« Les agents du SPF Intérieur manquent de reconnaissance », déplore un syndicaliste d'Ottignies
À la CGSP, Jean-Yves Marchal et Tony Six aimeraient que l’on n’oublie pas les travailleurs de l’ombre indispensables pour assurer des services essentiels à la population.
Publié le 14-01-2022 à 06h18
L'Ottintois Jean-Yves Marchal, président fédéral de la CGSP pour le SPF Intérieur, et Tony Six, le secrétaire fédéral de la CGSP AMiO (pour les agents de l'administration et des ministères), lancent un cri alors que la crise sanitaire s'éternise et que leurs affiliés endurent la situation: "Il est temps que le travail effectué au sein du SPF Intérieur soit reconnu!"
Pour les deux syndicalistes, "au SPF Intérieur, il y a pas mal de choses à faire. L'Intérieur, cela ne parle pas beaucoup aux gens alors que c'est probablement un des services les plus proches de la population." Et de citer la gestion des inondations avec les call-center.
"Il y a aussi les centres fermés où le personnel doit composer avec les mesures Covid, et en même temps garder des conditions de vie correctes alors qu’ils travaillent en vase clos."
Derrière le 100, 101 et 112, il y a des humains
Il y a encore les services 100 - 101 - 112 qui sont mis à rudes contributions "alors que le manque de personnel est flagrant. Car si le SPF Intérieur est un service qui doit peut-être le moins se plaindre en termes de budget, mais c'est relatif, il existe de gros soucis pour recruter actuellement. Mais ce sont des services continus, comme c'est le cas aussi pour la protection civile et le centre de crise. Dès lors, si un citoyen appelle, il faut une réponse derrière. On a tendance à oublier les centres d'urgence!"
Pour les deux syndicalistes, la population voit des numéros, assimilés à des machines ou des répondeurs, alors que des humains sont derrière le 100, le 101 ou le 112. "24 h sur 24, de jour comme de nuit, en semaine ou le week-end, ils sont là, prêts à aider les gens."
Jean-Yves Marchal et Tony Six regrettent ce manque de reconnaissance pour des métiers moins visibles que les soignants, mais qui trinquent tout autant durant cette crise sanitaire.
"Prenez le 1733, les médecins de garde, qui récupèrent les appels 112 le week-end. Il y a pénurie alors qu’ils sont à bout, malades, avec des soucis psychologiques. Ils enchaînent jusqu’à trois voire même quatre shifts d’affilée pour assurer un service à la population! La charge émotionnelle y est en outre très lourde. Peu de gens y pensent."
«Un manque de respect du politique»
Et de regretter aussi le manque de considération du politique. "On négocie en continu pour tenter d'aider les agents de tous ces services, de lisser la charge de travail. Malheureusement, on a l'impression que la ministre de l'Intérieur (Annelies Verlinden, CD&V) n'est là que pour la police et les pompiers, deux fonctions plus visibles, oubliant les autres services de son département. Depuis 2019, nous n'avons eu qu'une seule réunion, avec la ministre, les concernant, alors qu'on a pourtant plein de problèmes à régler avec les centres de crise et d'urgence... À nos yeux, il y a un manque de respect du politique pour ce personnel."
À la CGSP, on n'oublie pas non plus les administrations communales. "On a tendance à oublier que les services à la population sont restés ouverts alors que le télétravail était demandé, pour assurer, par exemple, le suivi des passeports ou des cartes d'identité."
Jean-Yves Marchal et Tony Six rappellent que le syndicat, c'est aussi une vision de la concertation, et pas seulement le cliché qu'on peut leur attribuer. "On n'est pas là pour aider les fainéants mais bien pour intervenir lorsqu'il y a des décisions à prendre et des solutions à trouver. On veille au compromis. On peut bien entendu travailler main dans la main avec l'administration. C'est même souvent ainsi que cela se passe. L'administration aimerait d'ailleurs souvent évoluer, mais est bloquée par le politique."
«Pas facile de négocier en temps de Covid»
Mais la crise sanitaire a aussi mis à l'épreuve le fonctionnement des syndicats qui ont dû se réinventer. "Ce n'est pas facile de négocier en situation de Covid. Derrière un ordinateur, c'est moins évident de faire passer nos revendications. C'est clairement plus facile autour d'une table, en se regardant dans les yeux. Ici, avec les visioconférences, il n'existe parfois plus vraiment de négociations. Nous n'arrivons plus à faire passer certains messages et à être entendus."