La collection japonaise, un des trésors de la réserve précieuse
Sous la Grand-Place de Louvain-la-Neuve se cache une des plus belles collections d’ouvrages japonais au monde. Avec la numérisation, elle peut aujourd’hui être appréciée par tous, tout en conservant une place de choix dans la réserve précieuse.
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- Publié le 05-07-2022 à 06h00
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Le 25 août 1914, les troupes allemandes, présentes depuis quelques jours à Louvain, mettent le feu à la ville. Des centaines d‘habitants vont y laisser leur vie. La halle universitaire n’est pas épargnée et comme elle abrite la bibliothèque, ce sont des milliers d’ouvrages – on parle de 250000 volumes –, dont des centaines dataient du Moyen Âge, qui partent en fumée.
Le désastre fait le tour du monde. C’est ainsi que le Japon, lors de la conférence de paix de Versailles de 1919, s’engage à œuvrer à la reconstruction de la bibliothèque universitaire. Le choix se porte sur le don d’une collection unique de livres.
La visite de la bibliothèque, toujours en ruine, par le prince régent Hirohito en 1921 donne une véritable impulsion à ce projet. Cette importante donation comporte 3202 titres en 13682 volumes, rassemblés aujourd’hui dans la réserve précieuse de l’UCLouvain. Elle se compose de rouleaux, de livres manuscrits et de livres imprimés selon différents procédés. La grande majorité des ouvrages datent de la période d’Edo (1600 à 1868). Les plus anciens manuscrits de la collection datent des 12eet 13esiècles.
" Au travers de ce don, le Japon entendait faire connaître sa culture dans toutes ses dimensions, explique Flore Guiot, responsable de la réserve patrimoniale de l’UCLouvain. C’est une collection unique, qui attire la curiosité. Elle se distingue par son ampleur et sa qualité. Il y a même un grand intérêt de la part des Japonais."
C’est loin d’être le seul trésor de la réserve précieuse, abritée dans les sous-sols à proximité de la Grand-Place de Louvain-la-Neuve. Un endroit presque secret et qui n’est pas accessible au public. "On a entamé la numérisation des ouvrages et ceux qui ont déjà été digitalisés sont accessibles à tous en ligne."
À côté de la collection japonaise, on retrouve dans la réserve précieuse, 15000 volumes dont 200 "incunables", des livres imprimés en Europe avant 1501.
La poussière, l’ennemi de la réserve précieuse
Pour que leur conservation soit idéale, les ouvrages sont conservés à une température entre 18 et 20 C° et à un taux d’humidité entre 50 et 60%.
"Ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas de variation importante de la température et de l’humidité relative. Certains ouvrages n’ont plus bougé depuis des années si bien qu’il faut régulièrement dépoussiérer car, outre les variations des conditions climatiques, la poussière reste notre principal ennemi."
Si l’on parle de réserve précieuse, l’endroit reste banal: les ouvrages sont conservés dans une pièce en sous-sol, rangés sur des étagères métalliques.
Et les rayons sont déjà bien remplis. Quelques acquisitions et des ouvrages reçus en dons viennent encore régulièrement accroître les collections de la réserve précieuse.
Mais on s’en rend compte, la priorité c’est avant tout de s’assurer que les ouvrages sont conservés dans les meilleures conditions possibles: "Malgré toutes les précautions que l’on prend, ils peuvent s’altérer et on fait alors appel à une restauratrice."
Flore Guiot nous propose de découvrir quelques ouvrages de la collection japonaise, une façon aussi de rappeler l’évolution des formes du livre: "On passe des rouleaux aux ouvrages reliés et des manuscrits aux livres imprimés, avec l’utilisation de la xylographie, un procédé qui utilise la technique de la gravure sur bois."
Le résultat est bluffant. Et en plus, une partie de ces œuvres sont maintenant accessibles à tous via la plateforme dial.uclouvain.be/digitization/
"Et puis, l’on retrouve aussi des ouvrages de la réserve précieuse exposésau Musée L de Louvain-la-Neuve ", conclut Flore Guiot pour qui il est très important de faire vivre ces trésors. Et à ce titre la numérisation est capitale.