Hausse des prix : « Une période volatile et incertaine » pour les finances communales, commente l'échevin d'Ottignies-Louvain-la-Neuve, Philippe Delvaux
Le coût des chantiers en cours et à venir augmente. Il faudra assumer et parfois faire des choix, expliquent les édiles communaux.
Publié le 20-05-2022 à 06h00 - Mis à jour le 20-05-2022 à 09h14
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4UVJYKFN4VEEROQPCUM3VAE7DU.jpg)
Les prix de l’énergie explosent. Le coût des matériaux est à la hausse. Les salaires augmentent via l’indexation… Ce n’est pas sans conséquence sur les budgets des chantiers, comme on l’a vu avec celui de la rénovation du Vilar, à Louvain-la-Neuve. Son coût a augmenté de plus de 1million€ sur un budget estimé à 9,8 millions€ au départ du chantier, en février dernier. Si bien que le théâtre fait appel aux dons et se tourne aussi vers les pouvoirs subsidiant, dont la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve.
Mais celle-ci est aussi impactée. Si elle n’a pas de gros chantiers en cours, il y a des projets qui arrivent pour lesquels les édiles communaux savent déjà qu’il faudra assumer la hausse des coûts.
Le plus emblématique est la construction d’une piscine aux dimensions olympiques à Louvain-la-Neuve. La demande de permis est en cours d’instruction et le début du chantier, si l’autorisation est obtenue, est prévu pour cette année.
Une piscine plus chère
"On est bien conscient que la piscine coûtera plus cher que prévu , lance l’échevin des Sports, Benoît Jacob (Avenir). À ce stade-ci, limiter les coûts est très compliqué. On n’a déjà pas fait de folies et on ne peut pas supprimer des vestiaires ou des douches."
Son budget s’élevait à quelque 16,4 millions€ dont des subsides de la Région (5,148millions) et de la Province (2 millions), le solde étant à charge des copropriétaires, l’UCLouvain, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Ville, soit 3,081millions chacune.
"On estime la hausse à 10-15% , détaille Nicolas Cordier, le responsable du développement urbain et régional de l’université. Dans un marché public, il y a des formules de révision automatique tenant compte de l’augmentation du coût des matériaux et des salaires. On n’a donc pas le choix. Et vu l’état d’avancement du projet, on ne peut pas faire marche arrière d’autant qu’on a besoin de cette piscine, les bassins actuels étant obsolètes et que des frais importants, d’études notamment, ont déjà été faits."
Pour alléger le surcoût à supporter, les trois copropriétaires ont sollicité une majoration des subsides auprès de la Région et de la Province. Mais vu la fragilité de leurs finances, pas sûr que la réponse soit positive.
Toutes les rénovations énergétiques seront-elles réalisées?
Toujours au niveau sportif, la Ville va remplacer le dernier terrain de tennis des Coquerées par deux terrains de padel supplémentaires. "On a relancé une partie du marché public. Pas celui pour le toit mais des terrains car les prix remis étaient hors budget. On attend les réponses pour juin , explique l’échevin des Sports. On a reçu des subsides pour ce projet et on va le mener à bien même s’il nous coûte un peu plus cher."
En ce qui concerne les bâtiments communaux, la Ville s’est lancée dans un plan Renowatt pour la rénovation énergétique de certains d’entre eux. Montant prévu: 7,2 millions€. "La procédure est en cours. En fonction des offres, on verra si on doit reporter l’un ou l’autre projet" , indique l’échevin des Bâtiments, Abdel Ben El Mostapha (PS).
Ce dernier a un œil sur tous les chantiers en cours de la Ville et il souligne qu’on approche les 25% d’augmentation du coût par chantier.
Pour ce qui est de l’extension du service Travaux, "aucun soumissionnaire n’a répondu au premier appel. On a revu le cahier des charges et relancé un appel mais on a déjà revu à la hausse l’enveloppe budgétaire."
Nouveau commissariat pas remis en cause
Les gros projets à venir mais encore au stade de la réflexion comme le nouveau commissariat de police ou la maison de repos publique ne sont pas remis en cause, ajoute la bourgmestre Julie Chantry (Écolo).
La hausse des coûts et l’indexation ont aussi un impact sur les dépenses ordinaires de la Ville (salaires, achat de matériel, carburant, etc.). "On a déjà prévu une augmentation des dépenses dans la première modification budgétaire qui sera présentée au conseil communal du 31 mai prochain" , précise l’échevin des Finances, Philippe Delvaux (Écolo).
L’échevin des Bâtiments pointe, lui, un élément positif: "Notre contrat énergie pour l’éclairage public et nos bâtiments court jusqu’en décembre 2022. On n’est donc pas encore impacté par l’augmentation des prix. En espérant qu’ils retombent d’ici là."
Toutefois, prudent, l’échevin des Finances dit s’attendre "encore à des fortes hausses en 2023. Au-delà de l’indexation, les assurances vont augmenter, l’énergie sans doute aussi, etc. Heureusement, les comptes 2021 sont bons et on a des provisions pour conserver une marge de manœuvre. Car en attendant, le réchauffement climatique n’aura pas disparu et on compte bien poursuivre nos actions pour y faire face et réaliser notre plan stratégique transversal. Mais il est vrai qu’on est entré dans une période très volatile et incertaine."