Mon père, ce héros! Vraiment?
«Les Poissons vert pâle» ouvre la saison du Vilar. Une création qui interroge sur la façon dont chacun se construit dans son huis clos familial.
Publié le 21-09-2018 à 06h00
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«Une famille est une communauté d'individus qui crée entre ses membres une obligation de solidarité morale et matérielle, censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif.»
Cette définition introduit la création qui ouvre la saison de l'Atelier Théâtre Jean Vilar, à Louvain-la-Neuve, Les Poissons vert pâle. Mais ce huis clos familial, joué jusqu'au 6 octobre au théâtre de Blocry, rappelle que la réalité peut être autre.
Ricky (Valéry Bendjilali qui signe l’adaptation de cette nouvelle de Kathrine Kressmann Taylor) assiste à l’enterrement de sa mère. Lors de la réception qui s’ensuit, il croque dans un morceau de tarte aux cerises. Sa madeleine de Proust à lui.
Direction les années 50. Il y a cette mère, femme au foyer aimante, douce rêveuse et engluée dans son époque qui veut qu’elle serve son mari et qu’elle ravale ses ambitions.
Il y a ce père, homme qui se voit comme le Soleil autour duquel sa famille doit tourner. Dur envers son épouse mais aussi son fils. Mais l’homme est rongé par la crainte de devenir comme son père… Fragile, comme tout tyran.
Enfin, il y a ce fils, tiraillé entre sa mère attentionnée envers lui et son père qu’il admire tant et qu’il finira par choisir. Peut-être l’erreur de sa vie.
La pièce se déroule dans une ambiance un peu désuète, agrémentée par les sons jazzy de deux musiciens (Nicholas Yates et Antoine Marcel). La torpeur d’un été qui n’en finit pas semble étreindre les protagonistes mais des touches de fraîcheur offrent des respirations.
Bénédicte Chabot est parfaite dans ce rôle ambigu où elle tente sans cesse de protéger son petit et de ne pas froisser son époux tout en prenant sur elle. Benoît Verhaert réussit à endosser le costume du père tandis que Valéry Bendjilali s’en sort bien même s’il nous a parfois perdus dans des moments plus oniriques.
La mise en scène de Patrice Mincke est sobre tout en regorgeant de trouvailles comme cette scène qui s’écartèle laissant d’un côté le fils et de l’autre ses parents. L’image appuyant le propos.
Chacun ressortira sans doute en se posant la question de savoir comment ses propres relations familiales l’ont construit et continue à le faire. La tenaille entre désir de plaire à ses parents et volonté de suivre sa propre voie ne nous constitue-t-elle pas tous, si bien que l’histoire se répète de génération en génération?
Rés.: 0800 25 325; www.atjv.be.