Le mirage des rendements mirobolants
Escroquerie (5 millions), faux et usage de faux. L’enquête démarre en août 2008. 186 préjudiciés. Que peuvent-ils espérer? La prescription est là.
Publié le 22-01-2022 à 07h12
Ce dossier, ouvert le 19 octobre 2021, est revenu sur le tapis ce mardi en correctionnelle où les débats ont uniquement porté sur cette prescription. Elle permettrait aux quatre prévenus de n’être pas condamnés à de lourdes peines de prison ou à une peine symbolique telle la simple déclaration de culpabilité, mais les préjudiciés ne se priveraient pas de se retourner contre eux au civil dans l’espoir de retrouver tout ou partie des montants investis dans des actions ou titres très rémunérateurs.
Paul Stiévenart, 47 ans, qui vit au Grand-Duché de Luxembourg, et Didier Vital, 61 ans, de Woluwe-Saint-Lambert, sont considérés par le parquet comme les dirigeants d’une organisation criminelle dont les membres sont Georges Boudalikas, 65 ans, de Grez-Doiceau, et David Mathy, 42 ans, de Nivelles.
On leur reproche d’avoir mis en place un système d’escroquerie organisée via des placements financiers foireux, des diffusions d’informations trompeuses ayant fait miroiter un investissement juteux à capital garanti ainsi que des rendements mensuels de 3 % susceptibles d’atteindre 42 % en cas de capitalisation des intérêts.
L’arnaque remonte à juillet 2008 mais, comme bien souvent dans semblable dossier, l’instruction s’avéra longue et difficile avec, entre autres, des commissions rogatoires en Allemagne, en Suisse et au Luxembourg.
En octobre dernier, la substitute du procureur du roi Shelley Henrotte avait considéré que la prescription interviendrait le 30 avril 2022 et les parties à la cause avaient été invitées à faire connaître leur point de vue à ce propos pour l’audience de ce mardi.
Les avocats des parties civiles ne sont pas d’accord entre eux pour déterminer une date de prescription puisque quatre dates ont été avancées.
L'avocat Thierry Bayet a résumé ainsi la position des prévenus: "De manière pragmatique, ce dossier sera bien entendu prescrit dans le courant de cette année, surtout s'il y a appel de l'une ou l'autre partie".
Le tribunal rendra le 15 février son jugement quant à cette prescription. Il a retenu les dates des 20 et 21 septembre 2022 pour les plaidoiries quant au fond du dossier.
Un préjudicié a pris la parole pour clamer son désarroi: "Les quatre prévenus sont tous pourris. Ils marchaient tous à la commission. Tous les produits proposés n'étaient que de l'arnaque. J'ai perdu ma maison familiale".
Dossiers