Le Misanthrope n’aime pas Facebook
Célimène est sur les réseaux sociaux! L’Infini Théâtre adapte Molière dans une version «2017» inattendue. Au Vilar dès le 17/10.
Publié le 10-10-2017 à 06h00
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Le Misanthrope, l'une des plus célèbres comédies de Molière remise au goût du jour dans une version 2017, truffée de projections d'écrans, et de communications vidéofilmées sur Facebook, voilà qui a de quoi surprendre.
L’idée de transposer les salons du XVIIe siècle en un lieu peuplé de mondains du XXIe siècle, est de Dominique Serron, de l’Infini Théâtre, qui fête ses 30 ans avec cette création originale. Dans son salon rose virtuel, la coquette Célimène (Laure Voglaire), reçoit des dizaines de jeunes prétendants. Sur son iPhone, ce sont des centaines de marquis de pacotille qui se disputent les faveurs de la belle, sous les yeux désespérés d’un Alceste se refusant obstinément à jouer le jeu des réseaux sociaux. Alceste, le sincère, n’aurait jamais dû tomber amoureux de la fille la plus en vue des réseaux sociaux. Mais le cœur a ses raisons…
Ce Misanthrope est un beau défi réussi. La mise en scène révolutionnaire de Dominique Serron est à la fois dynamique et cohérente par rapport au propos. Le parti pris du metteur en scène devrait d'emblée séduire les jeunes lycéens condamnés à voir un Molière au moins une fois dans leur cursus scolaire. Tant mieux.
Les délices de la langue de Molière, qui nous ont déjà tant régalés, ne prennent cependant pas, ici, toute l’emphase souhaitée. Dans sa volonté d’adopter un parler moderne, le comédien principal Laurent Capelluto (Alceste) dont le talent n’est, par ailleurs, plus à démontrer, murmure plus qu’il ne déclame les alexandrins de Jean-Baptiste Poquelin. Parfois le dos tourné au public. Difficile dans ses conditions de rendre le texte intelligible.
Ajoutons qu’il est prévu que ce soit Patrick Brüll qui prenne son relais pour jouer Alceste sur la scène du Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, où la Compagnie jouera du 17 au 27/10. Le reste de l’équipe reste bien en place. Laure Voglaire campe une Célimène superficielle à souhait, François Langlois est parfait dans son rôle d’ami philosophe, Vincent Huertas incarne parfaitement une poignée de personnages, et Alexia Depicker se dédouble également pour être tantôt l’amie, tantôt la rivale de Célimène. Bref, que des amis… virtuels du moins.
Du 17 au 27/10, au Théâtre Jean Vilar (0800 25 325, www.atjv.be).