Maisons de repos: des inspections pas vraiment inopinées
Les inspections, parfois attendues, se sont multipliées dans les maisons de repos gérées par Orpea. Cela concerne dix établissements en Brabant wallon. L’un d’eux a écopé d’un avertissement.
Publié le 26-11-2022 à 06h00
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Les parlementaires commencent à s’impatienter. Ils aimeraient disposer du rapport sur les inspections qui ont été menées dans les maisons de repos du Groupe Orpea, suite à la sortie du livre Les Fossoyeurs qui dénonce la maltraitance des résidents des maisons de repos Orpea en France.
La ministre wallonne de la Santé est donc revenue sur les inspections qui ont immédiatement suivi la publication de ce livre, pour savoir ce qu’il en était en Wallonie.
En Brabant wallon, Orpea gère dix maisons de repos: Closière Cornet à Villers-la-Ville ; Jean de Nivelles, Mont-Saint-Roch, et Thines à Nivelles ; Top Senior à Tubize ; Argenteuil, Bonaparte, et Château Chenois à Waterloo ; Grange des Champs à Braine-l’Alleud ; et Belle-Alliance à Lasne.
"On a organisé des inspections inopinées dans chaque maison de repos qui relevait du Groupe Orpea en Wallonie, rapporte Christie Morreale (PS). Cependant, j’ai eu des retours du terrain me disant: “Attention, tout le monde se doute qu’il va y avoir des inspections”. Les inspections ne se sont pas déroulées de manière aussi inopinée que nous voulions. C’est pourquoi de nouvelles inspections ont eu lieu, trois semaines après les premières inspections, dans chaque maison de repos, de manière inopinée."
Des résultats qui se font attendre
C’est le résultat de ces inspections que les députés aimeraient voir atterrir sur leurs bureaux. Mais l’AViQ (Agence wallonne pour une vie de qualité) doit encore anonymiser ce rapport, qui devrait être communiqué aux députés avant la fin de l’année.
La ministre Morreale a toutefois livré, aux députés Germain Mugemangango (PTB), Véronique Durenne (MR), Sabine Roberty (PS), André Antoine (LE) qui l’interrogeaient jeudi au parlement, quelques enseignements des inspections menées il y a neuf mois. "Après ces inspections, aucune situation alarmante qui aurait justifié une fermeture d’urgence ou la transmission d’un dossier au parquet n’a été relevée. Dans un deuxième temps, un plan d’action a été élaboré afin de rendre compte de manière plus approfondie du fonctionnement des établissements de ce groupe. Trois visites inopinées ont été programmées au sein de chacun de ces mêmes établissements."
Une maison de repos lasnoise avertie
Un établissement a toutefois écopé d’un avertissement: "La Belle-Alliance, à Lasne, a fait l’objet d’un avertissement, a révélé la ministre Morreale, sans détailler les reproches formulés. Un plan d’action est dès lors suivi, comme pour les autres établissements, puisque chaque point de non-conformité fait l’objet d’un suivi".
Des équipes qui se plaignent d’un manque de personnel
Ce qui ne veut pas dire que tout était parfait lors des inspections. Christie Morreale a relevé certains manquements: "Malgré le fait que les normes minimales en termes de personnel sont respectées, le personnel pointe le fait que les équipes ne sont pas suffisamment étoffées. Le personnel doit trop souvent se limiter aux actes de soins essentiels".
"Le secteur entier attend une révision des normes, répond la directrice de la communication d’Orpea Belgique, Marijke Verboven. Les équipes ont effectivement été déforcées suite à un absentéisme et les remplacements sont effectués dans la mesure du possible. Il est évident que cela déstabilise les équipes."
Autre reproche formulé à Orpea: il ressort des inspections que "la traçabilité des médicaments est insuffisante pour cinq établissements sur quinze et que la permanence du personnel infirmier n’est pas toujours assurée dans deux établissements sur 15", note la ministre.
"La traçabilité fait l’objet d’un indicateur analysé mensuellement pour toutes les structures et quotidiennement avec un plan d’action pour les structures n’atteignant un taux de traçabilité optimal", rassure Marijke Verboven.
Un expert nutrition suite à des plaintes des résidents
"À la suite de plaintes de résidents lors des visites d’inspection, trois établissements font l’objet d’une analyse approfondie par un expert nutrition, à la fois sur les aspects qualitatif et quantitatif", poursuit la ministre.
Orpea affirme "investir dans la nutrition avec l’engagement récent d’une Nutrition Manager qui met en place des plans d’action concrets avec les équipes".
« Ce que dit la ministre est faux »
Le point suivant soulevé par la ministre engendre une réaction plus vive d’Orpea. Christie Morreale avance que "concernant le matériel d’incontinence, les professionnels rencontrés mettent en évidence une absence d’analyse des besoins des résidents et une absence d’individualisation du matériel utilisé".
"C’est faux, réplique Marijke Verboven. Il a été expliqué et prouvé à l’AViQ lors de notre rencontre du 26 octobre 2022 que la mercuriale de matériel d’incontinence Orpea propose une gamme qui couvre tous les types d’incontinence tant en absorption qu’en taille".
Enfin, "tous les établissements doivent revoir leur projet de vie, note la ministre Morreale. Aucun ne dispose de plans d’action permettant une vision à moyen et long terme des objectifs poursuivis pour assurer une qualité de soins optimale aux résidents".
"Une rencontre a eu lieu avec la responsable du groupe Orpea pour mettre en évidence les points à améliorer au sein des différentes structures", a conclu Christie Morreale.
Il y a eu des corrections, insiste Orpea
Orpea insiste sur sa bonne collaboration et s’étonne que celle-ci n’ait pas été mentionnée lors des discussions au parlement wallon: "Tous ces éléments remontent aux inspections effectuées en février et mars 2022. Nous nous étonnons que ces éléments déjà travaillés avec le terrain, en amont de notre réunion du 26 octobre 2022, ressortent aujourd’hui sans avoir été à nouveau inspectés. Nous tenons à préciser que la rencontre avec l’AViQ a été initiée par le Groupe Orpea afin d’avoir un espace d’échange sur les points cités".