Brabant wallon Est : compter les vers de terre doit aider à améliorer la régénération des sols
Une vingtaine d’agriculteurs de Jodoigne, Ramillies, Hélécine et Orp-Jauche sont désormais réunis au sein d’un groupe favorable à l’agroécologie, créé à l’initiative de Frédérique Hupin. Première action: évaluer la présence du ver de terre dans les terres agricoles.
- Publié le 18-04-2023 à 16h20
- Mis à jour le 18-04-2023 à 16h21
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Compter le nombre de vers de terre pour évaluer la qualité des champs, c’est ce que réalise en ce moment Frédérique Hupin dans plusieurs propriétés d’Orp-Jauche, Ramillies, Jodoigne et Hélécine. Ce projet est financé par la Région wallonne, dans le cadre du plan de relance pour l’agriculture. La ministre Céline Tellier (Écolo) propose de travailler en "groupes d’agriculteurs en agroécologie", pour un meilleur partage des techniques.
Dans l’Est du Brabant wallon, une vingtaine d’agriculteurs ont donné leur accord pour participer à ce projet. "C’est le seul groupe qui se trouve vraiment dans une même zone géographique, explique Frédérique Hupin, d’Orp-Jauche, ingénieure agronome de formation, spécialisée dans l’agroécologie depuis dix ans. Je me suis dit que ce serait hyper intéressant de me lancer dans cette aventure et de créer un groupe local, ce qui faciliterait les échanges entre les agriculteurs, qui ainsi se voient et se parlent. Si l’un trouve une astuce, il peut la proposer aux autres. Si un autre dispose d’une machine, il peut la prêter…"
L’objectif global est de "faire émerger des pratiques qui vont vers moins de travail du sol et avoir une meilleure connaissance de celui-ci. Avec le Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité, on essaie de promouvoir la conservation, l’amélioration et la régénération des sols. On se focalise sur la diminution du travail du sol. Quand une charrue laboure tout, enlève les mauvaises herbes, cela peut être utile, mais ça casse aussi la “maison” des vers de terre. Or, il y a moyen d’utiliser des outils moins agressifs pour travailler le sol".
La méthode préconisée par Frédérique Hupin, en collaboration avec le centre provincial, est la suivante: "Dès qu’une culture est récoltée, on en sème une autre qui n’est pas destinée à être récoltée et consommée. Celle-là couvrira le sol, l’enrichira et sera propice au développement des vers de terre".
Le ver de terre, "indicateur biologique intéressant"
Mais pourquoi le ver de terre est-il si important ? "C’est un indicateur biologique intéressant, pour savoir si le sol est en bonne santé, poursuit Frédérique Hupin. Il rend beaucoup de services. Il assure la fertilité de la terre grâce aux restes des végétaux qu’il mange et grâce à ses excréments. En plus, il creuse des galeries, ce qui permet d’aérer le sol et amène de l’oxygène aux racines des cultures."
Le ver de terre contribue aussi… à la lutte contre les inondations. Une thématique importante à Orp-Jauche, dont les habitants ont été fortement touchés il y a une décennie par les intempéries et les coulées de boue. "Les galeries creusées par les vers de terre facilitent l’infiltration de l’eau dans le sol. Cette eau n’inondera donc pas les habitations mais rejoindra plutôt la nappe phréatique. Alors que les étés sont de plus en plus secs, il faut évidemment veiller à augmenter les réserves d’eau qui se trouvent dans le sous-sol…"
Combien de vers de terre à l’hectare ?
La première action a commencé. Il s’agit d’évaluer le nombre de vers de terre à l’hectare. Pour ce faire, des trous sont réalisés dans un champ, en différents endroits, afin de prélever six échantillons de terre, qui seront représentatifs de la parcelle. "On pèse les vers de terre, ce qui permet d’avoir une idée de leur nombre, et on extrapole sur un hectare. Ensuite, selon des indicateurs proposés par l’université de Rennes (France), on peut estimer que la présence est élevée, normale ou faible."
L’agriculteur doit au minimum participer à cette première collecte, ensuite Frédérique Hupin prend parfois le relais seule. "Nous avons contacté les agriculteurs susceptibles d’être intéressés et ils étaient tous partants. Par contre, ils ont répondu qu’ils n’avaient pas le temps et ont demandé de ne pas organiser trop de réunions. Et c’est bien mon idée: ne pas faire de l’agronomie dans une salle, assis, en soirée quand tout le monde est crevé…", conclut Frédérique Hupin.