Braine-l’Alleud : quand acheter devient comme une drogue
Une femme souffre d’oniomanie, un trouble lié à l’achat compulsif. Elle détourne 419 000 € de la société de son employeur. Elle rembourse à raison de… 20 € par mois. Douze mois de prison avec sursis... et obligation de rembourser ces 419 000 €.
Publié le 25-01-2023 à 06h38
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L’oniomanie, trouble lié à l’achat compulsif, se caractérise par des besoins excessifs d’achats et donc de dépenses. Il existe des variantes. L’une d’elles s’est trouvée au centre d’un dossier examiné lors de l’audience correctionnelle de Nivelles le 20 décembre dernier. Sur le banc des accusés, une femme, Annie, 63 ans, et son compagnon Jean, 65 ans (prénoms d’emprunt), de Braine-l’Alleud. Côté parties civiles, le patron d’une agence immobilière d’Ixelles et son fils, grugés de 419 000 € entre le 3 octobre 2016 et le 26 janvier 2019.
« Je joue au golf avec Pitbull »
La femme occupait un poste de direction en lien avec la comptabilité. Les parties décidèrent de se séparer en avril 2019, mais l’indemnité de départ fit difficulté. L’employeur se rendit au domicile de son employée. Le compagnon de celle-ci se montra gourmand, réclamant 150 000 € et déclara, pour bien se faire comprendre, qu’il pratiquait le golf avec un joueur surnommé "Pitbull".
La femme détournait sur son compte personnel les factures à destination de la société. Le pot aux roses fut découvert peu après son départ et presque par hasard. Un fournisseur lança un rappel pour une facture impayée. Le 17 mai 2019, l’employée reçut une mise en demeure de rembourser. Aujourd’hui, elle a effectué quelques virements de… 20 €. "À ce rythme-là, nota l’avocat des préjudiciés, mes clients toucheront leur dû dans 600 ans !"
Initialement, le parquet avait retenu la fraude informatique et l’organisation frauduleuse d’insolvabilité. À l’audience, il se ravisa, requit l’acquittement de l’homme et 12 mois avec sursis pour moitié pour la femme.
Travaux de rénovation, bijoux, vêtements de luxe…
L’argent a été utilisé pour la rénovation d’une maison (salle de bains et cuisine), l’achat de bijoux et de vêtements de luxe, des dons à la famille.
L’avocat de celle-ci plaida une peine assortie du sursis total. "Elle a tout dépensé de façon ridicule, mais elle vit depuis des mois dans un hôpital psychiatrique. Elle a déjà subi une condamnation sociale car une âme charitable a distribué un tract dans les boîtes aux lettres de son quartier…"
Le tribunal a fait droit aux réquisitions: 12 mois avec sursis et obligation de rembourser 419 000 €.