, le coordinateur du Pôle d’action ornitho de Natagora Brabant wallon. Lui, il a vu l’oiseau le 11 janvier.
Le pouillot de Hume est un oiseau originaire d’Asie. "Il niche dans le plateau tibétain et descend dans le Sud de l’Asie, notamment en Inde, pour passer l’hiver", continue Thierry Maniquet.
On l’observe chaque année depuis 2016 en Belgique, "mais surtout à la Côte. C’est la première fois qu’on en voit un en Wallonie. Pourquoi les pouillots de Hume sont-ils de plus en plus observés en Europe occidentale ? Différentes explications peuvent être données. Ils étendent peut-être leur zone de nidification et ils ouvrent de nouvelles routes migratoires. Cela peut aussi être de jeunes oiseaux qui prennent la mauvaise route, peut-être déportés par des vents. Si ça se trouve, ils sont présents depuis plus longtemps mais ils n’avaient pas été repérés. Mais à l’heure actuelle, il y a de plus en plus de très bons ornithologues. Enfin, cela ne fait pas si longtemps qu’il a été élevé au rang d’espèce à part entière. Avant, il était considéré comme une sous-espèce d’une espèce d’oiseau."
Pour l’avifaune locale, il ne représente pas un danger, assure-t-il.
« À vos jumelles »
Tous les mois, sur les réseaux sociaux et sur " Le Bruant wallon ", le blog ornitho de Natagora Brabant wallon, Thierry Maniquet fait le point sur les observations d’oiseaux dans la province au travers d’un billet " À vos jumelles ". "L’objectif est d’informer sur les observations réalisées et montrer ce qu’il y a moyen de voir comme oiseaux. L’idée est aussi d’inciter les gens à aller sur le terrain pour découvrir l’avifaune et nous faire part de leurs observations. Car au plus on a de données, au plus on a des analyses fines permettant de documenter nos revendications auprès des instances politiques."
Dans son dernier billet, daté du 12 janvier, Thierry Maniquet écrit : "Le 24 décembre, un butor étoilé a été observé, s’envolant près de l’étang de Pécrot. Moins de deux heures plus tard, l’oiseau était retrouvé mort à quelques centaines de mètres, décapité. À ce stade, on ignore ce qui s’est passé : une attaque par une fouine, un renard, un autour ou une autre cause? L’oiseau a été récupéré par un agent du DNF, en vue d’une éventuelle expertise."
Parmi les oiseaux plus rarement vus en Brabant wallon à cette période de l’année, il pointe l’observation d’une cigogne blanche à Braine-l’Alleud et d’un fuligule nyroca dans le bassin d’orage du Petit Baulers, à Nivelles.
« Les oiseaux des milieux agricoles sont en net déclin »
Mais comment se porte l’avifaune en Brabant wallon ? "Globalement, la tendance est plutôt défavorable, surtout en ce qui concerne les oiseaux des milieux agricoles qui sont en net déclin à cause des pratiques agricoles. C’est le gros point noir dans notre province, nous dit-il. C’est pourquoi Natagora appelle à restaurer ce milieu en plantant des haies, en réduisant l’usage des pesticides, etc."
Parmi les oiseaux en danger, l’ornithologue cite la perdrix grise, le vanneau huppé "qui a presque disparu comme oiseaux nicheurs en Brabant wallon", le bruant proyer "en péril" et l’alouette des champs dont "les effectifs diminuent".
Les oiseaux forestiers se maintiennent assez bien tandis que pour les oiseaux aquatiques, "cela dépend de l’espèce".
Des bonnes nouvelles, il y en a toutefois. "On a constaté la première nidification du grand corbeau en Brabant wallon, c’est une nouvelle espèce pour la région. On voit aussi de plus en plus régulièrement des cigognes noires. Les faucons pèlerins se sont très bien remis alors qu’ils avaient quasi disparu dans les années 70-80. Le hibou Grand-duc s’est aussi très bien réimplanté chez nous."