Ittre : "Vous avez pris le beurre des épinards de ces détenus"
De janvier 2017 à février 2021, deux fonctionnaires ont détourné les chèques-cadeau destinés aux détenus. Le tribunal rend un jugement clément.
Publié le 07-03-2023 à 07h03
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Le pot aux roses fut découvert à l’occasion d’un contrôle fiscal effectué au sein d’une société qui fournissait et qui fournit d’ailleurs toujours des repas à l’établissement pénitentiaire d’Ittre puisqu’aucune trace de corruption éventuelle ne fut décelée à son encontre lors de l’enquête judiciaire.
Or donc, durant quatre ans, deux employés s’autorisèrent à détourner à leur profit différents chèques auxquels ils n’avaient pas droit. L’un était (car il a été remercié) en charge des frais de fonctionnement (entretien des bâtiments, frais de bureau, télécommandes, etc.), l’autre faisait partie de l’assistance technique et il s’occupait notamment des menus.
Lors de l’audience correctionnelle nivelloise du 16 janvier dernier, ils ont avoué s’être partagés fifty/fifty les chèques-repas, les bons à valoir, les chèques-cadeau, les bons de 5 € délivrés par les grands magasins tels Cora, Carrefour ou Colruyt, les petits cadeaux offerts lors de foires commerciales ou de la présentation de tel ou tel nouveau produit. Un total de 14 380 €.
"Nous avons été pris dans l’engrenage et nous sommes tombés des nues lorsque ce montant total nous a été présenté. Nous avons utilisé cet argent pour nous aider à nourrir notre famille."
Laurent Gérard, le substitut de service à cette audience, eut des mots durs à l’égard des prévenus: "Ittre est une prison moderne où se trouvent notamment des détenus à longue peine. Vous avez pris le beurre des épinards de ces détenus".
Il requit deux peines de travail de 200 heures qui, si elles n’étaient pas effectuées, seraient transformées en vingt mois de prison ferme, deux amendes de 2 000 € et confiscation des 14 380 €.
Les prévenus ont acquiescé. Marko Obradovic, un des avocats, a relativisé l’importance de l’affaire: "On a déjà vu pire".
Le tribunal a accordé la suspension simple du prononcé à chacun des deux prévenus.