L’UCLouvain veut être un laboratoire de la transition
L’université a présenté son plan de transition. Parmi ses objectifs, la neutralité carbone en 2035.
Publié le 28-10-2021 à 14h59
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«On connaît l'urgence. Le dernier rapport du GIEC, sorti cet été, sonne comme une alerte rouge pour l'humanité, pour reprendre les termes du secrétaire général de l'ONU, António Guterres. Il faut pouvoir l'entendre. Et face au défi climatique, l'UCLouvain a une responsabilité sociétale et éthique majeure, assure la prorectrice à la transition de l'université, Marthe Nyssens. Nous devons aider la société à ouvrir les yeux sur base des évidences scientifiques avec rigueur et de manière compréhensible pour tous. Mais nous nous devons aussi d'agir.»
Car au-delà des mots, et à quelques jours de la COP 26 de Glasgow sur les changements climatiques, l’UCLouvain entend passer aux actes et a présenté, ce jeudi, son plan transition 2021-2026. Il touche à l’enseignement, à la recherche et au campus durable. Voici quelques exemples de ce qui sera fait.
1.L'enseignement
La prorectrice souligne que l'UCLouvain compte quelque 31 000 étudiants, «les acteurs de demain». Mais tous, pendant leurs études, ne sont pas confrontés à ces questions de transition et de développement durable. C'est pourquoi, endéans les 5 ans, «l'université s'engage à former à la durabilité ses étudiant·es de bac en intégrant via les acquis d'apprentissage un socle minimum de compétences nécessaires pour s'informer, se former et construire un monde plus durable», lit-on dans le plan.
2.La recherche
«Faire avancer les connaissances est un des leitmotivs des chercheurs, et il faut le faire au service des défis de la transition», continue Marthe Nyssens.
L'objectif est de stimuler les recherches interdisciplinaires et transdisciplinaires. «Au niveau énergétique, par exemple, différents chercheurs sont concernés: les ingénieurs pour créer des batteries plus puissantes, des économistes pour s'attaquer aux questions économiques complexes qui se posent, des sociologues et des psychologues car nous devons changer nos comportements en matière énergétique», exemplifie la prorectrice.
3.Un campus durable
L'université vise la neutralité carbone en 2035. «Cela va nous pousser à accélérer la rénovation de nos bâtiments.» Un vaste chantier de rénovation des halles universitaires a d'ailleurs débuté en 2020 et devrait se terminer l'an prochain. Objectif: diminuer de 65% les émissions de CO2 de ce bâtiment hébergeant son administration.
L’UCLouvain porte aussi le projet d’une centrale biomasse alimentée par les déchets de bois récoltés dans les parcs à conteneurs, de quoi lui permettre de chauffer tous ses bâtiments de Louvain-la-Neuve et de couvrir ses besoins en électricité.
Il est aussi question de mobilité dont les déplacements internationaux des membres du personnel. «Est-il utile de prendre l'avion pour une réunion de 2 h à Rome? Peut-on remplacer l'avion par le train? Et si l'avion est inévitable, on doit compenser les émissions liées au voyage.»
D’ici 2022, tous les investissements de l’université se feront dans des fonds durables au niveau environnemental, social et de gouvernance.
«L'ambition de ce plan est de faire de l'université un véritable laboratoire de la transition», conclut Marthe Nyssens.

À l’aube de la COP 26, l’UCLouvain a organisé ce jeudi une journée consacrée à la transition avec notamment une conférence de Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat.
«Depuis l'accord de Paris de 2015, il existe un cadre d'action commun dont l'objectif est de maintenir le réchauffement climatique sous les 2°, voire mieux 1,5°. Mais pour l'instant, on va toujours dans la mauvaise direction. Il y a d'ailleurs un décalage entre les objectifs signés à Paris et ce qui est sur la table à Glasgow», a-t-elle regretté lors de la conférence de presse.
Pour elle, «nous sommes devant un défi redoutable». Et ce ne sera pas simple, se désolant, par exemple, que le secteur pétrolier et gazier détourne le débat en disant que le prix de l'électricité augmente car la transition coûte trop cher. «Mais ça n'a rien à voir, car le prix de l'électricité est lié au prix du gaz...»
Elle reste toutefois optimiste. «Il y a une prise de conscience face aux changements climatiques. Mais cela prend du temps de réorienter une économie mondiale basée sur les énergies fossiles depuis deux siècles. Nous sommes dans une transition longue qui va prendre 40-50 ans.»
Et tout le monde doit agir: gouvernement, acteurs économiques et financiers, entreprises et les citoyens bien sûr. «Pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, l'engagement des gouvernements est essentiel. Mais ils raisonnent à court terme et ont un espace de décision limité. Ce qui peut leur donner le courage d'aller plus loin, la force qui les fait bouger, ce sont les citoyens.»