Orp-Jauche: quand la lingerie féminine devient un art
La styliste Elsa Pinchart fait partie des 140 noms à l’affiche du parcours d’artistes Gette Art 2022, proposé ces 14 et 15 mai.
Publié le 10-05-2022 à 06h47
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Le huitième parcours d’artistes Gette Art, proposé dans les villages d’Orp-Jauche ces 14 et 15 mai, permettra au grand public de découvrir des talents parfois insoupçonnés. Le départ se fera au hall communal d’Orp où un plan reprenant les 40 lieux d’exposition sera disponible.
Parmi les disciplines représentées: la peinture, la sculpture, la joaillerie, la céramique, la menuiserie… mais aussi le stylisme avec Elsa Pinchart, 30ans, qui ouvrira les portes de son atelier Devine Lingerie, installé rue Dielhère, 8, à Marilles: "J’ai toujours aimé ce qui est délicat: la dentelle, les petits nœuds, la femme… La lingerie est en fait une évidence, mais j’ai pris beaucoup de temps à m’en rendre compte".
Elsa Pinchart réalise des pièces uniques, faites sur mesure, artisanales et confectionnées en Belgique. Elle n’en réalise que trois par mois, au maximum, vu le temps qu’elle y consacre. "Très peu de femmes connaissent leur taille de soutien-gorge et souvent elles ne trouvent pas ce dont elles ont besoin. Le soutien-gorge est censé nous soutenir, mais le premier geste de nombreuses femmes quand elles rentrent du boulot, c’est de le retirer car il est trop serré. C’est comme porter des chaussures trop petites tous les jours. Cela peut sembler aberrant et pourtant cela arrive souvent…"
Les clientes d’Elsa Pinchart viennent d’un peu partout: de la province du Luxembourg, de Mons, de Charleroi, de Knokke… Elles ont entre 14 et 80 ans. "Certaines viennent d’être mères ou ne le sont pas encore. D’autres ménopausées ou adolescentes. Il y a un peu de tout. Notre corps change tout le temps et nous avons droit au confort" , ajoute Elsa Pinchart.
«On peut être très féminine sans aimer le rose, les fleurs et la dentelle»
Quand une cliente potentielle se manifeste, la styliste lui propose de passer d’abord à l’atelier pour ce qu’elle appelle un rendez-vous de création: "Ainsi l’on fait connaissance, elle m’explique son quotidien, ce qu’elle recherche. Puis je crée un modèle sur elle, dans une toile en coton que je coupe. Elle choisit ensuite la matière, les couleurs et les formes. Quand le prototype est prêt, on peut adapter par la suite. Car je conserve les modèles. Moi, je conseille et je guide. Mais c’est la cliente qui prend la décision finale, selon ses goûts et son style".
Les clientes ont ainsi la possibilité de casser les codes. "Dans les magasins, la lingerie est très souvent rose et en dentelle. Sauf qu’on peut être très féminine sans aimer le rose, les fleurs et la dentelle. J’aime ces moments de partage justement avec ces femmes, c’est super-chouette. Chaque personne est une œuvre d’art. Moi, j’essaie de répondre aux attentes de mes clientes et de m’adapter à leur style. Et cela me procure beaucoup de plaisir."
Styliste aussi pour «Elsa et Elora»
Depuis cinq ans, Elsa Pinchart crée ainsi des kimonos, des pyjamas et tout type de lingerie. Par plaisir. "Si je voulais vivre seulement de ça, je devrais vendre un soutien-gorge à 1000€. Mais ce n’est pas mon objectif. Je demande un peu plus de 300€ pour ces pièces uniques. Je le fais parce que j’aime ça, même si ce n’est pas très rentable. Ces échanges me font tellement de bien. Et à côté, je travaille comme styliste pour la marque française “Elsa et Elora”, dont je partage les valeurs en matière d’écologie et d’engagement sociétal. Sa gamme va de la taille 32 à la taille 52, c’est donc très inclusif. En fait, pour moi, c’était un rêve d’être styliste et de “me trouver”. Là, j’ai déjà découvert ce que j’aime faire. La lingerie. Et je parviens à en vivre."
Le week-end prochain, la jeune styliste répondra bien évidemment aux questions de celles et ceux qui pousseront les portes de son atelier. Elle racontera volontiers son expérience et pourrait même prodiguer quelques conseils.
"Je montrerai mes créations, comme tous les artistes. Avec les dessins. Cela permet de rencontrer des gens du coin. J’ai déjà participé à ce parcours d’artistes il y a trois ans et j’avais reçu une quarantaine de visites. L’échange avec ces visiteurs était génial. J’ai adoré. Je passe pas mal de temps seule dans mon atelier généralement. Et la relation avec mes clientes est différente. Là, je parle de mon projet et les gens me posent beaucoup de questions. Ils me complimentent également, ce qui est toujours très agréable (elle rit)."