Un chien policier en classe pour éviter les morsures
Uruz, le chien médiateur de la zone de police, se rend aussi dans les classes pour apprendre aux enfants à bien se comporter face aux chiens.
Publié le 16-01-2023 à 04h50
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C’est encore peu courant en Belgique: la zone de police Nivelles-Genappe dispose depuis quelques mois d’un "chien médiateur", qui met les victimes en confiance et les aide à se détendre lors des auditions éprouvantes.
Uruz, un berger malinois de deux ans, appartient à l’inspecteur Nathalie Laermans et s’il se rend tous les jours au commissariat de Nivelles, il était vendredi matin à l’école communale de la Maillebotte.
Avec son collier rose incrusté de strass – eh oui, c’est une fille ! –, Uruz accompagnait la maître-chien pour une animation permettant de prévenir les morsures.
Quatre écoles nivelloises recevront la visite du duo, en janvier et février, pour un total de dix séances qui ne constituent sans doute que le début d’un cycle.
"Les statistiques montrent qu’il y a pas mal d’accidents avec les enfants de 6 à 8 ans et les chiens, explique la spécialiste. La raison principale, c’est la méconnaissance du comportement d’un animal. Je m’en aperçois aussi lorsque je suis en rue avec mon chien de patrouille. Les enfants s’approchent pour le caresser, parfois les parents ne réagissent pas trop et je dois leur dire que ça ne va pas, qu’on ne doit pas faire certaines choses avec un chien."
Devant la classe, Uruz assise tout près d’elle et lorgnant sur ses jouets, l’inspecteur Laermans a commencé par présenter son chien et la fonction de celui-ci dans la zone. "Aujourd’hui, elle est un peu dissipée", sourit la maître-chien en faisant le parallèle entre le jeune âge d’Uruz et celui des élèves.
Le lien est aussitôt établi, et on passe à la projection de dessins montrant certaines interactions entre des enfants et un chien. "Comme vous, les chiens n’aiment pas trop quand on les serre trop fort, ils n’aiment pas se sentir prisonniers, commente la policière. Et parfois, ils n’ont pas envie qu’on les touche. Ils ne savent pas dire non, alors ils reculent pour montrer qu’ils ne veulent pas. Donc on ne le fait pas sinon, ils risquent de mordre."
Rien ne sert de courir
S’enchaînent alors divers conseils: ne pas s’approcher lorsqu’ils mangent ou s’ils sont dans leur panier, demander au maître avant de les caresser en rue puis au chien lui-même en tendant la main pour qu’il la sente, ne pas vouloir caresser un chien qui est chez lui dans une propriété ou dans une voiture, ne pas courir quand un chien court vers soi même si on a peur.
Tout est expliqué de manière logique en tenant compte du point de vue du chien, les élèves interagissent, suggèrent ou racontent des scènes vécues.
Une fois la théorie exposée, tout le monde s’est rendu dans le réfectoire de l’école pour la pratique. Là, les petites mains se tendent, on lance la balle, on prend la laisse. et on se fait parfois rappeler à l’ordre.
Malgré l’excitation du moment, il s’agit de se rappeler les grands principes. Pour mieux faire passer le message encore, ceux-ci sont consignés dans une petite brochure à distribuer en classe en souvenir du passage d’Uruz.
« Les enfants sont très réceptifs »

En début de séance, la maître-chien de la zone de police a demandé aux enfants des classes participantes qui a un chien à la maison – pratiquement la moitié de la classe vendredi matin à la Maillebotte ! –, et qui, en revanche, a plutôt peur des chiens.
Parmi ceux qui ont levé le doigt en réponse à cette deuxième question, on trouvait Tim, 6 ans. Au terme de la séance en classe puis des jeux avec Uruz dans le réfectoire, il a osé tendre la main et caresser le chien sur le dos. "Maintenant, j’ai un peu moins peur, avouait-il. J’ai appris certaines choses, comme de faire la carotte si un chien court vers nous. Donc de ne pas courir, de ne pas bouger."
Un peu plus loin, Laïa avouait elle aussi avoir désormais "un peu moins peur". Il faut dire que la fillette a été mordue récemment par un chien qu’elle ne connaissait pas. "Oui, j’ai retenu des choses: on ne doit pas déranger les chiens dans leur panier, et ne pas caresser leur tête si on ne les connaît pas."
Pour "Monsieur Frantz", l’instituteur d’une des deux classes de 1re primaire, ce type d’animations avec les enfants est très intéressant.
"D’abord parce qu’on sort du cadre strict des cours qui sont donnés à l’école pour s’ouvrir à autres choses, c’est toujours bien, confirme Frantz Boddaert. Ensuite parce que c’est très concret pour les enfants, bien plus que si on parlait simplement des chiens en classe. Ce matin, ils en ont un devant eux et ils comprennent concrètement comment se comporter. Je trouve que le message est clair et qu’il passe bien. Les élèves sont très réceptifs."