Un 5e permis éolien pour Boneffe
Le ministre Di Antonio vient d’accorder à Eneco un permis pour neuf éoliennes. Les opposants vont analyser les 167 pages du dossier.
Publié le 09-06-2018 à 06h00
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On s’y attendait, un nouveau permis a été délivré par le ministre Carlo Di Antonio qui, visiblement, tient compte des griefs émis par le Conseil d’État dans son arrêt de janvier 2018. Le Conseil d’État reprochait effectivement au ministre d’avoir accordé le permis sans avoir tenu compte ou sans avoir pu donner une justification pour s’écarter des recommandations officielles en matière d’impacts cumulatifs sur le milieu biologique et sur le paysage hesbignon avec les autres parcs éoliens installés ainsi que ceux qui sont en projet à proximité de la plaine de Boneffe. Mais aussi sans alternatives de localisation de ce grand parc éolien dans d’autres zones potentiellement moins sensibles pour l’avifaune ou encore d’aménagements des zones de compensation pour l’avifaune riche et particulière de la plaine.
Le complément à l’étude d’incidences avait pour objectif de répondre à ces trois éléments qui ont abouti à l’annulation du permis précédent. Ces nouveaux éléments ont été soumis à enquête publique en mars et avril 2018. Les riverains mais aussi les Communes et diverses instances officielles ont été consultées et ont pu rendre leurs avis. Certains d’entre eux ont maintenu l’avis (positif ou négatif) qu’ils avaient rendu lors des deux précédentes enquêtes publiques. D’autres ont par contre modifié leur avis, notamment le DNF (Département Nature et Forêts) qui a émis un avis positif conditionnel.
Le ministre a estimé que ces nouveaux éléments et les avis rendus lui convenaient et a octroyé à nouveau le permis. L’inverse aurait été singulier étant donné que, en l’absence de ces éléments, il avait marqué son accord lors des précédents projets proposés par Eneco. On se rappelle qu’en 2015, Eneco, déjà déboutée deux fois à l’époque, avait déjà tenté de rassurer les opposants et le Conseil d’État en apportant un premier complément à son étude d’incidences initiale. Sans succès puisqu’entre-temps, la société éolienne hollandaise, ou plus exactement la filiale belge de celle-ci, a été recalée à deux nouvelles reprises.
Plaine de Vie va tout analyser
Du côté de Plaine de Vie, on compte bien analyser le dossier et surtout, ne pas rendre les armes. «Si nous avions baissé les bras il y a dix ans, 17 éoliennes seraient aujourd'hui installées sur la plaine de Boneffe, dont certaines à moins de 400 mètres des habitations, aucune mesure de compensation pour l'avifaune n'aurait été prise, aucune participation citoyenne n'aurait été envisagée, aucun bridage des éoliennes pour réduire les nuisances sonores et stroboscopiques n'aurait été mis en place, aucun plan de trafic routier durant les travaux n'aurait été réfléchi en vue de réduire les impacts du charroi lourd qui va passer devant certaines habitations durant de longs mois. Ce sont tous ces éléments, un par un, que nous voulons encadrer et faire surveiller. Et il en reste beaucoup face auxquels nous n'avons pas encore de réponse satisfaisante»