Le Musée L, à Louvain-la-Neuve, a cinq ans : « Notre envol était fantastique et puis le Covid »
Le musée universitaire a cinq ans. Le bilan est forcément marqué par la crise sanitaire mais les projets n’ont pas manqué et ne manquent pas pour faire du musée un lieu ouvert à tous et ancré dans son époque.
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Publié le 06-12-2022 à 16h59
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Le samedi 18 novembre 2017, le Musée L, à Louvain-la-Neuve, ouvrait ses portes au public. Ancré dans ce qui fut la bibliothèque des sciences et technologies de l’UCLouvain, le musée universitaire a donc cinq ans. Nous avons rencontré la directrice du musée, Anne Querinjean, pour dresser un bilan de ce premier lustre d’existence.

Comme tout le monde, le musée a été bouleversé par le Covid. "On prenait notre envol de manière fantastique. Puis, on a été abattu en plein vol alors qu’on n’avait pas encore pleinement déployé nos ailes. On n’a pas pu capitaliser sur notre ouverture", résume, de manière imagée, Anne Querinjean.
Comme d’autres institutions qui ne misent pas sur des grands noms d’artistes pour attirer les visiteurs, le Musée L n’a pas encore récupéré son public. "Ce n’est pas notre stratégie, souligne la directrice. Nous sommes un musée atypique. En tant que musée universitaire et ouvert à tous les publics, nous voulons donner à nos visiteurs de quoi s’émouvoir, construire une pensée critique, faire bouger les lignes, prendre du plaisir aussi."
Davantage accompagner les visiteurs
Un des objectifs du musée est forcément d’augmenter sa fréquentation. Cela passera par un meilleur accompagnement du public, dit la directrice. "Un de mes objectifs à l’ouverture était de tourner le musée vers l’extérieur. Et si on fait déjà beaucoup en termes d’accompagnement, on doit encore en faire davantage car cet objectif n’est jamais atteint, il est toujours en construction. Il faut sans cesse se réinventer pour être en phase avec ce que la société attend de nous. En tout cas, face aux crises que nous vivons, les musées gardent toute leur pertinence pour faire réfléchir sur notre monde. Mais cela demande donc un accompagnement, une médiation, une programmation ajustée."
Aller dans les écoles pour donner le goût aux enfants de franchir les portes d’un musée
Car si visiter un musée, c’est vivre une expérience, visiter un musée, cela s’apprend. C’est pourquoi le Musée L développe notamment des projets avec les écoles. "Si on donne le goût aux enfants de franchir les portes d’un musée pour se nourrir de culture, ils l’auront toujours une fois adulte. De plus, cela apporte tellement aux enfants de se confronter à des œuvres d’art parfois lointaines au niveau du temps et de l’espace. Et vu nos collections très diversifiées, le Musée L est un outil magnifique pour cela."
Le musée réalise aussi un gros travail autour de ses expositions temporaires. Et avec celle qui est en cours, " Fossiles & fictions. Après nous les méduses ", "on a un bel exemple de ce à quoi on peut arriver en tant que musée universitaire. Le défi avec les expositions temporaires est de trouver le bon ton, être juste dans le discours tout en étant accessible."
"Fossiles & Fictions" est le fruit de la rencontre entre un professeur de biologie de l’UCLouvain, Jean-François Rees et une artiste, Isabelle Dumont. Cette très belle exposition part des fossiles, soit les traces laissées par des êtres vivants, souvent d’espèces disparues, pour nous interroger sur les traces que nous, êtres humains qui transformons sensiblement notre planète, laisserons sur la Terre...
"On doit être en phase avec les défis actuels dont ceux liés aux changements climatiques et cela passe par ce type d’expositions faisant réfléchir et permettant la résilience."
Mais que pense Anne Querinjean de ces activistes qui jettent de la soupe sur des œuvres d’art dans des musées pour attirer l’attention sur l’urgence climatique ? "En tant que directrice, je ne peux pas cautionner ce genre d’action, mais je comprends leur combat car il y a une urgence que peu osent regarder en face."
Un restaurant y ouvrira en mars 2023
Anne Querinjean le dit souvent : le musée doit être une maison d’hôtes. Elle voit donc avec plaisir l’arrivée d’un restaurant dans le musée, sans doute en mars 2023 ainsi que d’un nouvel espace boutique dont l’ouverture est attendue pour le printemps prochain.
L’Inesu, le bras immobilier de l’UCLouvain, est à la manœuvre dans les deux cas.
"Le restaurant est un super projet qui amènera du public. Il aura une entrée séparée du musée et sera ouvert plus tard. Les travaux sont en cours. C’est pourquoi, le sixième étage avec les collections du legs de Charles Delsemme n’est plus accessible car les œuvres doivent être protégées des vibrations et de la poussière causées par le chantier. Quand à la boutique, elle va être réaménagée et offrira une petite restauration (soupes, quiches, pâtisseries...), des objets, des cadeaux. Au niveau des livres, c’est la librairie Claudine, de Wavre, qui sera chargée de l’assortiment. Pour moi, le restaurant et la boutique sont indispensables au musée pour être pleinement une maison d’hôtes, c’est-à-dire un lieu de convivialité, de rencontres où l’on peut papoter autour d’un verre ou d’un plat. Cela fait partie de l’expérience globale d’une visite au musée."
De quoi redynamiser aussi le haut de la cité universitaire. Et bien que le bâtiment soit un peu la Tour Eiffel de Louvain-la-Neuve, il faudra également améliorer sa signalisation, trop de gens se perdant encore dans le labyrinthe néolouvaniste.