L’UCLouvain étudie le permafrost en Suède
Quand le permafrost dégèle, des gaz à effet de serre sont libérés. Des chercheurs de l’UCLouvain tentent d’en comprendre les conséquences.
Publié le 15-11-2021 à 11h29
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Quel est l’impact du dégel du permafrost sur les émissions de gaz à effet de serre et donc sur le climat? C’est pour répondre à cette question qu’une équipe de 7 chercheurs de l’UCLouvain s’est relayée pendant deux mois à Abisko, en Suède, à quelque 200 km au nord du cercle polaire arctique. La mission a pris fin ce dimanche 14 novembre.
"Dans ces régions arctiques, de mi-septembre à mi-novembre, on est dans une période à cheval entre la fin de l'été et le début de l'hiver. Or si on étudie souvent l'impact du dégel du permafrost (NDLR: les couches du sol de la Terre gelées en permanence ou presque) en été, c'est moins le cas pour cette période de transition, souligne Sophie Opfergelt, professeure à la faculté des bioingénieurs de l'UCLouvain et coordinatrice de la mission s'inscrivant dans le projet de recherche WeThaw, financé par le Conseil européen de la recherche (ERC). Avec le réchauffement climatique, le sol se dégèle plus profondément avant de regeler par le haut. Mais en profondeur, une partie du sol reste décongelée et vu les phénomènes de décomposition qui s'y passent, le sol continue à émettre des gaz à effet de serre. C'est encore un domaine peu connu mais qui est essentiel à comprendre vu son impact sur le climat global."
Quand le sol arctique se réchauffe, les matières organiques se mettent à se décomposer, un processus entraînant l'émission de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane. "On considère que la quantité de carbone "emprisonnée" dans le permafrost est deux fois plus importante que la quantité de carbone présente dans l'atmosphère. Et on estime que plus ou moins 15% de celle-ci vont potentiellement être émis sous forme de gaz à effet de serre dans l'atmosphère", continue la chercheuse.
«Les émissions liées au dégel du permafrost ne sont pas prises en compte dans les prévisions climatiques»
Une partie pourrait néanmoins être fixée. "Quand le carbone interagit avec certains éléments, comme le fer ou l'aluminium, il est moins accessible aux bactéries. Il reste donc captif et la réaction de décomposition est mise au repos. Notre recherche vise à comprendre tous ces phénomènes. Et c'est d'autant plus indispensable que les prévisions climatiques ne tiennent pas compte de ces émissions naturelles de gaz à effet de serre liées au dégel du sol."
Or, si la hausse globale de la température atteint 1,5 ou 2 degrés, les prédictions estiment que 25% du permafrost vont disparaître d'ici 2100. "Et les émissions de gaz à effet de serre qui en résulteront et qui ne sont pas prises en compte dans les calculs actuels viendront s'ajouter aux émissions liées aux activités humaines et impacter la hausse de la température globale."
La scientifique souligne qu’il est donc primordial de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre pour réduire l’impact du dégel du permafrost.
Dans le cadre de cette recherche, Sophie Opfergelt et une équipe de l'UCLouvain s'étaient rendues, en 2019, en Alaska (États-Unis). " La différence majeure avec la Suède, c'est que le site en Alaska était situé plus au nord encore. En Suède, les signes de dégradation liés au changement climatique sont plus visibles et plus forts et le dégel du permafrost plus profond."