Nouvelle future majorité à Ottignies-Louvain-la-Neuve: pour OLLN 2.0-MR, c’était du pain béni
OLLN 2.0-MR ne s’attendait pas à ce qu’une opportunité s’ouvre si vite. Mais il ne pouvait pas la refuser après 22 ans dans la minorité.
Publié le 20-01-2022 à 19h10
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Cela fait 22 ans qu’OLLN 2.0-MR est dans l’opposition à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Depuis 2000, Écolo, Avenir et PS ont lié leur destin, scellant avant chaque élection un préaccord. Celui-ci était rendu public, même si certains relevaient que pendant la campagne, l’alliance n’était pas rappelée.
Malgré les appels du pied des libéraux, qui se sont toujours dits disponibles, rien n’y a fait, les trois partenaires maintenaient leur alliance.
OLLN 2.0-MR en était réduit à obtenir la majorité absolue. Une gageure. Et il n’y a qu’en 2000, alors qu’ils sortaient du pouvoir, que les bleus ont failli réussir. Avec 45,07% des voix et 14 sièges sur 29, il ne manquait pas grand-chose pour être seul au collège.
Depuis lors, le score électoral d’OLLN 2.0-MR n’a cessé de baisser, jusqu’à atteindre 25,3% des voix en 2018, même si en 2006 et 2012, il restait le premier parti de la ville. Ce que les libéraux n’ont eu de cesse de rappeler.
Ironie du sort, ils prennent cette fois le pouvoir au premier parti issu des dernières élections… Car comme on l'a appris mercredi, Avenir et PS se sont désolidarisés d'Écolo et ont fait monter OLLN 2.0-MR à leur côté. Mais avant, lors d'un conseil communal exceptionnel qui aura lieu d'ici peu, une motion de méfiance constructive doit obtenir la majorité des voix.
Écolo attend une improbable volte-face
Ce qui fait peu de doute même si du côté d’Écolo, bourgmestre Julie Chantry en tête, on croit encore à une improbable volte-face d’Avenir et du PS. Mais vu que l’accord de ces derniers avec OLLN 2.0-MR a été annoncé publiquement, on les voit mal faire marche arrière. Quelle crédibilité auraient-ils s’ils se rétractaient tandis que certains soulèvent déjà qu’ils ont rompu leur pacte de majorité avec Écolo?
Ce jeudi matin, les membres de la majorité se sont vus pour se parler les yeux dans les yeux. Mais pas de quoi faire bouger les lignes, nous dit une source informée.
Mercredi, Écolo n'avait d'ailleurs pas chargé ses partenaires, pointant les libéraux et les rumeurs qu'ils auraient répandues, comme quoi les deux formations négociaient une nouvelle majorité. "Ce qui est faux", tonnait la bourgmestre.
La version de l’histoire est différente du côté des trois nouveaux partenaires. C’est le cdH, surtout, et le PS qui a suivi, qui ont approché, début de semaine, OLLN 2.0-MR.
Pourquoi? Fin de semaine dernière, le conseiller Yves Leroy (Avenir) reprochait publiquement les propos tenus par l'échevin des Finances Philippe Delvaux dans Médor. Ce dernier disait en gros que l'université ne participait pas assez aux finances communales. Un argument pas neuf dans son chef, mais s'en était trop pour Yves Leroy.
Et tandis que les relations n’étaient déjà plus au beau fixe entre les partenaires de majorité, la machine s’est emballée.
Un mail qui ne devait pas leur arriver
Au sein d’Écolo, personne n’a compris la méthode choisie par l’élu Avenir pour faire part de son point de vue. Le malaise est profond et des mails sont échangés au sein de la locale, certains exigeant la démission d’Yves Leroy ou à tout le moins des excuses publiques.
Et un mail d’un mandataire Écolo envoyé par mégarde à tous les élus de la majorité, a fait l’effet d’une bombe. En somme, l’auteur estimait que cette requête (excuses publiques ou démission) ne devait pas être demandée pour ne pas se fâcher avec Avenir ou alors il fallait aller négocier avec OLLN 2.0-MR pour former une nouvelle alliance, sentant sans doute que la majorité ne tenait plus qu’à un fil. Mais il était estimé que ce n’était pas opportun.
Voilà comment le PS a interprété ce mail et comment, selon lui, s'est déroulée la suite des événements: "Écolo demandait des excuses publiques de la part du cdH. Sinon, le parti vert était prêt à faire voler en éclats la majorité pour s'allier avec le MR, écrivent les socialistes par communiqué. Pour le cdH, face à ce chantage, il n'était plus question de siéger au sein de la majorité formée avec Écolo et le PS. Dans ces conditions, deux nouvelles coalitions se profilaient: une alliance Écolo-MR ou une majorité MR-cdH-PS."
En regardant en arrière, on peut se dire que la bourgmestre aurait sans doute dû réagir et mettre tout son poids pour rattraper cette bourde. Il n’en fut rien, l’abcès ne fut pas crevé.
D’autres diront que rien n’y aurait fait et qu’Avenir ne cherchait qu’un prétexte pour faire sauter la majorité. En tout cas, la suite, on la connaît.
Pour OLLN 2.0-MR, c’était du pain bénit. Après 22 ans, une opportunité s’ouvrait et il leur était difficile de ne pas monter à bord, d’autant que le mayorat leur revenait en tant que premier parti de cette future coalition.
Avenir et PS ont 3 ans pour prouver qu’ils ont eu raison
C’est toutefois un risque pour les trois nouveaux partenaires. En moins de trois ans, OLLN 2.0-MR devra essayer d’apporter sa griffe tandis qu’Avenir et PS doivent prouver qu’ils ont eu raison de débrancher la prise avec Écolo.
Lors de la conférence de presse de mercredi, l'échevin Benoît Jacob (Avenir) a notamment souligné que les projets n'avançaient plus à Ottignies-Louvain-la-Neuve. On verra d'ici 2024 si "l'électrochoc", pour reprendre ses termes, aura permis de sortir la Ville de la léthargie dans laquelle elle était selon eux.
Et pour les élections de 2024? Les cartes sont rebattues, même si on voit mal Écolo, Avenir et PS se rabibocher de sitôt après le coup dur infligé par les derniers au premier cité.