Des stages d’autodéfense féministe à la MJ Chez Zelle à Louvain-la-Neuve: "Des techniques surprenantes aux yeux des agresseurs"
Avec l’ASBL Garance, la maison des jeunes de Louvain-la-Neuve organise de tels stages pour apprendre aux adolescent(e)s à reconnaître les situations potentiellement dangereuses et à agir immédiatement, devenant ainsi acteurs et actrices de leur sécurité.
Publié le 11-01-2023 à 14h13 - Mis à jour le 12-01-2023 à 07h43
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Sans doute parcellaires, mais les chiffres sur les violences sexistes et sexuelles en Belgique ne peuvent laisser indifférent: 20% des femmes ont été victimes d’un viol, d’après un sondage réalisé en 2020 par Amnesty et SOS Viol. Une femme sur cinq !
81% des femmes de 16 à 69 ans ont été victimes d’une violence sexuelle au sens large (remarque sexiste, harcèlement sexuel, agression sexuelle, viol, etc.) au cours de leur vie d’après une étude sortie en 2021 et menée par l’Université de Gand, l’Université de Liège et l’Institut national de criminalistique et de criminologie.
Pour faire face au sexisme, pour aider les filles, les femmes et les personnes LGBTQIA + qui se sentent mal à l’aise quand elles sortent seules, pour les aider à savoir comment désamorcer une situation dangereuse ou à y faire face, il existe des stages d’autodéfense féministe. Ceux-ci leur permettent d’acquérir des stratégies pour devenir actrices de leur sécurité.
Un tel stage, pour les filles de 14 à 16 ans, est organisé ce dimanche 15 janvier, de 10 h à 17 h, par la maison des jeunes de Louvain-la-Neuve Chez Zelle, en collaboration avec l’ASBL bruxelloise Garance qui lutte depuis 2000 contre les violences basées sur le genre. Un autre stage, cette fois destiné aux adolescent(e)s LGBTQIA +, s’y tiendra le week-end des 21 et 22 janvier.
Mais qu’est-ce qu’un stage d’autodéfense féministe ? "Ce sont des ateliers lors desquels on travaille sur la confiance en soi et où on peut réaliser qu’on est totalement capable de se défendre. On apprend à définir et poser les limites, ses limites, à les protéger, à reconnaître quand elles sont transgressées, à reconnaître les signaux d’alarme et à réagir avant que la violence survienne, explique Jennifer Fileccia, chargée de communication au sein de l’ASBL Garance. Des techniques verbales ou non verbales existent pour cela. Généralement, une bonne défense verbale peut empêcher l’escalade. Mais si la situation dégénère, on apprend aussi des techniques de protection et de défense physiques. Mais je ne vais pas développer davantage pour que les techniques enseignées restent surprenantes aux yeux des agresseurs."
La majorité des agressions a lieu dans l’espace privé
Jennifer Fileccia souligne que "souvent, il y a un mythe à déconstruire: cette impression que les violences sexistes et sexuelles se produisent surtout dans l’espace public, que le danger se trouve là. Or, dans la majorité des cas, cela se passe dans l’espace privé, dans la sphère familiale, le couple, à l’école, sur le lieu de travail…"
Si des stages sont organisés vers des publics spécifiques, comme les personnes LGBTQIA +, ce n’est pas parce que les techniques de défense sont différentes, mais pour que les participant(e)s soient plus à l’aise, précise la chargée de communication de l’ASBL Garance, "pour qu’iels puissent s’exprimer librement auprès de personnes ayant des expériences communes, qu’il s’agisse de violences ou de stratégies de réussite".
Ces stages sont accessibles à toutes, quelle que soit leur condition physique, insiste-t-elle.
« Il faut sortir de la société patriarcale si on souhaite arriver à une société égalitaire »
Depuis le mouvement #MeToo ou #Balance ton porc, la société fait davantage attention à la problématique des violences sexistes et sexuelles, "même s’il reste énormément de travail à réaliser. C’est un problème de société qu’il faut prendre à bras-le-corps et, avec d’autres associations, nous militons pour que des moyens soient investis de façon pérenne dans la prévention et la lutte contre les stéréotypes de genre. Les pouvoirs publics soutiennent surtout l’accompagnement des victimes. C’est très bien, mais c’est trop tardif, l’acte violent ayant eu lieu. Il faut donc investir davantage dans la prévention et dans l’éducation non genrée. Il faut sortir de ce système patriarcal dans lequel nous vivons et où les principales victimes des violences sexistes et sexuelles sont les femmes et les enfants si on souhaite arriver à une société égalitaire entre les femmes et les hommes."
D’autant plus que s’il y a des avancées, "les droits des femmes et des personnes LGBTQIA + peuvent toutefois être très vite détricotés (NDLR: l’an dernier, par exemple, la Cour suprême des États-Unis a révoqué le droit à l’avortement, laissant le soin aux États de se prononcer sur la question, plongeant de nombreuses femmes, surtout les plus précaires, dans de terribles situations) . Cela nous inquiète et c’est pourquoi nous restons sur nos gardes", conclut Jennifer Fileccia.
Inscriptions aux stages: faireface-lln@collectifs.net, caro@chezzelle.be, 010 45 54 35.
D’autres stages sont organisés au cours de l’année à la MJ Chez Zelle ou ailleurs à Bruxelles et en Wallonie (www.garance.be).